derniere heure22-3-2011
Libye: 5 tués par les pro-Kadhafi au 4è jour de l'offensive internationale
Les forces de Mouammar Kadhafi ont attaqué mardi Misrata, tuant cinq personnes dont quatre enfants dans cette ville située à l'est de Tripoli, au quatrième jour de l'offensive de la coalition internationale destinée à mettre un terme à la répression de l'insurrection.
La coalition internationale a bombardé pour la troisième nuit les forces de Mouammar Kadhafi mais de sérieuses divergences ont éclaté sur la finalité et le mandat de l'opération menée à l'initiative de Washington, Paris et Londres.
Mardi 22 mars 2011, 13h02
Sur le terrain, les violences se poursuivaient. Mardi cinq personnes, dont quatre enfants, ont été tuées à Misrata, troisième ville du pays, située à environ 200 km à l'est de Tripoli, par des tirs de pro-Kadhafi, selon les rebelles. La veille, 40 personnes y avaient déjà été tuées et plus de 300 blessées, selon la même source.
Des chars et des snipers déployés dans la principale artère de la ville ont ouvert le feu "aveuglément", selon un porte-parole des rebelles cette ville précisant que les enfants tués se trouvaient à bord d'une voiture avec leurs parents. Un porte-parole du régime avait indiqué lundi que cette ville avait été reprises des mains des insurgés "il y a trois jours" mais que les forces gouvernementales y recherchaient des "éléments terroristes".
Un insurgé le 21 mars 2011 dans la région d'Ajdabiya (Photo Patrick Baz/AFP) |
Dans la nuit de lundi à mardi, des tirs de la défense anti-aérienne suivis d'explosions ont retenti à Tripoli près de la résidence du dirigeant libyen, selon un journaliste de l'AFP. La nuit précédente, des missiles avaient détruit un bâtiment au sein de cette résidence-caserne dans le sud de la capitale.
Une base navale située à 10 km à l'est de Tripoli a également été touchée par des bombardements lundi soir, selon des témoins.
Mais l'intensité et le nombre des attaques a diminué depuis la première nuit de samedi à dimanche.
"Sauf si quelque chose d'inhabituel ou d'inattendu survient, nous pourrions voir un ralentissement dans la fréquence des attaques. Nous avons déjà vu, entre la première nuit des frappes Tomahawk et la deuxième, une réduction importante", a déclaré lundi soir à la presse le chef de la coalition, le général américain Carter Ham.
Plusieurs hauts responsables ont assuré que la coalition ne cherchait pas à viser directement le colonel Kadhafi. Mais "la position américaine est que Kadhafi doit partir", selon le président Barack Obama. Par 557 voix contre 13, les parlementaires britanniques ont approuvé à la quasi-unanimité la participation des forces britanniques aux opérations.
Lundi soir, un avion de chasse américain F-15 s'est écrasé en Libye, en raison d'un "dysfonctionnement de son équipement", ses deux membres d'équipage se sont éjectés et un a été récupéré, a annoncé le commandement américain Africa Command, basé en Allemagne.
Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé s'exprime devant la presse le 21 mars 2011 à Bruxelles (Photo John Thys/AFP) |
Au sein de la coalition --à laquelle participent côté UE, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne-- des voix dissonantes se font entendre au sujet du commandement que plusieurs pays souhaiteraient voir confié à l'Otan.
Actuellement, les opérations de la coalition sont nationales et coordonnées par les QG américains de Ramstein (ouest de l'Allemagne) et Naples (sud de l'Italie).
"L'OTAN jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé M. Obama. L'Italie et la Grande-Bretagne réclament aussi que l'Otan prenne un rôle de contrôle des opérations.
Mais Paris estime que si l'Otan dirige l'intervention, les pays arabes ne voudront pas s'y rallier et, pire, finiront par la dénoncer.
La Turquie a exclu une participation à des missions de combats en Libye, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan soulignant que dans le passé, des opérations de ce genre ont tourné à l'occupation et occasionné davantage de pertes civiles" en allusion à l'Irak.
Le colonel Kadhafi avait annoncé un nouveau cessez-le-feu dimanche soir, mais la répression sanglante n'a pas cessé pour autant, faisant lundi au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, selon les rebelles.
Benghazi, fief des rebelles dans l'Est, restait aux mains des insurgés qui ont pu faire reculer lundi les forces gouvernementales.
Au sud-ouest de Tripoli, la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, en particulier les villes de Zenten et Yefren sous contrôle de la rébellion étaient toujours visées par des attaques des pro-Kadhafi lundi, selon des habitants.
