COLONISATION ou la DEFINITION qui fait POLEMI QUE

COLONISATION  ou la DEFINITION qui fait POLEMI QUE

dictionnaire ROBERT /COLONISATION 


Algérie - France :

          « Le Petit Robert Â», relance la polémique sur la colonisation


 

La France relance, peut-être sans le vouloir, la grande polémique sur son passé colonial en Afrique du Nord.

 

Moins d'une année après la suppression de la loi scélérate du 23 février 2005, le dictionnaire le « Petit Robert Â» remue le couteau dans la plaie en donnant des définitions scandaleuses des mots « colonisation et coloniser Â».

Dans l'édition 2007, le « Petit Robert Â» reprend explicitement la quintessence de la loi controversée en glorifiant sémantiquement la colonisation française. Ainsi, la colonisation ne serait, selon le « Petit Robert Â», que « mise en valeur, exploitation de pays devenus colonies Â», alors que « coloniser Â» est défini ainsi : « coloniser un pays pour le mettre en valeur, en exploiter les richesses ! Â»

De telles définitions, on ne peut plus glorificatrices de la longue nuit coloniale comme elle a été si bien décrite par les historiens, ne pouvaient évidemment pas passer inaperçues pour les « anciens colonisés Â» pour qui le « Petit Robert Â» est un instrument de travail dans les écoles et les universités. Les concepteurs de ce dictionnaire ne pouvaient évidemment ignorer tout le mal qu'avait causé la loi du 23 février pour les relations entre l'Algérie et la France qui restent à ce jour mitigées.

Le fait est qu'il a fallu l'intervention personnelle du président Chirac pour que cette loi, qui était tombée comme un cheveu dans la soupe, soit abrogée en février 2006.

Alors que les deux côtés n'ont pas encore recollé les morceaux, le « Petit Robert Â» vient raviver la polémique et aiguiser un peu plus les rancunes et les rancÅ“urs. Et c'est tout naturellement que deux associations ont énergiquement réagi, hier, en dénonçant les passages incriminés de l'édition 2007 du 'Petit Robert'.

Pour le MRAP et le CRAN, deux associations issues des anciennes colonies françaises, il faut impérativement retirer l'édition 2007 du Robert, considérant qu'elle reprend ce qui a été énoncé dans la loi du 23 février. Le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) ont appelé au retrait de ce dictionnaire et à « la mise en place d'un groupe d'étude Â» pour proposer une nouvelle définition des termes en question.

Le Cran estime que les définitions données par le dictionnaire « cautionnent et justifient la colonisation Â» rappelant dans un communiqué rendu public hier que « les idéaux républicains sont en tous points éloignés de ceux de la colonisation Â». Pour sa part, le MRAP a dénoncé une « nouvelle tentative de réhabilitation et de glorification du colonialisme Â», et accusé le 'Petit Robert' de « reprendre à son compte l'esprit de la loi du 23 février 2005 qui reconnaissait à la colonisation française un « rôle positif Â».

Et il faut s'attendre à des réactions plus musclées, surtout que les relations algéro-françaises sont loin d'être au beau fixe. Le fait est que le traité d'amitié a été renvoyé aux calendes grecques à cause, entre autres, des dommages causés par cette loi que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a dénoncée à plusieurs reprises, y compris dans son message du 20 août dernier.

Il est à se demander à qui profite cette nouvelle provocation qui intervient à la veille d'une élection présidentielle en France dans laquelle tous les coups semblent permis pour draguer l'électorat de l'extrême droite, une campagne où l'immigration s'annonce comme un thème majeur.

Amine Makri — LA voix de L'Oranie

 

Il serait bon de parler de Mr  ROBERT enfant de l'ALGERIE puisqu'il est né à EL ASNAM (anciennement Orléansville ).

la vie et l'Å’uvrede Paul Robert

dernier d'une famille implantée en Algérie depuis 1849,  Paul Robert voit le jour à Orléansville le 19 octobre 1910. Joseph, son père, possède des plantations d'agrumes et assume quelques charges électives

les années de jeunesse...

