decoupage
Nouveau découpage administratif
Tout ce qu’il faut savoir
Par Aziz Zamèche
A peine annoncé, le premier découpage administratif depuis 1984 suscite déjà la polémique.
Les uns y voient un facteur de développement, d'autres une simple manœuvre politicienne.
L’Algérie, qui n’a pas connu de découpage administratif depuis 1984, va connaître un mégadécoupage qui va changer radicalement l’aspect traditionnel de la wilaya.
S’agit-il d’une option pour une gestion plus équilibrée et une décentralisation mise sur la table sous forme de projets depuis longtemps par les responsables politiques et même l’opposition ?
Citoyens, économie, richesses et administration trouveront-ils leur compte dans ce nouveau projet ? Le nouveau découpage administratif contribuera-t-il à améliorer la situation socio-économique, le rapprochement de l’administration du citoyen et une distribution plus équitable des ressources naturelles et des richesses parmi la population ?
A. Z
• Les critères retenus
• Un peu d’histoire …
• Avis d’un professeur de sciences politiques
•
• Les avis divergent
• Liste des nouvelles wilayas déléguées
http://www.infosoir.com/edit.php?id=55653
Liste des nouvelles wilayas déléguées
Wilaya déléguées Wilaya
Bordj Badji Mokhtar Timimoun Adrar
Ténès Chlef
Aflou Laghouat
Aïn Beïda Oum El-Bouaghi
Barika - Arris Batna
Akbou Béjaïa
Boufarik Blida
Sour El-Ghozlane Bouira
In Salah Tamanrasset
Bir El-Ater Tébessa
Maghnia - Ghazaouet Tlemcen
Frenda - Sougueur Tiaret
Draâ El-Mizan Tizi Ouzou
Aïn Oussera Djelfa
Mila Jijel
El-Eulma Sétif
Azzaba Skikda
Telagh Sidi Bel Abbes
Ksar El-Boukhari Médéa
Bou Saâda M’sila
Mohammadia Mascara
Touggourt Ouargla
Djanet Illizi
Bordj Ménaïel Boumerdès
Miliana Aïn Defla
Mecheria - Aïn Sefra Naâma
El-Ménéa - Metlili Ghardaïa
Oued R’hiou Relizane
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Es-Senia - Aïn Turck -
Arzew - Boutlélis - Gdyel Oran
Oued Tlilet - Bir El-Djir
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El-Khroub - Zighoud-Youcef -
Aïn Abid - Hamma Bouziane - Constantine
Ben Ziad
Les critères retenus
Projection n Les wilayas déléguées seront régies par des walis délégués représentant la wilaya. Elles comprendront également des directeurs délégués dans tous les domaines et assumeront les mêmes missions administratives que la wilaya.
Un nouveau découpage, prévoyant la promotion des grandes daïras en wilayas déléguées, en attendant de les promouvoir au rang de nouvelles wilayas, a été annoncé récemment par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales.
M. Zerhouni a indiqué que le nouveau découpage administratif, qui sera bientôt soumis au Conseil de gouvernement, définit quatre critères pour la promotion d’une daïra en wilaya déléguée.
Le premier critère concerne l’éloignement du chef-lieu de wilaya. Le ministre a cité l’exemple de la daïra de In Salah, distante du chef-lieu de wilaya de près de 700 km.
Le deuxième a trait à la densité de la population, a ajouté le ministre, qui a noté que certaines daïras comptent plus d’un million d’habitants alors que la moyenne se situe entre 400 000 et 500 000.
Quant au troisième, il prend en considération le nombre de communes, sachant que certaines wilayas gèrent plus de 60 communes comme Médéa (64) et Béjaïa (60).
Le dernier est celui appelé par le ministre «critère de souveraineté» et concerne les daïras frontalières telles que Bordj Badji Mokhtar, située à la frontière avec le Mali, et Bir El-Ater, à la frontière tunisienne. M. Zerhouni a justifié ce critère par les relations avec les pays voisins, les échanges commerciaux et la sécurité.
Sans autre détail ni précision sur les daïras qui seront promues au rang de wilayas déléguées, le ministre a indiqué que les métropoles d’Alger, d’Oran et de Constantine seront inévitablement concernées par ce découpage. Selon lui, ces wilayas déléguées seront régies par des walis délégués représentant la wilaya. Elles comprendront également des directeurs délégués dans tous les domaines et assumeront les mêmes missions administratives que la wilaya, «dans le cadre des démarches visant à rapprocher l’administration du citoyen», a-t-il précisé. «Une fois les moyens matériels et humains en place, la wilaya déléguée assumera les pleines charges d’une nouvelle wilaya et pourra ensuite être attachée à d’autres daïras et communes», a-t-il ajouté.
A. Z.
Un peu d’histoire …
Rappel n À l’Indépendance du pays, les anciens départements français sont conservés. Ils sont appelés wilayas par l’ordonnance de 1968.
