Le faux pas
C'est un faux-pas assez vertigineux. Involontaire bien sûr (enfin espérons-le), mais une phrase tellement malheureuse qu'elle traduit l'espèce de névrose collective qui divise les démocrates –et les expédients qu'Hillary Clinton est prête à utiliser en cette fin de primaire. Mais le parallèle maladroit glissé entre l'un des plus grands traumatismes de l'histoire américaine, l'assassinat de Robert Kennedy, frère de JFK et sénateur de New York, candidat démocrate lors des primaires de 1968, et la course à la maison blanche de 2008, ajoute une touche macabre dans une campagne de plus en plus rude. En répondant aux questions du Sioux Falls Argus leader, un journal du Dakota du sud, et voulant appuyer les raisons pour lesquelles "historiquement, laisser tomber maintenant n'a pas de sens", Hillary Clinton a déclaré :
""Mon mari n'avait pas décroché la nomination en 1992 avant d'avoir remporté la primaire de Californie au milieu du mois de juin. Et nous nous souvenons tous que Bobby Kennedy a été assassiné en juin en CalifornieLa question de l'assassinat d'Obama est un squelette dans le placard de ces primaires. Et il y a dans cette phrase d'Hillary Clinton comme un terrible dévoilement de l'inconscient –le sien et celui, collectif, de l'Amérique– qui a un sacré goût de malaise. Penaude, elle est venue s'excuser. Pour la famille Kennedy, mais pas pour Barack Obama. Celui-ci n'a pas répondu mais l'un des porte parole de sa campagne a estimé que cette remarque était "malheureuse" et "n'avait rien à faire dans cette campagne". L'affaire pourrait coûter cher à Hillary Clinton.