Le point sur l'insuffisance rénale chronique
La dialyse est le seul traitement pour les personnes dont les reins ont cessé de fonctionner. Temporaire, elle peut se prolonger jusqu'à l'attente d'une greffe si le dysfonctionnement du rein est permanent mais le nombre de donneurs est toujours insuffisant. Les principales causes de l'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) sont : le diabÚte (30-40 %), l'hypertension (20-30 %) et la glomérulopathie (10-30 %). On dit qu'un patient est en insuffisance rénale terminale quand il a perdu au moins 80 % de ses fonctions rénales. Ce stade concerne 30 000 patients en France. Mais l'insuffisance rénale chronique non terminale ne justifiant pas encore d'un traitement par dialyse touche plus d'un million de Français. Permettant de filtrer les déchets et l'excÚs d'eau, la dialyse repose sur le « nettoyage du sang » en le laissant circuler via un rein artificiel (hémodialyse) ou en le filtrant à l'intérieur de l'abdomen (dialyse péritonéale). L'hémodialyse reste la principale technique en France (comme dans la plupart des pays européens) et se pratique en centre d'hémodialyse (65 %) ou hors centre avec un fort développement de l'autodialyse (25 %) et un effondrement de l'hémodialyse à domicile. Le traitement par dialyse péritonéale reste peu développé (8 %). Si l'augmentation du nombre de personnes souffrant d'insuffisance rénale chronique traitée par dialyse est préoccupante (5 % par an), elle reflÚte l'allongement de l'espérance de vie, l'accroissement des maladies cardiovasculaires et du diabÚte, etc. Selon le syndicat des néphrologues libéraux et la fédération de l'hospitalisation privée, il est urgent d'améliorer le diagnostic de la maladie car 40 % des patients arrivent au stade de dialyse sans avoir consulté un néphrologue. Ces deux associations avaient organisé le 23 octobre la premiÚre journée de la dialyse en secteur libéral. Source : Communiqué du syndicat des néphrologues libéraux et de la fédération de l'hospitalisation privée
Les différents types de dialyse
Quand l'insuffisance rénale devient sévÚre, il est indispensable de programmer sans tarder un traitement pour suppléer le rein : la dialyse ou la greffe rénale. Compte-tenu de la pénurie d'organes disponibles, plus de 30 000 patients sont traités par dialyse. Découvrez les différentes techniques disponibles et la réalité de cette prise en charge.
La dialyse permet d'Ă©purer le sang de ses dĂ©chets toxiques et de l'eau retenue en excĂšs du fait de l'arrĂȘt du fonctionnement des reins. On distingue deux grands types de dialyse.
L'hémodialyse ou filtration externe
Si l'hĂ©modialyse est choisie, le patient doit se rendre trois fois par semaine dans un Ă©tablissement de soins public ou privĂ© (le plus souvent), ou dans une unitĂ© de dialyse mĂ©dicalisĂ©e, ou encore une unitĂ© d'autodialyse ou d'autodialyse assistĂ©e (pour des malades plus autonomes et formĂ©s Ă la technique). Plus rarement certains patients suivront leur traitement Ă son domicile. Cette technique impose un "accĂšs vasculaire permanent" ou fistule artĂ©ro-veineuse, gĂ©nĂ©ralement au niveau du bras. Elle est crĂ©Ă©e chirurgicalement en connectant une artĂšre et une veine du bras. La veine verra ainsi son dĂ©bit et son calibre augmenter et pourra ĂȘtre piquĂ©e Ă chaque sĂ©ance de dialyse par deux anguilles de dialyse. PompĂ©, le sang traverse le dialyseur puis est restituĂ©. En prĂ©sence au minimum d'une infirmiĂšre, les sĂ©ances dureront de 4 Ă 6 heures, durant lesquelles une grande quantitĂ© de sang (50 Ă 60 litres) est filtrĂ© de ces toxines et de l'eau en excĂšs par une machine Ă dialyse ou rein artificiel. Pendant les heures de dialyse, vous pouvez lire, regarder la tĂ©lĂ© ou Ă©couter de la musique.
Ce traitement reste Ă©prouvant, puisqu'en quelques heures, il va reproduire ce que les reins auraient du faire en deux jours. Ainsi, de nombreux patients Ă©prouveront une fatigue importante, plus rarement des malaises dus Ă une hypotension ou des crampes en rapports avec une perte d'eau et de sodium trop importante.
La dialyse péritonéale
Contrairement Ă l'hĂ©modialyse, la dialyse pĂ©ritonĂ©ale est pratiquĂ©e le plus souvent par le patient lui-mĂȘme Ă son domicile. Elle ne nĂ©cessite pas d'appareillage trĂšs sophistiquĂ© mais un apprentissage cependant rigoureux. Elle utilise les capacitĂ©s naturelles de filtration du pĂ©ritoine (une membrane qui enveloppe l'intĂ©rieur de la cavitĂ© abdominale et le tube digestif). Une intervention chirurgicale est nĂ©cessaire afin de mettre en place un cathĂ©ter en plastique souple dans l'abdomen. Lors de la dialyse, c'est via ce cathĂ©ter que le liquide de dialyse (ou solution fraĂźche) est injectĂ© dans la cavitĂ© pĂ©ritonĂ©ale. C'est par lĂ ensuite que le liquide chargĂ© de dĂ©chets (ou dialysat) et la surcharge en eau sera drainĂ©e hors de l'organisme.
