Sur le plan diplomatique Ă©galement, les dĂ©gĂąts sont immenses. LâAqmi, en assassinant un otage français, envoie un message aux Ătats sahĂ©liens qui sont sous la protection du bouclier sĂ©curitaire français en indiquant que personne nâest Ă lâabri.
Lâaffaire Germaneau se termine de maniĂšre prĂ©visible avec son exĂ©cution par lâAqmi. AprĂšs le raid des forces franco-mauritaniennes au Mali, son sort Ă©tait scellĂ©. Une opĂ©ration qui risque de faire une autre victime en la personne de Nicholas Sarkozy. Mauvais renseignements, intervention militaire prĂ©cipitĂ©e ou raid de la derniĂšre chance. Sarkozy qui a ordonnĂ© le coup de force contre lâAqmi sâest parĂ© de ses habits les plus solennels pour tenter de trouver une issue Ă un dĂ©but de crise politique. Lâintervention du commando français a-t-elle prĂ©cipitĂ© lâexĂ©cution de lâotage français ? Cette question agite les observateurs politiques qui rivalisent dâexplications pour tenter de justifier ou condamner un raid militaire qui suscite toujours des interrogations. Paris semble avoir Ă©tĂ© tĂ©tanisĂ© par la nouvelle car cette exĂ©cution, qui vise un de ses ressortissants, sâest dĂ©roulĂ©e dans une zone du monde, le Sahel, oĂč il rĂ©gnait en maĂźtre. Aussi bien sur le plan Ă©conomique, politique que sĂ©curitaire. Le Mali est considĂ©rĂ© comme une sous-province française et les Ă©tats europĂ©ens doivent ĂȘtre abasourdis de constater que la perte dâinfluence de la France dans cette rĂ©gion ne les prĂ©munit guĂšre contre un risque terroriste de plus en plus transnational. Que Sarkozy promette vengeance ou expĂ©die par le premier avion Kouchner au Mali, au Niger ou en Mauritanie ne changera rien Ă lâhistoire. MalgrĂ© un raid, qui est un succĂšs sur le plan militaire (6 terroristes abattus et du matĂ©riel et des armes rĂ©cupĂ©rĂ©s), câest sur le terrain politique et diplomatique que Sarkozy risque dây laisser des plumes. Les observateurs peuvent dorĂ©navant spĂ©culer sur une opĂ©ration ambiguĂ« ou lâamateurisme dans la prĂ©paration et la dĂ©faillance dans le renseignement sont Ă©voquĂ©s Ă mots couverts. Des tĂȘtes vont certainement tomber Ă Paris dans un appareil de renseignement qui a dĂ©montrĂ© une faillite inquiĂ©tante, surtout que la France veut continuer Ă jouer un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la rĂ©gion du Sahel. Sur le plan diplomatique Ă©galement, les dĂ©gĂąts sont immenses. LâAqmi, en assassinant un otage français, envoie un message aux Ă©tats sahĂ©liens qui sont sous la protection du bouclier sĂ©curitaire français en indiquant que personne nâest Ă lâabri. Cela risque de refroidir les ardeurs de la lutte antiterroriste sauf au Mali oĂč la volontĂ© de traquer rĂ©ellement Al-QaĂŻda au Maghreb est quasi nulle. Le Sahel est au bord dâune nouvelle phase qui va ĂȘtre certainement explosive. Entre les dĂ©sirs de vengeance de Paris, lâimplication de plus en plus grande des Ătats-Unis, les craintes de lâEurope et la montĂ©e en puissance de lâAqmi, le Sahel va entrer dans une des pires pĂ©riodes de son histoire.
