La déception était grande chez les Algériens après la défaite face à la Slovénie, car ils sentaient que les camarades de Karim Ziani ont évolué en deçà de leurs potentialités face à un adversaire, qui a fini par sortir de sa coquille en seconde période après avoir constaté l’excès de prudence des Verts.
Le football algérien est notamment réputé pour son jeu chatoyant, grâce au talent de ses joueurs, et cela depuis l’équipe du FLN. De Rachid Makhloufi, à Lakhdar Belloumi en passant par les Hacène Lalmas, Djilali Selmi, Rabah Madjer ou Ali Bencheikh, on remarquera que c’est la virtuosité de ces footballeurs qui a fait connaître notre sport-roi à travers toute la planète. Depuis quelques années, les sélectionneurs algériens ne laissent pas ce genre de joueurs donner libre cours à leur talent qui a toujours fait la force des équipes algériennes, clubs ou sélections. On a l’impression qu’ils évoluent avec des freins, comme l’a si bien fait remarquer le coach français du club anglais d’Arsenal, Arsène Wenger. Ils jouent contre nature. Évoluant d’habitude toujours vers l’avant, le footballeur algérien se retrouve à pratiquer un jeu basé sur la prudence qui ne cadre guère avec sa fougue. C’était le cas avant-hier face à cette équipe slovène, que beaucoup présentaient comme redoutable. On voulait bien croire que les hommes de Mathiaz Kek, héritiers du football yougoslave, étaient forts avant de les voir à l’œuvre. Mais au vu de la première mi-temps, durant laquelle Koren et les siens ont montré qu’ils n’étaient guère supérieurs aux nôtres, on pensait alors que le coach national allait acculer un peu plus l’adversaire pour matérialiser l’ascendant algérien. Il n’en fut rien. Au contraire, ce sont les Slovènes qui se sont enhardis en s’approchant davantage du camp algérien. Il a suffi d’un tir bien ajusté, dont le rebond a eu raison de Faouzi Chaouchi, pour que nous perdions le match qu’il ne fallait pas perdre face à une formation que les spécialistes s’accordaient à dire qu’elle était la seule équipe du groupe qui ne soit pas vraiment supérieure à l’Algérie. La déception n’avait d’égal que l’espoir de voir nos capés entamer la compétition par une victoire, qui paraissait quasi certaine pour beaucoup d’Algériens, qui prenaient pour argent comptant les déclarations rassurantes de l’entraîneur national et quelques-uns de ses joueurs promettant une belle surprise face aux Slovènes. Pour une surprise, c’en fut une, mais combien désagréable. Maintenant, nous n’avons plus rien à perdre. Il nous reste à affronter deux adversaires, l’Angleterre et les États-Unis, qui ont déjà fait leurs preuves sur la scène mondiale. Les laisser jouer à leur aise équivaut à prendre le risque de prendre une véritable déculottée, car à force de subir, notre défense finira par craquer. Alors, de grâce, osez, Monsieur Saâdane, car les Algériens veulent voir leurs représentants montrer ce qu’ils ont réellement dans le ventre. Adoptez des tactiques de jeu à même de les libérer, parce qu’ils ont montré qu’ils n’ont rien à envier à qui que ce soit sur le plan de la valeur intrinsèque. Personne ne doute de vos grandes qualités de technicien, vous qui avez réussi le formidable exploit de qualifier l’Algérie à ce rendez-vous footballistique planétaire, alors que rares étaient ceux qui osaient miser un seul dinar sur ce onze au début des éliminatoires jumelées de la Coupe d’Afrique des nations et du Mondial 2010. Mais celui qui ne tente rien n’a rien. L’histoire du football est riche en exemples qui montrent que le footballeur algérien peut relever les défis pour peu qu’on lui fasse confiance. La médaille d’or des jeux méditerranéens de 1975, remportée par la sélection new-look de Rachid Makhloufi, et la Coupe d’Afrique des clubs champions gagnée par le MC Alger, en 1976, après qu’il eut écarté de sa route les géants qu’étaient le Ahly du Caire des Ikramy, Mustapha Abdou et Mahmoud al-Khatib, ainsi que le Hafia Conakry des Petit Sory, Chérif Souleimane et Abdoulaye Sylla, en sont la meilleure illustration. Les Algériens ne veulent pas avoir de regrets comme ce fut le cas face à la Slovénie, alors trêve de prudence exagérée ! Faites en sorte que face aux Anglais et aux Américains, les Antar Yahia, Lacen et Yebda démontrent qu’ils sont loin d’être ridicules. Il ne faut plus les confiner dans des schémas tactiques les empêchant de faire étalage de toutes leurs qualités. Que peuvent-ils risquer désormais ? Une élimination qui a déjà pris forme avec la défaite contre la Slovénie ? Rien de plus grave de toute façon ne pourrait leur arriver ! Donc, autant oser et sortir avec les honneurs que d’avoir encore des regrets. À ce niveau de la compétition, que nombre de joueurs de valeur mondiale n’ont pas eu l’opportunité de disputer pour une raison ou pour une autre, il faut montrer aux milliards de téléspectateurs ce que le footballeur algérien vaut. Et pour y parvenir, il n’y a pas d’autres solutions que de prendre des risques. La prudence, c’est bien, mais comme tout excès, elle est nuisible. Réduisez-là à sa plus simple expression et osez, Monsieur Saâdane ! Il ne faut plus rester figé et s’entêter à ne pas changer, comme le laissent supposer vos déclarations d’après match.
