Des morts, des routes coupées et 300 000 foyers dans le noir
Samedi 7 mars, 66e jour de l'année
Le dicton météorologique du jour:"Neige en mars
Vaut blé en sac"
Le proverbe du jour:
"Entre frères, deux témoins et un notaire" (proverbe espagnol)
La citation du jour:
"Quand l'homme essaie d'imaginer le Paradis sur terre, ça fait tout de suite un Enfer très convenable" (Paul Claudel)
Des vents violents sèment la panique dans le nord du pays
Des morts, des routes coupées et 300 000 foyers dans le noir
Par Abderrahmane Semmar
C’est un week-end particulièrement sinistre que les citoyens ont connu jeudi et hier. Deux jours durant lesquels tout le nord du pays a vécu au rythme des rafales de vent qui ont suscité un mouvement de panique sans précédent dans plusieurs wilayas. Des arbres
déracinés, des pylônes électriques arrachés, des panneaux de signalisation volant en éclat, des toitures de maison démontées, tels étaient les paysages dessinés par les tempêtes de vent qui ont planté dans diverses régions du pays un véritable décor macabre.
Ainsi, tout a commencé dès la nuit de mercredi où les fortes averses de pluie, assez marquées et accompagnées souvent de grêle, ont affecté l’ensemble des wilayas du Nord. En effet, de Tlemcen, Aïn Témouchent, Oran, en passant par Chlef, Tipasa, Alger, et en allant jusqu’à Jijel, Skikda, Annaba et El Tarf, des vents forts de secteur ouest à nord-ouest, ont soufflé à une moyenne de 60 à 80 km/h.
Dans d’autres régions, les rafales ont carrément dépassé les 100 km/h, comme l’a indiqué l’Office national de météorologie (ONM) dans un bulletin météorologique spécial (BMS) diffusé mercredi soir. Des chutes de neige sont venues accentuer cette dépression atmosphérique que d’aucuns ne pouvaient prédire après une douce semaine. Pendant toute la journée d’hier, les reliefs du centre et de l’est du pays dépassant les 900 mètres d’altitude ont été recouverts d’un manteau blanc. Spectacle féerique pour les uns, scénario cauchemardesque pour les autres car l’on ne dénombre plus les routes nationales (RN) coupées et les chemins de wilaya (CW) fermés à la circulation. Cela sans compter les accidents de la circulation qui ont plongé des familles entières dans le deuil. Il en est ainsi à Saïda où trois morts ont été déplorés, jeudi dernier, suite à une collision entre deux véhicules provoquée par une chaussée glissante et des conditions météorologiques très mauvaises. La circulation routière était également très dangereuse à Djelfa où la hauteur de la neige se mesurait entre 45 et 50 cm sur certains tronçons.
Dans plusieurs localités de cette wilaya, les chutes d’arbres et de pylônes électriques ont bloqué l’accès à plusieurs routes. A Djelfa, c’est la mort d’un homme frappé par la foudre, survenue jeudi, qui a endeuillé les habitants tout en suscitant une frayeur indescriptible dans la ville et ses environs.
A Tébessa et Oum El Bouaghi, le trafic routier a subi d’énormes perturbations, mais aucune victime n’a été déplorée. Toutefois, les chutes de neige étaient tellement importantes qu’il est devenu quasiment impossible d’emprunter certaines RN et quelques CW. La situation était aussi critique dans la wilaya de Tizi Ouzou où quelques localités et villages ont été isolés «du reste du monde» par la neige très abondante dans toute la Kabylie. Plus à l’ouest, les fortes pluies et les bourrasques de vent ont semé la terreur dans plusieurs villes menaçant surtout les habitations précaires. A ce propos, il convient de signaler que les murs et les façades de plusieurs maisons se sont effondrés jeudi et hier mettant en péril la vie de leurs occupants. Un citoyen grièvement blessé est encore hospitalisé à Sidi Bel Abbès après l’effondrement d’un mur de sa demeure sur son corps chétif.
Il est à souligner que le trafic ferroviaire a été sérieusement perturbé. Pour preuve, jeudi, au niveau de la gare d’Aïn Torki, près de Khemis Miliana, les voies ferrées ont été complètement inondées. Le train Alger-Oran n’a pu rallier sa destination et la SNTF était dans l’obligation d’évacuer les passages et de les transporter par bus. Des équipes de secours ont été mobilisées pour rétablir le trafic, interrompu jusqu’au lendemain, sur cette voie. Le trafic aérien n’est pas en reste ; lui aussi a fait les frais de ce mauvais temps.
Preuve en est, le vol Alger-Constantine de jeudi dernier à été retardé de près de 6 heures pour mauvaises conditions météorologiques. Hier encore, des engins de déneigement intervenaient aux alentours sur les deux pistes de l’aéroport Mohamed Boudiaf de Constantine pour permettre l’atterrissage et le décollage des avions. Enfin, il est à signaler que les coupures d’électricité ont plongé dans le noir pas moins de 300 000 foyers à travers tout le pays, a révélé hier un haut responsable de la Sonelgaz sur les ondes de la Chaîne III. L’est et le centre du pays ont été les plus sévèrement touchés par ces coupures qui ont duré toute la nuit de jeudi. Jusqu’à hier, le courant n’était pas encore rétabli dans la plupart de ces foyers.
Précisons en dernier lieu que des vents forts toucheront aujourd’hui encore les wilayas de Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf, Mila, Constantine, Batna, Biskra, Oum El Bouaghi, Tébessa, Guelma et Souk Ahras. Au Centre et à l’Ouest, le temps sera plus dégagé après des passages nuageux ponctués de quelques pluies locales en début de matinée. Quant à demain, la météo nous promet de belles éclaircies qui devront apporter, à nouveau, de la sérénité aux citoyens qui se souviendront certainement longtemps de ce week-end «tempétueux».
A. S.