EDITION du mercredi 24 AOUT 2011

 

 

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Dilem du Mercredi 24 Août 2011 | Vu 3067 fois
 
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Edition du Mercredi 24 Août 2011

Chronique

Le laborieux et coûteux déboulonnage de nos dictateurs

 

Par : Mustapha Hammouche 

 

La prise de Tripoli, survenue avec une certaine rapidité, a tout de même valu le prix provisoire de plus de mille trois cents morts et cinq mille blessés. Et les insurgés ne sont pas encore parvenus jusqu’à Kadhafi et son premier cercle.
Difficile d’évaluer la part de sous-traitance dans cette offensive, mais, finalement, qu’importe les moyens utilisés contre un despote qui n’a jamais eu le scrupule de la manière dans l’exercice prolongé de sa tyrannie contre son peuple. Et de trois, donc !
En quelques mois, un troisième dictateur d’Afrique du Nord est sur le point de choir. Dans cette avalanche de despotes, on observe une constante : la “résistance” obstinée de chacun d’eux à la pression exercée par tout un peuple qui les pousse vers la sortie. Même au moment où leur effondrement devient évidemment inéluctable pour tous, eux s’obstinent encore,  emmurés dans leur bunker, à s’agripper à leur intenable position. 
Pourtant, il y a toujours un moment où la révolte tourne à la révolution, rendant irréversible la rupture du peuple avec le régime. Là encore, l’autocrate fait fi d’un vaste mouvement de contestation et n’écoute que son acharnement à conserver son emprise. Qu’importe que cela se fasse  contre l’avis quasi unanime de son peuple. Qu’importe surtout ce que coûtera son départ ! De toute manière, ce sont ceux qui restent qui paieront la facture humaine et matérielle de son déboulonnage. 
Les dictateurs ont ceci de caractéristique : ils ne peuvent pas se concevoir comme dépourvus de puissance. Mais d’une puissance absolue. Une toute-puissance. Cette perception quasi divine de leur être les empêche d’envisager leur succession, sinon, au pire, par leurs héritiers génétiques. Au cours de leur empire, ils développent cette idée de conscience incontestable et l’imposent autour d’eux par toute forme de terreur. Cette peur de remettre en cause l’omniscience et l’omnipotence du dictateur est diffusée, progressivement, et par paliers successifs, autour du pouvoir jusqu’au plus bas de l’échelle sociale. Quand beaucoup de monde commence à se poser la question : “Qui d’autre à sa place ?” c’est que le processus de déification à pris. Le peuple fonctionne déjà à la peur : tout prétendant, réel ou virtuel, est dévalorisé parce qu’il n’intimide pas. Le peuple renonce à l’exercice de sa souveraineté parce qu’il perçoit désormais le changement comme un renoncement à l’autorité, à la décision, à la contrainte qui entretient ce qu’il y a d’équilibre ; le prochain c’est l’incertitude, le chaos peut-être. “Le peuple m’aime !” criait Kadhafi, ébahi par le fait que des Libyens puissent finalement le haïr jusqu’à prendre les armes et marcher sur sa résidence.
C’est cette fascination, entretenue par la terreur multiforme qu’exerce un pouvoir autoritaire, qui finit par faire croire au dictateur qu’il est irremplaçable… par la volonté populaire. Mais cette volonté altérée finit par se réhabiliter, un jour, à la lumière d’un événement. Le despote sera toujours le dernier à appréhender l’imminence et la nécessité du changement. Peut-être ne l’appréhendera-t-il jamais.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr


www.liberte-algerie.com

UNE SOURCE DIPLOMATIQUE ALGÉRIENNE À L'EXPRESSION

«L'Algérie a souffert du régime El Gueddafi»

Par 
«La position de l'Algérie ne traduit nullement une gêne quelconque face au changement de régime en cours en Libye»
«La position de l'Algérie ne traduit nullement une gêne quelconque face au changement de régime en cours en Libye»

L'arrivée du CNT au pouvoir ne constituera en aucune manière un obstacle aux relations algéro-libyennes.