Après son baccalauréat, et un bref séjour à l'Institut agricole de Maison-Carrée (1929), il s'oriente vers des études de droit et d'économie. Il devient rédacteur en chef de Alger-Étudiants puis, l'année suivante, secrétaire général et président de l'Assemblée des étudiants d'Algérie.
Paul Robert lui-même explique que l'idée de son dictionnaire analogique lui est venu dès cette époque; ayant le goût des choses bien faites et soucieux de s'exprimer en termes simples et précis, il regrettait les limites du classement alphabétique des dictionnaires :

"…Les dictionnaires, toujours placés à portée de ma main, […] m'étaient, trop souvent, d'un piètre recours. Ils m'aidaient bien à lever quelques hésitations sur l'emploi correct d'un mot ou d'une locution, mais quant à fournir le terme précis qui échappait à ma mémoire ou à ma connaissance, il ne fallait guère y compter, quelle que fût ma patience à le découvrir."

Paul Robert réalise en 1933 la Maison des étudiants d'Alger, avec 5 étages, des bibliothèques, un restaurant universitaire, des salles de travail.
Il s'installe ensuite à Paris où il passe ses diplômes, droit public, économie politique et droit romain, mais renonçant au barreau pour l'enseignement, prépare l'agrégation de droit et un doctorat.

Afin de se doter d'un lexique personnel pour l'aider dans ses études, il s'essaie alors à rassembler selon quelques thèmes, sur des cahiers écrits à la main, des mots extraits du grand dictionnaire de Paul-Émile Littré.

"L'idée de mon futur dictionnaire commençait à cheminer en moi, à mon insu, dès ce moment, je compulsais fréquemment le vieux Littré et les six volumes du Larousse du XXe siècle, mais je n'y trouvais généralement pas ce que j'y cherchais, c'est-à-dire les associations des mots les uns avec les autres... C'est de cette époque que datent mes premiers essais de classement des mots par association d'idées, autour de quelques thèmes."

 

 

les années d'incertitude...

 

Lors de son service militaire, de 1936 à 1939, Paul Robert est affecté au Ministère de la Guerre, Service du Chiffre, où il est chargé de concevoir et de rédiger un manuel de cryptographie, auquel il donnera la structure d'un… dictionnaire!

Libéré de ses obligations militaires, Paul Robert quitte Paris pour Alger, où il achève sa thèse d'économie politique, "les agrumes dans le monde". L'effort de guerre le mobilise à nouveau, toujours au décryptage puis à la Direction Générale des Études et Recherches (D.G.E.R.) à Paris.
Paul Robert est démobilisé le 15 janvier 1945. Il soutient alors sa thèse qui lui vaudra, lors de sa publication en 1947, la médaille d'or de l'Académie d'Agriculture de France.

Pourtant, malgré ses réussites universitaires, Paul Robert ne parvient pas à trouver sa voie. Dans cette période d'incertitude, il prend la gérance d'une petite librairie familiale du Quartier Latin et décide de perfectionner son anglais :

"Je n'en mesure que mieux l'insuffisance de mon vocabulaire quand il s'agit non de parler, mais de lire. Je suis sans cesse plongé dans la consultation des dictionnaires. J'y recherche surtout les nuances entre synonymes afin de mieux distinguer leurs équivalents français."

Il reprend ses cahiers de jeunesse dans lesquels il avait tenté divers classements par associations d'idées et, davantage pour s'occuper l'esprit que par utilité, entame une patiente réflexion sur un dictionnaire idéal, qui serait à la fois analogique et alphabétique.

GÉNOCIDE EN ARMÉNIE ET MASSACRE DU 17 OCTOBRE 1961
Deux religions, deux mesures
19 octobre 2006 - Page : 10

«La France ferait mieux de s’attarder sur son passé de colonialiste»

«L’Histoire me justifiera, en particulier, parce que je l’écrirai moi-même.» Célèbre boutade de Churchill

