Burqa : le rapport scandale sur le port du voile intégral
Querelle autour des chiffres sur le port du voile intégral
Par Pascal Ceaux, publié le 30/07/2009 17:44 - mis à jour le 30/07/2009 17:52
Le ministère de l'Intérieur conteste l'exhaustivité du chiffre de 367 femmes portant la burqa en France, recensé dans une note de ses services.
Est-il possible de mesurer aujourd'hui le nombre de femmes portant en France le voile intégralconnu sous le nom de burqa? Dans son édition datée du 30 juillet, le quotidien Le Monde fait état de deux notes émanant des services de renseignement du ministère de l'Intérieur, consacrée à ce phénomène liée aux formes les plus radicales de l'islam. L'une d'entre elles rédigée par la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) cite même un chiffre a priori rassurant. A ce jour, seules 367 femmes sur le territoire national s'affublent de ces vêtements qui masquent la totalité du corps et du visage. La note rédigée au début du mois de juillet précise pour l'anecdote que la plus jeune des porteuses de la burqa est âgée de 5 ans. La plupart d'entre elles ont moins de 30 ans et habitent dans les grandes agglomérations.
Le ministère de l'Intérieur ne conteste pas la réalité du document cité par Le Monde. Mais il s'insurge contre l'interprétation qui est donnée du chiffre de 367 porteuses du voile intégral. "Il n'est évidemment pas possible d'effectuer un compte aussi précis, explique un haut responsable policier. Le chiffre de 367 correspond au nombre de cas directement constatés par nos services. Il ne prétend en aucune manière être exhaustif".
Cette polémique autour du port du voile intégral en France est particulièrement sensible à l'heure où le député communiste de Vénissieux (Rhône) André Gérin a réclamé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le sujet. Au moins 58 membres de l'Assemblée nationale se sont ralliés à son initiative en provenance de toutes les sensibilités politiques: 43 députés de l'UMP et 7 du PS, notamment.
Pour la DCRI, l'un des objectifs de son travail est d'aider à "la meilleure information possible" des parlementaires. Le service de renseignement, en charge du suivi de l'islam radical et de la menace terroriste qui lui est liée, a d'ailleurs lancé une nouvelle étude sur le même thème qu'il qualifie de "plus approfondie".
La burqa dans l'Islam
Par Christian Makarian, publié le 19/06/2009 15:16 - mis à jour le 19/06/2009 17:00
La polémique sur le port de burqa enfle entre les partisans et les opposants à son interdiction. Mais que dit réellement l'Islam sur la burqa ? Réponse avec un extrait du livre "Le Choc Jésus Mahomet"*de Christian Makarian, directeur adjoint de Lexpress.
"A partir de cet an 5 de l'Hégire (627 ap. J.-C.) où Mahomet épousa Zaynab, surgissent des révélations de plus en plus défavorables aux femmes. Celle-ci, par exemple, datée de cette même année : " Quand vous demandez quelque objet aux épouses du Prophète, faites-le derrière un voile [hijab] " (33, 53, traduction de Denise Masson). Ici, la langue française occulte une subtilité de la langue arabe. Le mot hijab ne se traduit pas précisément par " voile " mais plutôt par " tenture ". Selon Leïla Babès, professeur de sociologie des religions et auteur d'une précieuse étude (Le voile démystifié), " le hijab est très exactement une séparation, une tenture, séparant la vie privée du Prophète de sa vie publique, il s'agit bien de tenture et non de voile ". Ce verset n'a pas à proprement parler de portée religieuse. Il a vraisemblablement pour but une disposition d'ordre pratique, destinée à protéger les épouses du Prophète des regards indiscrets ou médisants.
D'après les exégètes modernes de l'islam, ces deux lignes, malheureusement appelées à jouer un rôle capital dans l'histoire de la femme musulmane, sont dues au conseil appuyé d'Omar, le futur deuxième calife, très connu pour sa dureté envers les femmes. D'après un hadith attribué à Aïcha, Omar aurait même recommandé au Prophète d'exiger que ses femmes sortent intégralement voilées pour se rendre nuitamment aux lieux d'aisances. Ce que Mahomet aurait refusé. D'un point de vue majoritaire chez les islamologues, on considère que Mahomet était doux avec les femmes et qu'il était soumis à la forte pression d'Omar, incarnation du rustre bédouin soucieux de maintenir coûte que coûte la domination absolue des hommes. Néanmoins, au fil des siècles, l'interprétation la plus courante de ce verset consistera à étendre à toutes les femmes le port non pas l'usage de la " tenture " mais le port du voile. C'est cette interprétation, devenue une mauvaise tradition, que combattent aujourd'hui les intellectuelles progressistes, telles que Leïla Babès, qui s'insurge : " L'usage de ce concept comme voile de la femme, et de surcroît appliqué à l'ensemble des musulmanes alors qu'il est réservé aux épouses du Prophète, est un abus et un détournement de sens. " De fait, le Coran semble réserver aux femmes de Mahomet un statut particulier, plus exigeant que pour les autres, comme le montre ce passage : " ô vous, les femmes du Prophète ! Vous n'êtes comparables à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne vous rabaissez pas dans vos propos afin que celui dont le coeur est malade ne vous convoite pas. Usez d'un langage convenable. Restez dans vos maisons, ne vous montrez pas dans vos atours comme le faisaient les femmes au temps de l'ignorance. Acquittez-vous de la prière ; faites l'aumône ; obéissez à Dieu et à son Prophète, ô vous les gens de la Maison ! Dieu veut seulement éloigner de vous la. souillure et vous purifier totalement " 33, 32-33, D.M.).
(...)
Pour défendre tant d'épouses des regards extérieurs, il faut prévoir une " protection ". Le Prophète reçoit pour cela de nouvelles Révélations. " ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c'est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées " (33, 59, D.M.). Cette fois, la règle s'étend à toute la société. Le mot employé n'est plus hijab, mais jilbab (qui se traduit exactement par " voile ") ou plus précisément son pluriel jalabihinna, " voiles ". De l'usage de ce pluriel, Leïla Babès déduit que, là encore, le message divin se signale par son caractère circonstanciel et non étemel. " Si le jilbab était une prescription intemporelle et absolue, qu'est-ce qui aurait empêché Dieu de dire : "Prophète, dis aux croyantes de revêtir UN jilbab, et de décrire très exactement la longueur du vêtement, la couleur, les parties du corps à cacher, etc." " La différence avec le verset précédent, qui parle du hijab, c'est qu'il ne vise pas seulement les épouses; cette fois toutes les femmes des croyants sont concernées. Mais pour Leïla Babès, " l'usage de ce féminin pluriel indique bien qu'il ne s'agit pas d'une prescription faite aux musulmanes de porter le jilbab, mai seulement d'un ordre donné au prophète : qu'il demande à ses épouses et aux femmes des croyants d'utiliser leurs jilbabs pour se protéger des hommes qui les importunaient ». La nuance est subtile mais elle existe. Reste que le Coran est particulièrement insistant: "Dis aux croyantes : de baisser leurs regards, d'être chastes, de ne montrer que l'extérieur de leurs atours, de rabattre leurs voiles sur leurs poitrines, de ne montrer leurs atours qu'à leurs époux, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs soeurs, ou à leurs servantes ou à leurs esclaves, ou à leurs serviteurs mâles incapables d'actes sexuels, ou aux garçons impubères" (24, 31, DM). "