Bienvenue chez les Ch’tis
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Le carton local de «Bienvenue chez les Ch’tis», dans les cinés et commerces du Nord
Enquête : A qui profite le jackpot de «Bienvenue chez les Ch'tis»?
DR ¦ Kad Merad et Dany Boon dans "Bienvenue chez les Ch'tis" L’aventure de «Bienvenue chez les Ch’tis», une affaire qui mousse.«C’est tout bénef’, ça fait du bien», s’est enthousiasmé Adriano Aversente, directeur d’un cinéma avec deux écrans à Avesnes-sur-Helpe, une ville du Nord de 5.000 habitants. Dans sa salle, les Ch’tis, toujours à l’affiche, ont déjà fait 9.024 entrées. «Ça fait + 60% de fréquentation par rapport à l’année dernière et ça fait venir dans mon ciné des gens qui n’y avaient jamais mis les pieds.» De quoi «rénover un peu la salle» et éponger les pertes de l’année 2007, mauvais cru pour les cinémas. «Quand il y a davantage d’essence dans le moteur, on va plus loin», dit Michel Vermoesen, président de la chambre syndicale des exploitants du Nord-Pas-de-Calais et exploitant de salles, qui se félicite que le cinéma, via les Ch’tis, «soit redevenu le premier sujet de discussion des Français. On ne pouvait pas rêver meilleure pub pour le ciné!» Sur place, la manne touristique Les bistrots et restos de Bergues, la ville du film, ne désemplissent pas depuis la sortie de la comédie de Dany Boon. «Des Belges, des Anglais, quelques Parisiens...», énumère la gérante du Lamartine, sur la grand place du bourg de 4.500 âmes. Même son de cloche au Lisvago, une pizzeria à deux pas. «C'est sympa pour le business, avoue Valérie, la gérante. D'autant qu'on a connu une baisse de la fréquentation durant le tournage.» Si les touristes mangent et boivent, ils rejouent le film aussi. Grâce au «Ch'ti tour» mis sur pieds par l'office du tourisme. «Quatre fois par semaine, des bénévoles jouent les guides», assure Adeline qui a compté près d'un millier de visiteurs. Leur coin préféré? Le canal où Dany Boon et Kad Merad évacuent leur trop-plein d'alcool. Le canal de Bergues n’est pas le seul symbole ch’ti qui bénéficie des retombées du long-métrage. Le syndicat des producteurs de Maroilles assure que les ventes de fromage ont augmenté de 7 à 10% depuis la sortie du film. Pour la brasserie Castelain, dont les bières Ch’ti sont exposées sur grand écran, c’est carrément + 30% par rapport à 2006. Mais la palme revient aux produits estampillés «Ch’ti» qui ont crû de 239% entre mars 2007 et mars 2008. DR ¦ Kad Merad et Dany Boon dans "Bienvenue chez les Ch'tis"
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A qui profite le jackpot de «Bienvenue chez les Ch’tis»?Philippe Huguen AFP/Archives ¦ Le réalisateur et comédien Dany Boon donne une conférence de presse, le 31 mars 2008 à Lille - A Dany Boon Outre son salaire fixe de 900.000 euros, ses contrats d'acteur et d'auteur-réalisateur prévoient des clauses d’intéressements et de participation sur les entrées, les sonneries de téléphone, la vidéo à la demande, les DVD, les produits dérivés et sur la vente d’un remake. Mais le jackpot est peut-être ailleurs: «lorsque le film aura atteint 2 millions d'entrées en France, le producteur versera à l'auteur une somme de 0,30 euro par entrée supplémentaire, et ce sans limitation de somme ni de durée», détaille le contrat de Dany Boon. Avec déjà plus de 17 millions d'entrées, cela fait donc environ 4,5 millions d'euros de bonus dans la poche. - Aux autres acteurs On ignore les détails de chaque contrat. Selon «Le Point», l'acteur principal Kad Merad aurait un fixe de 144.000 euros ainsi qu’un intéressement de 45.000 euros au bout d'1,5 million d'entrées (déjà acquis), puis 0,135 centime par entrée jusqu'à 4 millions de spectateurs. Il arrive que certains contrats soient renégociés a posteriori lorsque le succès du film est époustouflant. Les acteurs auront de toute façon un bon retour sur investissement car avoir joué dans un film de cette côte fait monter leurs cachets pour les prochains films. - A la région Les bistrots et restos de Bergues, la ville du film, ne désemplissent plus. Il y a même un «Ch'ti tour» mis sur pied par l'office du tourisme. Le syndicat des producteurs de Maroilles assure que les ventes de fromage ont augmenté de 7 à 10% depuis le film et celles des bières Castelain de 30% par rapport à 2006. Mais la palme revient aux produits estampillés “Ch’ti” qui ont crû de 239% entre mars 2007 et mars 2008. - A la production Tous ceux qui ont financé le film s’y retrouvent. Notamment TF1 et Pathé (producteur