Initiée par le groupe socialiste, la proposition de loi «tendant à réprimer la contestation de l’existence du génocide arménien», repoussée le 18 mai dernier, a finalement été adoptée à une très large majorité des...129 (sur 577) députés présents. Soit 106 pour, face à 19 contre. S’étaient ainsi retrouvés des parlementaires de tout bord pour adopter l’ensemble du texte: sur les 106 députés pour, on comptait 49 UMP et 40 socialistes. La France se retrouve aujourd’hui au ban des nations. Le président de la République, le Premier ministre, le président de l’UDF ont condamné cette initiative des députés sur le génocide arménien, c’est également le commissaire européen à l’élargissement, Olli Rehn, qui s’est ému que les parlementaires français puissent empêcher par cette loi «le dialogue et le débat nécessaires pour la réconciliation sur ce sujet». La Convention européenne des droits de l’homme a jugé cette loi comme faisant «d’énormes dégâts aux relations UE-Turquie et, au passage, aux relations turques avec l’Arménie».
Pour rappel, dix-neuf personnalités, (notamment Alain Decaux, Marc Ferro, Jacques Julliard, Pierre Nora, Pierre Vidal-Naquet, Michel Winock) avaient demandé publiquement, le 13 décembre 2005, dans l’appel paru dans Libération, l’abrogation des lois Gayssot qui punit ceux qui remettent en cause la Shoah, Taubira sur l’esclavage et la loi de 2001 reconnaissant le génocide arménien: «Toutes ces lois ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Ces lois sont indignes d’un régime démocratique».
Aucun mouvement d’opinion, ni en France, ni en Europe, ni en Arménie, ne s’est jamais fait entendre avec insistance pour réclamer pareille disposition. Et on ne comprend pas bien le président du groupe socialiste au Palais Bourbon, Jean-Marc Ayrault, lorsqu’il affirme «faire oeuvre utile sur notre passé commun».
De quel passé commun s’agit-il? La France, n’est pas arménienne, il est vrai qu’elle n’était pas impliquée directement dans les massacres de 1915, bien que par sa politique impérialiste, elle a contribué au dépeçage de l’Empire ottoman et à l’exacerbation des tensions. Jacques Chirac juge que la proposition de loi socialiste relevait d’une «polémique» inutile, voire opportuniste, destinée qu’à séduire la communauté arménienne de France, estimée à 500.000 personnes. Pour les Arméniens de Turquie, première concernée: pour elle, l’initiative française est une «imbécillité». «Ceux qui nuisent à la liberté d’expression en Turquie et ceux qui cherchent à lui nuire en France ont la même mentalité». La France se met à dos le reste du monde. Ses historiens se retrouvent aujourd’hui menacés de poursuites judiciaires par ces groupes franco-arméniens qui font un forcing important, notamment lors du voyage du président Chirac en Arménie, l’obligeant à conditionner l’entrée éventuelle de la Turquie à sa reconnaissance du génocide arménien.
Certes, la mesure doit encore passer au Sénat pour être ou non adoptée, cependant, il est triste de constater à quel point les députés français sont sensibles aux questions éthiques, particulièrement en période préélectorale. Pour certains, l’adoption de cette mesure est totalement démagogique et inutile, Certes, ce texte donne satisfaction au lobby arménien qui n’a de cesse que d’attiser la haine. La France se mettrait à dos quasi quatre-vingt millions de Turcs, les Français s’autoproclamant les princes de l’éthique, les ambassadeurs de la morale ou encore les inventeurs de la fraternité universelle. Pourtant, de l’avis même des Arméniens/kurdes les choses qui se sont déroulées n’étaient pas aussi claires. Ce n’était pas la faute à la Turquie mais à celle des pays voisins de la Turquie qui ont tenté de la déstabiliser en finançant des groupes terroristes qui ont tué, d’une façon aveugle, des Arméniens, des Kurdes et des Turcs, en moins grand nombre.
Par réciprocité, des députés turcs ont débattu, sans conclure, d’un projet de loi visant à reconnaître un «génocide algérien» perpétré par la France, en représailles à une proposition de loi française qui propose de condamner toute négation du génocide arménien. La commission parlementaire turque de la Justice a discuté d’un texte qui interdirait de nier que la France s’est rendue responsable d’un «génocide» en Algérie à l’époque de la colonisation. Le texte instaurerait une journée de commémoration du «génocide algérien» en souvenir des massacres perpétrés dans les localités de Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945.(2)
