Alors que le ministre de l’Éducation nationale s’est fixé l’objectif de relever le niveau des élèves, l’élaboration des sujets du baccalauréat pose encore une fois problème.
À peine achevées, les premières épreuves du baccalauréat 2008 suscitent déjà la contestation des élèves et de leurs parents. De nombreuses ambiguïtés ont été relevées sur la forme, mais aussi le fond des sujets. Notre rédaction a reçu de nombreuses réclamations concernant l’épreuve d’anglais. En effet, ce sujet a été écrit en anglais, qui est une langue latine, donc de gauche à droite. Le problème qui s’est posé dans la présentation de ce sujet est le suivant : alors qu’il est écrit en anglais donc de gauche à droite, il fallait pour le lire tourner les pages comme s’il avait été écrit en arabe donc de droite à gauche. Ceci a induit en erreur de nombreux élèves qui ont répondu aux questions qui ne correspondaient pas au texte.
Que ce soit pour le premier ou le deuxième sujet, les questions qui suivaient logiquement le texte correspondaient en fait à l’autre. L’erreur était d’autant plus facile à commettre puisque les deux textes au choix traitaient de deux thèmes qui se rapprochent beaucoup.
Le premier texte traitait des “droits du consommateur” en évoquant la publicité mensongère. Et bizarrement, le deuxième sujet traitait des techniques de communication publicitaire tout en évoquant la consommation. On retrouve à plusieurs reprises les mêmes mots dans les deux textes. Et même si les pages étaient numérotées de 1 à 4, on peut aisément imaginer qu’un élève stressé, au lieu de penser à regarder la numérotation qui d’ailleurs était écrite en arabe, aurait tout simplement tendance à tourner la page instinctivement de gauche à droite, et c’est ce qu’ont fait un grand nombre d’élèves qui se demandent désormais comment ils vont être notés. Ce qui les a fatalement amenés à commettre l’erreur de répondre à des questions qui ne correspondent pas au texte support. Nous avons donc demandé à rencontrer le secrétaire général de l’Office national des examens et concours (Onec), M. Merazi, qui malgré son emploi du temps chargé a eu la gentillesse de nous recevoir. Il nous a indiqué que les pages du sujet étaient numérotées et que de toute façon, l’une des prérogatives des enseignants surveillants inscrites dans le guide spécialement édité pour assurer le bon déroulement des épreuves stipule que ces derniers doivent donner instruction aux élèves de bien lire le sujet en suivant la numérotation des pages.
De nombreux titres de la presse nationale, qui ont traité de la première journée des épreuves, ont relevé certaines insuffisances dans leur déroulement.
Par exemple, le quotidien El-Fadjer a publié un article dans lequel on pouvait lire que “les questions posées ne faisaient pas partie du programme, et que des enseignants ont surveillé l’épreuve qui concernait leur matière”. Cet article traitait plus particulièrement de l’épreuve de langue arabe qui s’est déroulée samedi. Selon les déclarations d’enseignants de langue arabe cités par ce journal, “le deuxième sujet au choix à savoir, le texte écrit par Mohammed El-Bachir El-Ibrahimi n’a pas été étudié, car il ne figure pas dans le nouveau programme”.
De plus, les enseignants questionnés sont allés jusqu’à dire qu’ils ne comprennent pas qu’une pareille erreur ait pu être commise. Ce même article indique que “des enseignants de langue arabe du lycée Omar-Racim ont assuré la surveillance de l’épreuve de langue arabe au lycée Baba-Arroudj”.
Ceci est arrivé alors que le ministre de l’Éducation nationale, M. Boubakeur Benbouzid, avait promis à maintes reprises au cours de l’année scolaire, que les sujets du baccalauréat traiteront uniquement des cours effectivement enseignés et avait, en outre, formellement interdit, sous peine de sanctions, à tout enseignant de surveiller l’examen portant sur la matière qu’il enseigne. À ce sujet, le SG de l’Onec a démenti ces informations allant jusqu’à les accuser de diffamation.
À force de commettre des erreurs dans l’élaboration des sujets de chaque session, ceux qui en ont la charge portent un sérieux discrédit à cette épreuve internationale, qui fête d’ailleurs ses deux cents ans, et poussent les élèves à profiter de ces failles en grattant des points pas forcement mérités.
Amina Hadjiat