Les justifications fournies hier par le directeur de la coopĂ©ration et de lâĂ©change interuniversitaire au MES sont peu convaincantes et nâont pas rĂ©ussi Ă dissiper les craintes provoquĂ©es par cette mesure liberticide.
Au lendemain de la rĂ©action de la communautĂ© scientifique qui a initiĂ© une pĂ©tition visant Ă dĂ©noncer la dĂ©cision de leur tutelle ciblant, selon elle, Ă limiter les participations des universitaires aux colloques internationaux, le ministĂšre de lâEnseignement supĂ©rieur a rĂ©agi hier. Il a organisĂ© un point de presse au siĂšge de son dĂ©partement pour dĂ©mentir âces accusationsâ et expliquer le contenu de ladite circulaire, tout en changeant le ton radical dont le ministĂšre a usĂ© au dĂ©part. âJe dĂ©mens solennellement tout ce qui a Ă©tĂ© dit concernant la restriction de la mobilitĂ© des universitaires. Il nây a eu aucune dĂ©cision qui limite le dĂ©placement ou encore la participation des enseignants ou universitaires Ă des congrĂšs Ă lâĂ©trangerâ, a dĂ©clarĂ© M. Arezki SaĂŻdani, directeur de la coopĂ©ration et de lâĂ©change interuniversitaire au ministĂšre de lâEnseignement supĂ©rieur. Il prĂ©cise que ladite circulaire ne fait quâattirer lâattention des enseignants sur la participation Ă des manifestations organisĂ©es sous le couvert scientifique par des lobbies Ă caractĂšre politique. âDes participants se sont retrouvĂ©s signataires de pĂ©titions et impliquĂ©s dans des positions allant Ă lâencontre des intĂ©rĂȘts nationauxâ, a-t-il expliquĂ©. Et dâajouter quâĂ travers cette dĂ©cision, le ministĂšre de lâEnseignement et de la Recherche scientifique a, simplement, demandĂ© Ă ĂȘtre informĂ© sur des cas de participation Ă des manifestations Ă caractĂšre sensible âafin dâorganiser la concertation avec le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres et de permettre Ă lâenseignant de disposer de toutes les informations nĂ©cessaires et utiles avant son dĂ©placementâ, a-t-il dit. M. SaĂŻdani a rappelĂ©, Ă©galement, la procĂ©dure Ă©tablie par le ministĂšre de lâEnseignement supĂ©rieur et de la Recherche scientifique qui se rĂ©sume Ă prendre ses dispositions, six mois Ă lâavance, pour organiser en AlgĂ©rie un congrĂšs, un colloque, une confĂ©rence ou des journĂ©es dâĂ©tude, en dĂ©posant un âdossier techniqueâ et dâattendre la rĂ©ponse, dans un dĂ©lai dâun mois. Dans tous les cas de figure, le passage est obligatoire par la direction de la coopĂ©ration et des Ă©changes interuniversitaires du ministĂšre de tutelle. Il a expliquĂ© que la direction doit ĂȘtre systĂ©matiquement informĂ©e des personnalitĂ©s Ă©trangĂšres invitĂ©es pour participer Ă ce type dâactivitĂ©s, afin de leur faciliter, entre autres, lâobtention des visas auprĂšs des reprĂ©sentations diplomatiques et consulaires. âLâensemble de ces mesures vise Ă renforcer la coordination entre le ministĂšre et les Ă©tablissements sous tutelle, dans le souci dâoptimiser le niveau de performance des diffĂ©rents programmes mis en Ćuvreâ, a-t-il argumentĂ©. Le directeur de la coopĂ©ration a tenu Ă©galement Ă rassurer la communautĂ© scientifique en rĂ©itĂ©rant quâil nây aura aucune ârestrictionâ. Bien au contraire, il est question, selon lui, dâĂ©largir la coopĂ©ration scientifique. Afin de se justifier, il sâest lancĂ© dans un discours des statistiques concernant la coopĂ©ration et les Ă©changes interuniversitaires. Il a Ă©voquĂ© le projet 2000/2013 qui concerne 936 conventions dâĂ©change scientifique dans plusieurs pays partenaires. Il a parlĂ©, Ă©galement, de lâouverture de lâuniversitĂ© algĂ©rienne Ă lâinteractivitĂ©. Ă ce propos, il sâagit dâatteindre le nombre de prĂšs de 5 200 bourses pour les maĂźtres-assistants et les chargĂ©s de cours dans 21 pays dâici 2014. Du cĂŽtĂ© de la communautĂ© scientifique, les enseignants ne dĂ©colĂšrent toujours pas et campent sur leur position. Ils considĂšrent que cette dĂ©cision âest intolĂ©rableâ et porte atteinte Ă leur libertĂ© dâinitiative.