Edition du Mardi 27 Juillet 2010
âLes USA nâont aucune intention de dĂ©ployer des troupes en AlgĂ©rieâ
Daniel Benjamin, coordonnateur de la lutte antiterroriste au dĂ©partement dâĂ©tat
âLes USA nâont aucune intention de dĂ©ployer des troupes en AlgĂ©rie car nous avons confiance en les capacitĂ©s de lâAlgĂ©rie dans la lutte contre le terrorisme. Mais nous assurons des formations et des services. Mais je rĂ©pĂšte que nous ne sommes pas impliquĂ©s dans des opĂ©rations en AlgĂ©rie.â VoilĂ qui devrait, sans doute, Ă©loigner quelques soupçons nourris depuis de longs mois sur de prĂ©tendues intentions prĂȘtĂ©es aux AmĂ©ricains de vouloir installer une base militaire dans le Sud algĂ©rien. InvitĂ© par le gouvernement algĂ©rien, le coordonnateur de la lutte antiterroriste au dĂ©partement dâĂ©tat, M. Benjamin Daniel a exclu, hier, lâidĂ©e dâun dĂ©ploiement des troupes amĂ©ricaines en AlgĂ©rie et dans la rĂ©gion du Sahel, prĂ©fĂ©rant plutĂŽt le volet de la formation qui constitue, selon lui, la meilleure mĂ©thode de coopĂ©ration dans la lutte contre le terrorisme. âLâAlgĂ©rie est capable de mener la lutte toute seule. Les AlgĂ©riens sont fiers de leurs capacitĂ©s et des progrĂšs faits dans le domaine (âŠ) Nous apprenons beaucoup de son expĂ©rience. Câest un pays leader en la matiĂšreâ, a-t-il affirmĂ© au cours dâune confĂ©rence de presse organisĂ©e au siĂšge de lâambassade amĂ©ricaine Ă Alger. InterrogĂ© pour savoir si les Ă©tats-Unis sont engagĂ©s dans la rĂ©gion du Sahel, rĂ©gion qui fait actuellement la une des mĂ©dias internationaux aprĂšs lâassassinat, par la branche Al-QaĂŻda au Maghreb (Aqmi), de lâotage français en reprĂ©sailles Ă lâassaut franco-mauritanien contre ses membres au nord du Mali, le responsable amĂ©ricain sâest montrĂ© quelque peu prudent. âNous avons toujours Ă©tĂ© engagĂ©s, mais nous nâavons pas de troupes, ni nous menons des opĂ©rations. Nous laissons aux pays concernĂ©s le soin de mener les opĂ©rations contre les terroristes. Nous, nous leur apportons assistance et appui.â Soucieux sans doute de ne pas froisser les Français qui viennent dâengager des troupes sur le terrain, une mĂ©thode visiblement qui nâagrĂ©e pas Washington, Daniel Benjamin a affirmĂ© Ă propos de lâopĂ©ration quââil laisse aux Français le soin de commenter lâopĂ©rationâ. Il renvoie aussi aux Mauritaniens pour commenter les tenants de cette affaire. Qualifiant dââacte barbareâ lâassassinat de lâotage français qui rappelle que âle Sahel reste une menaceâ, le responsable amĂ©ricain soutient que son pays nâest pas hostile aux opĂ©rations, avec cependant cette prĂ©cision : âLa maniĂšre dont il faut procĂ©der appartient aux pays concernĂ©s.â M. Benjamin sâest refusĂ© aussi Ă commenter les informations selon lesquelles Washington aurait fourni des renseignements aux Mauritaniens. Les AmĂ©ricains ont-il informĂ© les AlgĂ©riens ? âJe ne fais pas de commentaire sur le renseignement. Mais nous avons une excellente coopĂ©ration dans plusieurs domainesâ, a-t-il dit, un tantinet diplomatique, ajoutant que âla coopĂ©ration tourne autour de plusieurs volets et nous nâavons jamais Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă un obstacleâ. M. Benjamin qui doit rencontrer, aujourdâhui, le ministre dĂ©lĂ©guĂ© Ă la DĂ©fense, M. GuenaĂŻzia, ainsi que le gĂ©nĂ©ral BousteĂŻla, patron de la Gendarmerie nationale, et M. BoukraĂą, DG par intĂ©rim du Centre africain de recherche sur le terrorisme (CAERT), nâĂ©voquera pas, avec ses homologues algĂ©riens, la question de la vente dâarmes. En revanche, il a Ă©voquĂ©, hier, avec M. Rezag Bara, conseiller du prĂ©sident de la RĂ©publique, la question des dĂ©tenus de Guantanamo et les questions de lâĂ©tat de droit. âNous avons Ă©voquĂ© le droit des dĂ©tenus Ă un procĂšs Ă©quitable. Nous avons aussi discutĂ© de lâĂ©tat de droit (âŠ) Mais nous ne perdons pas de vue que les terroristes sont des criminels et nous les traitons comme tels.â Le responsable amĂ©ricain nâa pas manquĂ© de remercier le gouvernement algĂ©rien sur lâassistance apportĂ©e au gouvernement US sur la question des dĂ©tenus de Guantanamo. InterrogĂ© sur la nature de la coopĂ©ration quâentretiennent les AmĂ©ricains avec le comitĂ© opĂ©rationnel dâĂ©tats-majors installĂ© en avril dernier Ă Tamanrasset, Daniel Benjamin a indiquĂ© que son pays apporte son soutien et quâil est disposĂ© Ă aider le gouvernement algĂ©rien. Mais il nâexiste pas de demande dâopĂ©rations communes. Par ailleurs, il a rappelĂ© que son pays considĂšre que le payement de rançons nâest pas la âbonne mĂ©thodeâ. Enfin, la dĂ©localisation de lâAfricom en Afrique nâest pas dâactualitĂ©, selon lui.
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