Cette opĂ©ration doit ĂȘtre renouvelĂ©e trois Ă quatre fois par jour si l'on choisit la dialyse pĂ©ritonĂ©ale chronique ambulatoire (DPCA). Mais une solution plus simple est aujourd'hui offerte, la version automatisĂ©e (DPA) grĂące Ă un cycleur. Cet appareil se charge de l'Ă©puration pendant votre sommeil en 8 Ă 12 heures. Le changement de poche n'est plus effectuĂ© manuellement mais la machine calcule les quantitĂ©s de dialysat drainĂ©es, synchronise les Ă©changes et contrĂŽle la durĂ©e et le dĂ©roulement du traitement. Le patient a simplement Ă se connecter le soir et se dĂ©connecter le matin. Actuellement, cette technique concerne en France prĂšs d'une personne dialysĂ©e sur dix.
Existe-t-il une méthode idéale ?
Chaque technique présente des avantages, des inconvénients et des contre-indications. C'est au patient de prendre finalement la décision aprÚs en avoir discuté précocement avec son médecin généraliste, son néphrologue et sa famille.
Mode de traitement |
HĂ©modialyse |
Dialyse péritonéale |
Durée |
En moyenne, 4 à 6 heures tous les deux jours, auxquelles il faut ajouter les temps de transport pour se rendre sur le lieu de traitement et les temps de préparation. Au total, les malades consacrent prÚs d'un tiers de leur temps d'éveil à leur traitement⊠|
Quatre échanges par jour (durée globale de 40 à 60 mn chacun)
Ou
Une séance journaliÚre unique d'une durée de 8h à 10 h, avec la possibilité de la réaliser la nuit, pendant le sommeil, en restant « branché » au générateur |
Avantages |
Cette technique permet d'oublier la maladie entre chaque séance, sans avoir de matériel médical à domicile. |
Cette technique permet d'avoir la maßtrise de son traitement, de moduler ses horaires de dialyse, de ne pas dépendre d'un centre de dialyse. |
Inconvénients |
Cette technique nécessite de passer 4 à 6 heures plusieurs fois par semaine dans un centre de dialyse.
Certaines personnes supportent mal d'avoir l'avant bras déformé par une fistule car au fil du temps le vaisseau se dilate et n'est pas discret au regard des autres. |
Cette technique nécessite chez soi un emplacement suffisant pour stocker le matériel et les solutés nécessaires. Un environnement médicalisé que le patient et son entourage devront accepter.
Certaines personnes supportent mal l'idée d'un tuyau qui sort de leur ventre mais qui est nécessaire pour cette technique. |
Contre-indications |
Il existe des difficultĂ©s pour la rĂ©aliser si le patient prĂ©sente un mauvais Ă©tat vasculaire ou si la pression artĂ©rielle est trĂšs basse du fait d'un Ă©tat cardiaque perturbĂ©. Ce qui peut ĂȘtre relativement frĂ©quent chez certains patients diabĂ©tiques ou obĂšses. |
Les contre-indications « relatives » sont la conséquence d'une obésité majeure, d'antécédents d'interventions chirurgicales abdominales importantes, de hernies abdominales récidivantes, d'une insuffisance respiratoire sévÚre ou au cours des premiÚres semaines qui suivent un échec de transplantation. |
"En tenant compte des Ă©ventuelles contre-indications mĂ©dicales et en fonction des avantages et des inconvĂ©nients de chaque technique, le patient sera plus Ă mĂȘme de choisir celle qui lui convient le mieux" estime le Pr. Michel Olmer, nĂ©phrologue Ă Marseille.
Un traitement trĂšs lourdâŠ
Parmi les différentes maladies graves et chroniques, l'insuffisance rénale traitée par dialyse est une de celles qui induisent les plus importantes dégradations de la qualité de vie⊠et celle qui implique les plus grandes difficultés d'adaptation pour les patients.
La dialyse n'est pas un traitement de tout repos. De plus, l'altĂ©ration des reins a d'autres consĂ©quences⊠ils sont dĂ©sormais incapables de produire l'hormone appelĂ©e Ă©rythropoĂŻĂ©tine (EPO), indispensable Ă la formation des globules rouges par la moelle osseuse. Depuis une quinzaine d'annĂ©es, ce problĂšme peut ĂȘtre traitĂ© grĂące Ă une version synthĂ©tique cette hormone.
Entre deux sĂ©ances, certaines rĂšgles alimentaires devront ĂȘtre suivies. En pratique, les lĂ©gumes secs, les fruits secs, certains lĂ©gumes et fruits frais, le chocolat, les olĂ©agineux, les produits laitiers, les poissons et les crustacĂ©s, les abats, les oeufs, les charcuteries et tous les produits salĂ©s devront ĂȘtre consommĂ©s avec la plus grande modĂ©ration.
Par ailleurs, les apports en boisson seront réduits, ce qui n'est pas sans conséquence pour les patients qui doivent lutter quotidiennement contre la soif.
Selon le Pr. Olmer, "Autant que possible, il est indispensable de maintenir chez le patient une activité socioprofessionnelle normale". Pour vous aider mais aussi pour mieux connaßtre vos droits, des associations peuvent vous aider. Découvrez-les dans notre sélection.
David BĂȘme |
|
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/rein/9006-insuffisance-renale-dialyses-02.htm