et distributeur) mais aussi le Centre régional de ressources audiovisuelles du Nord-Pas-de-Calais (Crrav) qui a investi 300.000 euros — et déjà récupéré 1,2 million d’euros. «On n’avait jamais imaginé ça, confie la directrice Marie-France Berthet. L’an dernier, nous n’avions récupéré que 100.000 euros sur l’ensemble des films soutenus». Du coup, selon ses prévisions, le Crrav devrait devenir le 2e fonds de soutien au cinéma en France après celui d’Ile-de-France. - Aux salles de ciné Selon le Centre National de la Cinématographie, la fréquentation des salles a enregistré, en mars 2008, 49,1% d’augmentation par rapport à mars 2007. Carton local mais pas que. Les salles du reste du pays n'ont pas échappé à la ferveur chtimi. «D’habitude, on fait environ 1.000 entrées par copie en une semaine, explique-t-on au Mélies, un cinéma de Montreuil en banlieue de Paris. Avec “Les Ch’tis”, on a fait 2.500 entrées», explique le directeur Stéphane Goudet qui a dû refuser du monde. Sachant que le Méliès récupère environ 2 euros sur chaque billet vendu, il a décidé de remettre le film à l’affiche. Autres avantages pour les salles: «Bienvenue chez les Ch’tis» dure 1h42. Ce qui permet de cumuler les séances plus facilement qu’un film de 3 h comme «Titanic». En outre, ce genre de film très familial draine les non habitués. «On fait beaucoup de plein tarif», ajoute Stéphane Goudet. Les losers Et oui, l’aventure «Ch’tis» ne profite pas à tout le monde. Les autres films sortis ces dernières semaines souffrent du manque de place sur les écrans. «Tant que la demande est forte, les Ch’tis resteront à l’affiche», explique Michel Vermoesen, exploitant de salles et président de la chambre syndicale des exploitants du Nord-Pas-de-Calais. Du coup, il y a embouteillage, surtout lorsque les salles n’ont qu’un écran. Le seul à qui les Ch’tis risquent de coûter des sous, c’est le PSG qui, à cause de la banderole «Pédophiles, consanguins...», va peut-être devoir payer une amende. Philippe Huguen AFP/Archives ¦ Le réalisateur et comédien Dany Boon donne une conférence de presse, le 31 mars 2008 à Lille
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Entre «Borat» et «Les Bronzés», le succès des Ch’tisDR ¦ Kad Merad et Dany Boon dans "Bienvenue chez les Ch'tis" Pourquoi ça marche? Explications. - Un néo-Bourvil «Bienvenue chez les Ch’tis, c’est l’anti JT de TF1», analyse le sociologue Jean Viard sur l’antenne de France Inter. «Il y de la nostalgie, de l’amitié, de l’amour mais pas de sexe…» Bref, il flotte dans ce film un air de nostalgie, de bon vieux temps, accentué par la ressemblance entre Dany Boon et Bourvil, l’acteur du «Corniaud» pas follement beau mais terriblement drôle. - L’efficacité du bouche-à-oreille A défaut de se payer une campagne de pub colossale, l’équipe de Dany Boon a sorti le film en primeur, une semaine avant sa sortie nationale, dans trois départements (Nord, Pas-de-Calais et Somme), la région des Ch’tis. Résultat: là-bas, en cinq jours seulement, 454.240 spectateurs sont allés voir «Bienvenue chez les Ch’tis» en salles, générant un bouche-à-oreille populaire qui a porté le film jusqu’à sa sortie nationale. - Des blagues façon «Les Bronzés» Si l'histoire tient sur une demi-feuille A4 (un employé de La Poste, Kad Merad, est muté de sa Provence tapenadée à une pluvieuse ville du Nord, où l’on parle une langue incompréhensible, le «chtimi»), les gags, eux, sont tordants: la tête du «sudiste», saucissonné dans son anorak, quand ses collègues «nordistes» l’emmènent déjeuner à la baraque à frites; la flopée de malentendus dûs à la langue locale; une tournée légendaire de Kad Merad et Dany Boon, juchés sur leurs vélos de facteurs, bourrés. Et surtout, le retour de la blague culte des «Bronzés font du ski»: la dégustation de la spécialité du coin. Rappelez-vous Michel Blanc s’asphyxiant après voir ingurgité une tartine de pâté immonde. Dans «Bienvenue chez les Ch’tis», c’est la même recette: les tartines de maroilles — fromage odorant — à tremper dans le café au petit déj'. Inénarrable.
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Culture
07/04/2008 - 15:28 Bienvenue aux "Ch'tis" devant "La Grande Vadrouille"On l'annonçait depuis longtemps, voilà, c'est fait ! "Bienvenue chez les Ch'tis" détrône "La Grande Vadrouille" au box office des films français les plus vus ! les traces de Knut...
- Un thème à la «Borat» DR ¦ Kad Merad et Dany Boon dans "Bienvenue chez les Ch'tis"
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