Deux cas de violence par jour dans nos écoles
Le CLA annonce le débrayage pour lundi
deux cas de violence par jour dans nos écoles
le 23.02.13 | 10h00
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) a décidé de réagir face à l’inertie des pouvoirs publics concernant les craintes exprimées par les enseignants devant la montée de la violence en milieu scolaire.
Deux cas perpétrés par des élèves sont signalés chaque jour dans nos établissements scolaires à travers le pays, révèle le CLA. Pour dénoncer le silence des autorités et sensibiliser quant à l’ampleur de ce phénomène, un débrayage d’une heure «symbolique» sera organisé dans tous les établissements de l’Algérois, annoncent les représentants de ce syndicat qui expliquent dans un communiqué rendu public à l’issue d’une rencontre en fin de la semaine dernière, que «les cas de violence se font de plus en plus inquiétants. Il faut tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des responsables concernés et l’opinion publique sur un phénomène qui était jusque-là inconnu dans nos écoles».
Les deux agressions, dont la dernière en date du 4 février dernier, commises par des élèves sur des enseignants au lycée Okba, à Bab El Oued, (Alger), et restées sans suite de la part de la tutelle, étaient la goutte qui a fait déborder le vase, selon le CLA. «Plusieurs cas d’agression subie par les enseignants sont restés impunis et dans le silence général», se plaint le CLA. «Il faut impérativement réagir», estime Bachir Hakem dans une déclaration à la presse. Une enseignante dans le secondaire décrit «la terreur» subie par plusieurs enseignants. Les auteurs ne sont que des élèves qui s’accordent toutes les faveurs et piétinent tout devoir de respect du règlement intérieur des établissements, encouragés par des responsables passifs et parfois complices.
«Ces élèves agissent en petits groupes, ils ont un objectif dans la tête : perturber les cours par tous les moyens. Des élèves entrent parfois ivres en classe et menacent de représailles tout enseignant osant s’y opposer. Ils menacent les enseignants qui, plainte après plainte, se rendent compte qu’ils doivent subir ce comportement jusqu’à la fin de l’année. L’administration des établissements se trouve parfois impuissante, puisque certains de ces élèves finissent toujours par réintégrer la classe, vu les «largesses dont bénéficient leurs parents qui trouvent toujours un établissement disponible pour leur gosse exclu», explique l’enseignante inquiète. «Le problème, c’est que ces élèves représentent un danger même pour leurs camarades. Ces derniers sont constamment perturbés et inquiétés.»
Des enseignants estiment que le placement des élèves ayant triplé leur année dans des classes dont les élèves sont nettement moins âgés est l’une des causes de la «turbulence». «L’enseignant a du mal à gérer un enfant de 8 ans avec un autre de 13 ans ou un enfant de 10 ans avec un camarade de 15 ans qui doivent répondre aux mêmes exigences, alors que physiquement, les adolescents subissent des changements nécessitant une attention particulière, tandis que dans nos établissements, des jeunes enfants sont dans les mêmes classes que les adolescents, ils n’ont pas les mêmes préoccupations ni les mêmes centres d’intérêt, ce qui est à mon avis source de soucis pour certains d’entre eux», explique la même enseignante affiliée au CLA.
L’organisation de cette action de protestation coïncide avec l’ouverture du débat sur l’évaluation de la réforme du système éducatif. Selon Idir Achour, représentant du CLA, le syndicat a introduit un chapitre complet dans l’étude d’évaluation remise dans le cadre des propositions fournies à la commission. «Nous avons fait un diagnostic et le CLA propose des mesures pour réduire l’ampleur de ce phénomène.»