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Edition du Mardi 15 Juin 2010
Dossier : Mondial 2010
Ambiance morose au sein des Verts
Après la défaite face à la Slovénie
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Contrairement à ce qui aurait pu se passer si l’EN avait gagné le premier match, l’ambiance au sein des Verts était lugubre. La défaite a véritablement pesé. Un silence pesant régnait durant toute la soirée.
La défaite aura déteint sur l’atmosphère au sein du groupe. Les habituelles plaisanteries, rigolades et taquineries ont fait place à la déception. Aussi bien à l’hôtel que dans le bus devant conduire les Verts à l’aéroport pour s’envoler à bord d’un avion spécial à destination de leur camp de base, l’atmosphère était plutôt morose. Nous sommes loin de l’ambiance bon enfant qu’on leur connaît. Les circonstances y sont pour beaucoup et la défaite face à l’équipe slovène, qui était pourtant prenable, a rendu les choses encore plus compliquées. Pour se changer les idées, quelques-uns ont essayé de faire une petite sieste, alors que d’autres ont plutôt tenté de s’occuper avec leurs consoles de jeux vidéo. En effet, outre cette ambiance lourde, les Verts n’étaient pas au bout de leurs (mauvaises) surprises puisqu’au lieu d’atterrir directement à l’aéroport de Margat, qui est proche de leur camp de base, ils se sont retrouvés à Durban avant de rejoindre leur destination. C’est, en fait, à cause d’un mauvais éclairage qui a empêché l’avion de l’équipe nationale d’atterrir à Margat que les Verts ont été contraints de se poser à Durban pour faire ensuite près de 150 kilomètres par route vers leur quartier général. Ce n’est d’ailleurs qu’à 23 heures que les protégés de Rabah Saâdane sont arrivés à destination, fatigués et le moral à plat. Le mot d’ordre était de se reposer, récupérer et passer une bonne nuit d’un sommeil réparateur. Ce qui n’était pas aussi évident puisque la plupart des joueurs avaient, selon des sources concordantes, bien du mal à s’endormir. Chacun refaisait le match à sa façon, dans sa tête, avec comme point commun des regrets et beaucoup de remords qui n’ont, bien évidemment, servi à rien. Le gardien Fawzi Chaouchi et l’attaquant Abdelkader Ghezzal semblaient même inconsolables. Après une bonne nuit de sommeil, mais de réflexion aussi, c’est selon, la priorité était hier accordée à l’aspect psychologique puisque, conscient que sa troupe avait reçu un grand coup avec cette défaite inattendue et très évitable face à la Slovénie, le sélectionneur Rabah Saâdane a tenté de “soulager” mentalement les joueurs en insistant sur le fait qu’il “faut oublier cette première rencontre perdue et se projeter dans le second match face à l’Angleterre”. N’ignorant aucunement qu’une autre contre-performance, vendredi au Green Point Stadium du Cap, face à la bande de Fabio Capello, serait synonyme d’élimination précoce, le driver national espère pouvoir tourner une page avec ses joueurs, oublier le passé et ne penser qu’à cette seconde sortie face aux coéquipiers de Wayne Rooney.
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