CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL:Le «complot» de Mohammed VI

http://www.lexpressiondz.com/article/2/2009-02-17/60749.html

CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL
Le «complot» de Mohammed VI
Mohamed TOUATI
  - Mardi 17 Février 2009 - Page : 24

Un dossier loin d’être clos
Le Maroc accuse l’Algérie de faire pression sur Ban Ki-moon.

Le quotidien marocain Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 14 février 2009 commente ainsi les informations qui lui sont parvenues de diplomates marocains. «Des sources diplomatiques ont annoncé à ALM (Aujourd’hui le Maroc) que les autorités d’Alger avaient envoyé au secrétaire général de l’ONU un "pavé" d’une vingtaine de pages dans lequel elles exigent la limitation de la visite de Christopher Ross aux dirigeants et seulement aux dirigeants du Front Polisario». La presse marocaine est prise d’une fébrilité sans égale, et se fait la caisse de résonance des autorités de Rabat et de tous les courtisans de la cour royale du Royaume alaouite.
L’envoyé spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies s’apprête à se rendre au Maroc dans les tout prochains jours, une première étape qui le mènera dans les autres pays de la région afin de mettre sur pied un 5e round de négociations entre les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc. Christopher Ross veut sans aucun doute offrir les conditions et les garanties nécessaires pour mener à bien le processus de la mise sur pied d’un référendum d’autodétermination qui permettra au peuple sahraoui de se prononcer librement sur son indépendance.

«Les Sahraouis ont droit à l’autodétermination»

M.Gabriel Neville, chef de la délégation parlementaire américaine actuellement en visite en Algérie, a exprimé lundi à Alger son soutien au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. «Le peuple sahraoui a droit à l’autodétermination», a déclaré M.Neville, chef de cabinet du représentant républicain de Pennsylvanie au Congrès, M.Joseph Pitts, à l’issue d’un entretien avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel. «Nous avons eu la volonté d’avoir notre autodétermination il y a 200 ans et le peuple sahraoui a également droit à l’autodétermination», a affirmé M.Neville. Le chef de la délégation parlementaire américaine a indiqué d’autre part que l’entretien a été l’occasion d’évoquer la coopération entre les deux pays, notamment dans les domaines scientifique et culturel.


Voilà en résumé, ce qui traumatise les autorités marocaines: la tenue d’un référendum au Sahara occidental. C’est le cauchemar de Mohammed VI qui, dans ses rêves les plus fous, se voit sans doute au-delà de Tindouf. Les autorités algériennes pourtant accusées à tort, n’ont que très rarement réagi aux déclarations du pouvoir marocain. Elles sont même restées de marbre, observant stoïquement les silences que s’imposent toutes les diplomaties dignes de ce nom. Celles qui ont porté les voix des pays et des peuples opprimés. La capitale algérienne n’a-t-elle pas été baptisée «Alger, la Mecque des révolutionnaires» dans les années 1970? La diplomatie algérienne n’a jamais fait dans les fourberies ou les sournoiseries pour que sa voix puisse compter dans le concert des nations. Elle s’est forgée dans les maquis. Elle connaît le prix du sacrifice, et c’est seule qu’elle a fait face à l’adversité, qu’elle s’est renforcée après avoir subi une décennie de terrorisme sanglant. C’est ce moment qui a été choisi par Rabat pour accuser les autorités algériennes de connivence avec le terrorisme international. Depuis, les choses ont changé. La stratégie reste la même. C’est tout juste si l’Algérie n’est pas accusée d’être derrière tous les maux que connaît le royaume chérifien: conflit du Sahara occidental, drogue, fermeture des frontières... une véritable paranoïa que développe le royaume de Mohammed VI vis-à-vis de l’Algérie.
«L’Algérie, comme à l’accoutumée, s’est empressée de sortir ses griffes en essayant de poser des conditions à la visite du nouvel émissaire onusien prévue dans les camps de Tindouf», poursuit Aujourd’hui le Maroc. Ce qui est certainement loin d’égaler la tentative de corruption des députés français par l’ambassadeur du Maroc (voir L’Expression du 6 octobre) à Paris. La position algérienne est claire sur la question de décolonisation du Sahara occidental. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité en vue de la tenue d’un référendum d’autodétermination, et que le peuple sahraoui puisse choisir librement son destin, ce que rejettent les autorités de Rabat qui ne jurent que par leur plan d’autonomie. Et pour y parvenir, aujourd’hui le Maroc prend le relais sans avoir froid aux yeux ni peur du ridicule, il ajoute: «A l’agitation médiatico-politicienne à laquelle se livre l’Algérie, le Maroc oppose l’agitation des idées».
On aurait pu dire que le tapage médiatique fait par la presse marocaine autour de la visite au Maghreb de Christopher Ross est de bonne guerre si les coups ne volaient pas aussi bas. Et si l’affaire du Sahara occidental semble être entendue du côté de Rabat, pourquoi le renvoi de Van Walsum a-t-il été pleuré à chaudes larmes? Plus tard, ce dernier avait avoué dans une interview que la presse marocaine avait déformé ses propos. Voilà qui vient remettre les pendules à l’heure quant à «la bonne foi» de la presse marocaine dans le conflit du Sahara occidental. Ce n’est pas en procédant de cette manière que l’Algérie ouvrira ses frontières au Royaume marocain. Quant à la question du Sahara occidental, le dernier mot reviendra au peuple sahraoui.


Dilem du Mardi 17 Février 2009 | Vu 4355 fois


17/02/2009
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