Quel sera l'avenir des relations algéro-libyennes avec la prochaine arrivée du CNT au pouvoir? Cette question est devenue récurrente après l'accélération des évènements chez notre voisin libyen.
Nombreux sont les observateurs à soutenir que la chute de Mouamar El Gueddafi et la probable prise de pouvoir par le Conseil national de transition à Tripoli changeront la donne des relations bilatérales entre l'Algérie et la Libye. Un avis que la diplomatie algérienne ne partage pas. Une source autorisée du ministère des Affaires étrangères a affirmé hier à L'Expression que l'arrivée du CNT au pouvoir ne gênera aucunement les relations entre les deux pays.
«La position de l'Algérie ne traduit nullement une gêne quelconque face au changement de régime en cours en Libye», a déclaré cette source sous couvert de l'anonymat. Voulant appuyer le point de vue de la diplomatie algérienne, cette source a rappelé que l'Algérie a longuement souffert des nombreux conflits que lui a créés le régime d'El Gueddafi. Il s'agit, notamment, des problèmes des frontières (signalons que des six pays limitrophes de l'Algérie, seule la Libye d'El Gueddafi n'a toujours pas ratifié le tracé frontalier entre nos deux pays), le jeu trouble du guide libyen dans la crise des Touareg avec le gouvernement malien... «...Le silence de la diplomatie algérienne ne traduit nullement une gêne quelconque face au changement de régime en cours en Libye, car il faut garder à l'esprit que c'est bien l'Algérie qui a souffert le plus des nuisances de l'ancien régime sur de nombreuses questions sensibles telles que les frontières, le Censad, l'Etat unitaire touareg, etc», a expliqué notre source. Voulant apporter d'autres développements à la démarche d'Alger, le diplomate algérien, qui s'exprimait sous anonymat, a tenu à rappeler que l'Algérie n'a, depuis le déclenchement du mouvement de contestation à Benghazi, soutenu «ni politiquement, ni militairement ni sous aucune autre forme, le régime d'El Gueddafi».
Par la même occasion, notre source précise que l'Algérie n'a pas, non plus, «de prévention particulière» à l'égard du CNT avec lequel Alger avait déjà ouvert des passerelles de communication. S'exprimant quant à l'approche de l'Algérie sur ces événements, cette source affirme que «nous ne succombons ni au mimétisme, ni à l'émotion et encore moins au diktat de l'actualité événementielle». La diplomatie algérienne considère sa vision «de rationnelle» et surtout d'une approche réfléchie. Cela se justifie par le fait qu'Alger défend ses intérêts liés, notamment, à la sécurité nationale. La même source a fait savoir que ces intérêts commandent à l'Algérie de se concentrer sur une double préoccupation. Il s'agit, en premier lieu, de la sécurité et la stabilité durables de la Libye qui inquiète dans la mesure où ces deux éléments «ne manqueront pas d'avoir des répercussions cruciales sur le voisinage immédiat», est-il soutenu. L'autre question qui est au centre des inquiétudes de l'Algérie est incontestablement l'avenir des stocks d'armes détenus par la Libye. En pleine crise libyenne, l'Algérie n'a pas manqué d'alerter la communauté internationale sur la circulation incontrôlée des armes en provenance de Libye et qui pourraient profiter aux groupes terroristes.
«Entre autres questions qui s'imposent, figurent la question du devenir de stocks d'armements de cette gigantesque armurerie qu'est la Libye et la question relative au rôle des particularismes tribaux et régionaux dans l'éventuelle exacerbation du potentiel d'instabilité» nous indique notre source. Enumérant les autres préoccupations de l'Algérie, le diplomate évoque l'avenir unitaire et démocratique de ce pays.
«Cette préoccupation n'est pas une vue de l'esprit quand on connaît la composition hétérogène, la position hégémonique de certains courants radicaux et le potentiel des forces centrifuges.»
Et d'ajouter: «Tout ceci pour vous dire que l'Algérie s'exprimera sur la situation en Libye, lorsqu'elle le jugera approprié et en tenant dûment compte de l'ensemble des paramètres relatifs à une analyse minutieuse de la réalité sur le terrain et de toutes ses implications locales et régionales, car notre sécurité est liée au rétablissement de l'ordre et de la stabilité en Libye.»

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24/08/2011
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