Selon le régime libyen, depuis samedi, la coalition a mené des raids sur Tripoli, Zouara, Misrata, Syrte ciblant notamment des aéroports, faisant de "nombreuses victimes" parmi les civils. Elle a aussi a visé lundi Sebha, un fief de Kadhafi dans le sud du pays.
La Chine a réitéré mardi son opposition à l'usage de la force en Libye et déploré les "victimes civiles" des frappes aériennes menées par une coalition internationale.
Trois journalistes occidentaux, deux de l'Agence France-Presse et un photographe de l'agence Getty Images qui couvrent les événements en Libye, ont été arrêtés le 19 mars dans la région de Tobrouk (est) par l'armée libyenne, selon le témoignage de leur chauffeur.
Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, fait face depuis le 15 février par une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à la fuite.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a intensifié son aide alimentaire aux frontières libyennes à destination des personnes fuyant le pays.
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Yémen: le président Saleh brandit la menace d'une guerre civile, des chars dans Sanaa
Le président contesté Ali Abdallah Saleh a mis en garde mardi contre les risques d'une guerre civile au Yémen, et des chars d'unités rivales montaient la garde dans des points stratégiques de Sanaa.
Lundi soir, un premier accrochage entre soldats des forces régulières et des hommes de la garde présidentielle fidèle au président yéménite, a fait deux morts, un de chaque camp, à Moukalla dans le sud-est du pays, selon des témoins et des sources médicales.
Mardi 22 mars 2011, 12h56
Dans la capitale Sanaa, des militaires et des fonctionnaires continuaient de se succéder devant les manifestants de la Place de l'Université, épicentre de la contestation, pour annoncer leur ralliement à la "révolte des jeunes".
Et de nouvelles défections ont été enregistrées dans les rangs des diplomates avec les ambassadeurs au Pakistan, au Qatar, à Oman, en Espagne et le consul à Dubaï, selon des médias.
La contestation lancée fin janvier pour réclamer le départ du président et de meilleures conditions de vie, a pris de l'ampleur après la mort le 18 mars de 52 personnes dans une attaque contre des manifestants à Sanaa attribuée à des partisans du régime.
Chars et véhicules militaires, le 21 mars 2011 à Sanaa au Yémen (Photo Ahmad Gharabli/AFP) |
M. Saleh, 69 ans dont 32 au pouvoir, a averti que tout complot pour précipiter son départ conduirait le Yémen, un pays pauvre de 24 millions d'habitants, à la guerre civile.
"Toute tentative de prendre le pouvoir par un coup d'Etat conduirait à la guerre civile", a-t-il déclaré à la télévision devant des chefs militaires, considérant que les divisions au sein de l'armée étaient "néfastes" pour le pays.
Les protestataires ont reçu lundi l'appui de chefs de l'armée, dont le général Ali Mohsen al-Ahmar, responsable du nord-est qui comprend la capitale.
Des blindés d'unités fidèles au général Ahmar ont été déployés autour de la Banque centrale, du siège du Congrès populaire général (CPG, parti présidentiel) et d'autres installations vitales à Sanaa.
Mais des tanks de la garde présidentielle, dirigée par le fils du président, Ahmed Saleh, et des forces spéciales, commandées par son neveu Tarek Saleh, ont pris position autour du palais présidentiel.
Le général al-Ahmar a indiqué à l'AFP souhaiter "des pressions sur le président pour qu'il accepte un plan de l'opposition prévoyant une feuille de route pour une transition pacifique, incluant son départ avant la fin de 2011".
Mais la majorité des manifestants, qui campent dans le centre de Sanaa, refusent cette idée et exigent un départ immédiat de M. Saleh qui reste sourd à tous les appels dans ce sens.
L'influent prédicateur religieux Abdel Majid Zindani, un allié d'hier du président, a été plus direct. "Ayez du courage et prenez votre décision" de céder le pouvoir, a-t-il déclaré sur la télévision Al-Jazira du Qatar.
M. Saleh, qui assure bénéficier du soutien de "la grande majorité" du peuple, a estimé que les "officiers et les diplomates (qui ont fait défection) tombent comme les feuilles mortes".
"Il n'est pas trop tard pour eux de revenir à la raison", a-t-il ajouté.
Aux jeunes qui manifestent, le président a dit qu'ils étaient "victimes de forces politiques vieillissantes comme les nassériens, les communistes et les houthis", les rebelles chiites dans le nord du pays.
Enfin à Aden, principale ville du sud, la rédaction du quotidien 14 Octobre, porte-voix du régime, a aussi rejoint la contestation et décidé de cesser à faire paraître le journal.
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