Pour le Premier ministre turc, «au lieu de formuler des mensonges et de répandre des contre-vérités, a-t-il dit au gratin de son parti, Justice et Prospérité, la France ferait mieux de s’attarder sur son passé de colonialiste qu’illustrent ses multiples crimes, en Afrique». «En adoptant ce document, le Parlement français a jeté une ombre noire sur l’histoire du pays, sur sa démocratie et ses libertés», Même le patriarche arménien de Turquie, Mesrob II, a critiqué l’adoption de la proposition de loi. Il a estimé que l’attitude de la France «sabotait» les efforts de dialogue entre les Turcs et les Arméniens «Les Français, qui ont, dans le passé, placé divers obstacles sur la voie de la Turquie vers l’adhésion à l’Union européenne, ont, à présent, porté un coup sérieux au dialogue déjà limité entre la Turquie et l’Arménie».(3).
Les Ottomans (la dynastie date de 1299) ont conquis l’empire byzantin comme leurs prédécesseurs Byzantins, les Romains, ont conquis le royaume macédonien qui régnait sur Byzance. A travers le monde, des Etats se sont anéantis sans état d’âme, rendant très difficile de déterminer quel peuple est le «légitime» possesseur d’une terre. La Turquie est une vieille terre de civilisation, de culture et de religion. Elle porte mieux que tous les pays européens, la plupart des valeurs judéo-chrétiennes de l’Europe, les apôtres tels que Paul ou la mère de Jésus (qui aurait fini sa vie près d’Ephèse), le mont Ararat (de l’arche de Noé). Pourquoi la Turquie ne ferait-elle pas partie de l’Europe?
De 1915 à 1917, au cours de la Première Guerre mondiale, le gouvernement Jeunes Turcs de l’Empire ottoman a fait déporter et tuer une grande partie de la population arménienne. La Turquie, qui ne nie pas les tueries, en conteste l’ampleur et rejette la qualification de «génocide». Le 15 mars 1921, Talaat Pacha, le responsable des tueries des Arméniens, est abattu d’une balle de revolver dans une rue berlinoise. Le tireur est arrêté sur les lieux du crime. Il s’agit d’un jeune Arménien de 23 ans, Soghomon Tehlirian qui sera acquitté par le tribunal de Berlin Le génocide est défini comme un ensemble d’actes «commis dans l’intention de détruire en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». Le terme de génocide est employé pour la première fois par le juriste américain, Raphaël Lemkin, en 1944 à propos des crimes de l’Allemagne nazie. Les historiens sont partagés; Bernard Lewis, Pierre Nora, Gilles Veinstein, Justin Mc Carty, Andrew Mango, ont développé des études niant le génocide arménien. Cependant, des historiens spécialisés dans l’étude des génocides, ont publié une lettre ouverte adressée au Premier ministre turc le 13 juin 2005, afin de lui rappeler la réalité du génocide arménien.
La discussion porte moins sur la réalité des massacres, même en Turquie, que sur l’utilisation du terme juridique «génocide». Ce qui complique la lecture des faits, c’est que, contrairement aux Allemands, les Turcs, à la même période, étaient, eux aussi victimes de massacres, et que toute la politique des Etats chrétiens, et surtout de la Russie tsariste, était de démembrer l’Empire ottoman en provoquant des insurrections. Dans les Balkans, notamment, des milliers de Turcs musulmans ont été victimes de massacres. Il ne faut pas oublier non plus que, vingt ans plus tôt, d’autres massacres ont visé les Arméniens. Il ne faut pas oublier que la Grèce a voulu s’emparer d’une partie de la Turquie en 1920, cela ne se fit pas, grâce à la ténacité de Mustapha Kémal. Les Occidentaux ont souvent du mal à appréhender la complexité turque, c’est un pays véritablement revenu de loin, qui a failli disparaître, après avoir été au centre d’une des plus brillantes civilisations. En même temps, l’identité turque moderne, laïque et républicaine se double d’une mémoire orientale à la fois vantée et refoulée.