Num. Nom Chef-lieu Date d’existence
8A Oasis Ouargla 1957 –1962
8B Saoura Béchar 1957 -1962
9A Alger Alger 1957-1962
9B Batna Batna 1957-1962
9C Bône Bône 1957-1962
9D Constantine Constantine 1957-1962
9E Médéa Médéa 1957-1962
9F Mostaganem Mostaganem 1957-1962
9G Oran Oran 1957-1962
9H Orléansville Orléansville 1957-1962
9J Sétif Sétif 1957-1962
9K Tiaret Tiaret 1957-1962
9L Tizi Ouzou Tizi Ouzou 1957-1962
9M Tlemcen Tlemcen 1957-1962
9N Aumale Aumale 1958-1962
9P Bougie Bougie 1958-1962
9R Saïda Saïda 1958-1962
Pendant la Guerre de Libération
n Pendant la guerre d’Indépendance de l’Algérie, le FLN avait adopté un système d’organisation composé de six wilayas.
Wilaya I : les Aurès ;
Wilaya II :Constantine ;
Wilaya III : la Kabylie ;
Wilaya IV : Alger ;
Wilaya V : Oran ;
Wilaya VI : le Sahara.
La France métropolitaine était considérée parfois comme une septième wilaya.
A. Z.
Les avis divergent
n Certains citoyens voient en ce nouveau découpage une sorte de décentralisation surtout pour les deux wilayas de plus de 2 millions d’habitants (Oran et Constantine).
«Il est temps de rapprocher davantage l’administration du citoyen et de revaloriser la richesse démographique des nouvelles régions pour plus de chances en matière de logement, d'emploi et de scolarisation. La population algérienne a doublé depuis 1984», estime un étudiant à l’université d’Alger originaire de Aïn Turck à Oran.Ce n’est pas l’avis de Yahia, étudiant en sciences politiques, originaire de Tizi Ouzou, qui souligne que ce nouveau découpage vise à atomiser l’Algérie pour plus de conflits administratifs et territoriaux. «Les politiciens ont leurs propres calculs pour ces choix qui répondent à une vision purement tribale au lieu de se faire sur une base de richesses et de ressources humaines et économiques. Tout le monde connaît les conflits qui existent actuellement entre les tribus du Sud et des Hauts-Plateaux. Alors imaginez la complication de la situation en cas d’une division plus étroite des wilayas. Chaque village revendiquerait davantage de droits historiques, culturels et économiques. En plus du budget que coûterait un tel projet à l’Etat», argue le jeune futur politologue…
Avis d’un professeur de sciences politiques
Vision n «La tendance dominante dans l’approche officielle de ce projet est de fausser l’aspect tribal. C’est-à -dire faire l’impossible pour calmer les esprits et satisfaire des exigences qui n’ont rien à voir avec le XXIe siècle.»
InfoSoir : Un nouveau projet de découpage administratif, est-ce une bonne chose ?
l Djamel Sekia : La conjoncture politique et économique actuelle n’est pas favorable à la création de nouvelles wilayas déléguées ou pas déléguées. On doit tout d’abord analyser les deux découpages de 1974 et de 1984. Est-ce vraiment la majorité des wilayas qui sont gérées normalement ? Sont-elles encadrées ? Travaillent-elles avec toutes leurs capacités ? Sont-elles vraiment à l’écoute des citoyens ? Ou sont-elles des entités bureaucratiques, avec à leur tête un haut fonctionnaire nommé par le Président de la République pour le représenter plus ou moins symboliquement ?
Mais depuis 1984, beaucoup de choses ont changé. Par exemple, la population de 2006 n’est pas celle des années 1980 dans les wilayas, les daïras et les communes, d’où la nécessité de nouvelles mesures, le découpage par exemple…
l C’est vrai ! Mais, à mon avis, si les structures administratives actuelles travaillent à plein régime, moralement et matériellement, on n’a pas besoin d’un autre «fardeau» économique qui affecterait l’argent public avec des milliers de postes budgétaires qui seraient créés avec les nouvelles wilayas. Sachant que la création d’autres wilayas fera appel à de nouvelles structures, à de nouveaux fonctionnaires et à de nouvelles infrastructures. Il faut aussi s’interroger sur quels critères seront créées ces collectivités. Les motifs donnés par le ministre, à savoir la population, l’éloignement et la superficie, ne sont pas suffisants ni convaincants.
Il serait bien d’avoir une wilaya à In Salah, mais une fois en place, est-ce pour le prestige, pour servir quelques milliers de citoyens seulement ou pour calmer la population ? Je pense qu’il faut d’autres critères, comme les activités économiques ou les richesses naturelles qui sont des critères logiques et pratiques qui justifieraient la nécessité d’un nouveau découpage.
Vous êtes alors contre un tel projet…
l Malheureusement, je crois que la tendance dominante dans l’approche «officielle» de ce projet est de fausser l’aspect tribal. C’est-à -dire faire l’impossible pour calmer les esprits et satisfaire des exigences qui n’ont rien à voir avec le XXIe siècle. Autrement dit, créer dans l’esprit des gens le sens d’appartenir à une wilaya dont on ferait partie….
Avez-vous une alternative à proposer ?
l Donnons d’abord des moyens aux wilayas existantes, avant de parler d’éventuelles nouvelles wilayas.
Nous avons laissé nos villes végéter durant 40 ans sans nous soucier de leur sort pour les faire accéder au statut de wilaya. Telle Sour El-Ghozlane, ex-Aumale, qui était un département sous l’administration coloniale. Mais personne n’y a pensé. Moi je crois que les pouvoirs publics se trompent de priorités…
A. Z.