Circulaire du ministĂšre de lâenseignement supĂ©rieur rĂ©glementant la mobilitĂ© des universitaires
39 enseignants et chercheurs exigent son abrogation
Par : DJAZIA SAFTA Lu : (267 fois)
La circulaire du ministĂšre de lâEnseignement supĂ©rieur limitant les sorties des enseignants et chercheurs du supĂ©rieur Ă lâĂ©tranger continue de provoquer un tollĂ© au sein de la communautĂ© scientifique. Pour cause, depuis quelques jours que la pĂ©tition circule, 39 chercheurs et enseignants, quâils soient installĂ©s en AlgĂ©rie ou Ă lâĂ©tranger, ont signĂ© le document pour exiger lâabrogation de cette circulaire, selon un communiquĂ© rendu public, hier. Dans ce document, les enseignants et chercheurs de lâuniversitĂ© algĂ©rienne sont convaincus quââil sâagit lĂ dâune atteinte grave aux libertĂ©s fondamentales des citoyens consignĂ©es dans la Constitution.â Ils ajoutent que âcâest Ă©galement une remise en cause des libertĂ©s acadĂ©miques et une atteinte Ă la libertĂ© de recherche consacrĂ©e par la charte de lâUnesco et la dĂ©claration mondiale sur lâenseignement supĂ©rieur pour le XXe siĂšcle : vision et action, adoptĂ©e le 9 octobre 1998 par la ConfĂ©rence mondiale sur lâenseignement supĂ©rieur, organisĂ©e par lâUnesco. Notre pays est un membre de lâUnesco et signataire de la charte et des textes de lâUnesco qui rĂ©gissent lâactivitĂ© et le fonctionnement des Ă©tablissements de lâenseignement supĂ©rieur.â Dans sa pĂ©tition, la communautĂ© scientifique rappelle aux pouvoirs publics quââils sont tenus de respecter la charte et les textes de lâUnesco qui rĂ©gissent lâactivitĂ© acadĂ©mique des Ă©tablissements de lâenseignement supĂ©rieurâ. âLes travaux acadĂ©miques et de recherche des historiens, des sociologues, des psychologues, des philosophes et de tous les enseignants-chercheurs de lâuniversitĂ©, toutes disciplines confondues, nâont besoin dâaucun ukase, ni dâaucune imprimatur venant de vigiles de la pensĂ©e unique. La seule et unique autoritĂ© capable de juger leurs travaux est lâautoritĂ© acadĂ©mique et scientifique conformĂ©ment Ă lâĂ©tique universitaire et aux textes de lâUnescoâ, souligne le document. Celui-ci revient aussi sur les raisons qui ont poussĂ© le MERS Ă prendre une telle mesure. Il sâagit en fait de reprĂ©sailles. âDes universitaire auraient participĂ© Ă des rencontre internationales (congrĂšs, colloques, sĂ©minaires, confĂ©rences, ateliers, journĂ©es dâĂ©tude), ce quâils font par ailleurs depuis que lâuniversitĂ© existe et depuis que la recherche scientifique existe en mettant en dĂ©bat le rĂ©sultat de leurs travaux (toutes disciplines confondues). Il semblerait quâaux yeux des autoritĂ©s de tutelle, saisies par dâautres instances (MAE en lâoccurrence), des propos auraient Ă©tĂ© tenus et des positions dĂ©fendues par des universitaires algĂ©riens qui iraient Ă lâencontre de la politique du gouvernement et des intĂ©rĂȘts de lâÉtat. On aurait Ă©galement appris par voie de presse que la tutelle aurait Ă©tĂ© destinataire de plaintes dâuniversitĂ©s ou de gouvernements Ă©trangers (du Moyen-Orient en particulier) du comportement indigne de certains universitaires algĂ©riens bĂ©nĂ©ficiant dâordres et de frais de mission destinĂ©s Ă la recherche et qui auraient Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s de leurs fins dĂ©clarĂ©es portant ainsi prĂ©judice Ă lâimage de lâAlgĂ©rieâ, souligne encore le document signĂ© par ces universitaires. |