La République turque refuse de reconnaître l’existence d’un «sözde ermeni soykýrýmý» (prétendu génocide arménien). L’argumentation repose essentiellement sur trois axes: Une contestation de l’ampleur du nombre de victimes (évalué entre 300.000 et 500.000 alors que les estimations arméniennes sont de 1.500.000 morts); la remise en cause de l’existence d’une préméditation; l’indignation face à l’occultation des représailles des milices arméniennes sur les populations civiles turques. Plusieurs pays ont pourtant refusé de considérer les massacres arméniens comme un génocide. Sans remettre en cause l’atrocité ou l’ampleur des faits, ces pays ne considèrent pas qu’ils répondent à la définition d’un génocide. C’est, par exemple, le cas du Royaume-Uni. La question de la reconnaissance officielle du génocide est, en outre, très politisée. Les partisans de la reconnaissance considèrent que les pays la refusant cherchent uniquement à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Les opposants considèrent que les pays ayant reconnu le génocide ont cédé à la pression d’influentes communautés arméniennes. Qu’il y ait crimes de masses, il y a consensus là-dessus, mais ce qui est à noter est l’entêtement des Arméno-Français à vouloir, à l’instar des Juifs, se singulariser. La définition du génocide est due, il faut le rappeler, à un Américain d’origine juive qui a circonscrit ce crime contre l’humanité. Il vient que l’Occident dictant la «norme» a tôt fait d’imposer cette définition du mot génocide. Imaginons que dans la définition, il y ait mention de la volonté permanente et assidue de l’oppresseur d’éradiquer le vaincu sur une grande période, alors rentreraient dans cette appellation de génocide tous les crimes coloniaux et notamment, ceux commis en Algérie, les enfumades, les famines, les maladies imputables à l’invasion et, outre, la guerre 54-62, les massacres du 8 mai 1945, et naturellement ceux du 17 octobre 1961. «Si, comme l’a écrit Karl Marx, pour éviter d’être ´´condamné à la revivre´´, le politique ne peut conduire son action sans connaître l’Histoire, il ne doit pas chercher pour autant à imposer une vérité officielle». Ce n’est pas à la Loi d’écrire l’Histoire. C’est une dérive que l’on constate dans les États soumis à des tentations totalitaires Alors que, selon Pierre Nora, «l’heure est à une dangereuse radicalisation de la mémoire et de son utilisation intéressée, abusive et perverse», «notre responsabilité de parlementaires est de ne pas alimenter dans les hémicycles et les prétoires, une guerre des mémoires déclenchée par des associations communautaristes qui se servent des lois mémorielles». Les plus réalistes des Turcs s’interrogent même, désormais, sur l’opportunité de l’entrée de leur pays «musulman», dans un collectif d’Etats, où le racisme gagne du terrain et où la doctrine du clash civilisationnel fait de plus en plus florès. On ne peut qu’être interpellé par le fait que les députés français, si prompts à faire la morale aux autres, ne se soient pas penchés sur le «17 octobre 1961» quarante-cinq ans après. «A ce jour, écrivent Nordmann et Vidal, les crimes du 17 octobre 1961 n’ont fait l’objet d’aucune reconnaissance officielle; aucun monument, aucun lieu de mémoire ne leur est consacré. C’est qu’il y a, de 1961 à maintenant, une certaine continuité des pratiques de l’Etat. Les réseaux étatiques qui ont permis qu’aucun des crimes commis ne reçoive de sanction, sont toujours actifs. La réticence de l’Etat et de la société civile à reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, témoigne plus profondément de ce que l’histoire de la colonisation reste à faire.».(4)
Pour conclure, ces mots de Pierre Bourdieu nous paraissent, à bien des égards, courageux et intellectuellement honnêtes: Écoutons-le: «J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse et organisée, puisse se transformer en honte collective. Je voudrais, aujourd’hui, que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit inscrit sur une stèle en un haut lieu de toutes les villes de France, et aussi, à côté du portrait du président de la République, dans tous les édifices publics: mairies, commissariats, palais de justice, écoles, à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste».(5) Il a mille fois raison.

1.Encyclopédie Wilkipédia: Le génocide arménien 2006
2.Susan Fraser: Des parlementaires turcs débattent d’une loi visant à reconnaître le «génocide algérien» Associated Press 11 octobre 2006
3.Le patriarche arménien de Turquie dénonce le vote français le génocide http://www.armenews.com. 15/10/2006
4.Charlotte Nordmann & Jérôme Vidal. 45e anniversaire des crimes du 17 octobre 1961: l’oubli et la mémoire. Site Oumma.com. lundi 16 octobre 2006.
5.Pierre Bourdieu Le 17 octobre 1961, un crime d’État à Paris, Paris, éditions La Dispute, mai 2001.



Pr Chems Eddine CHITOUR

 
 
 
 
 
 
 


09/09/2006
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