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Séisme en Haïti Le point sur la situation, deux jours après le drame L'enfer en images Haïti, pays maudit Suivre les informations en temps réel Interview de Rémy Bossu, sismologue : "Le drame, c'est que le séisme a eu lieu au coeur d'une ville, et dans un pays pauvre" Twitter au coeur de la crise De Paris à Miami, l'angoisse des Haïtiens de l'étranger

Spectacle de désolation dans le centre de Port-au-Prince. Les cadavres jonchent le sol, les rares bâtiments encore debout menacent de s’effondrer, des milliers de personnes restent bloquées dans les décombres. Le Champs de Mars, célèbre avenue de la ville, n’est désormais plus qu’un immense camp de réfugiés.

Trois millions d’Haïtiens ont passé leur deuxième nuit dehors, dans l’obscurité totale. Le séisme de magnitude 7 qui a secoué l’île, mardi, a détruit une grande partie des infrastructures, privant le pays d’électricité.

Jeudi matin, la rumeur d’un tsunami s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rues de la capitale. Des milliers de survivants paniqués, les nerfs à vif, traînant les blessés, se sont précipités vers les hauteurs du quartier de Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince, pour trouver un refuge.

Manque de moyens

Les Haïtiens fouillent les ruines à mains nues, tentant de soulever d’énormes blocs de béton à la seule force des bras. Les mieux équipés s’échinent à coup de marteaux-piqueurs sur des restes de bâtiments.

Les hôpitaux, comme les bâtiments gouvernementaux, ont été très fortement endommagés. Les structures opérationnelles sont saturées, les blessés sont entassés dans les couloirs à même le sol. Pas d’eau courante, pas de médicaments, peu de médecins : l’île manque de tout.

Le bâtiment de l’ONU n’a pas été épargné par le séisme. Entre 200 et 250 personnes étaient présentes lorsque l’immeuble s’est effondré. Un bilan officiel fait état de 16 morts - trois policiers jordaniens, un Argentin et un Tchadien ainsi que 11 soldats brésiliens de la force de maintien de la paix - et de 56 blessés. Jeudi, une centaine de membres de la mission étaient encore portés disparus.

Lors d’une conférence de presse, ce jeudi en début d’après-midi (heure de Paris), le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a assuré qu’environ 300 ressortissants français avaient trouvé refuge à l’ambassade de France, partiellement détruite, et à l’ambassade des États-Unis, épargnée par la catastrophe. "91 Français blessés ont été évacués vers la Martinique. Sept d’entre eux se trouvent dans un état grave", a déclaré Bernard Kouchner. Une cinquantaine de Français, qui se trouvaient dans des zones à fort risque, sont par ailleurs activement recherchés.

Patrick Delforge, lieutenant colonel, sécurité civile (unité UIISC7)

Le Premier ministre, Jean-Max Bellerive, craint que le bilan ne dépasse les 100 000 morts. "Nous allons avoir besoin d’eau, de nourriture, de médicaments parce qu’il y a des blessés et que nous n’avons pas encore retrouvé toutes les victimes dans les décombres. Pour l’instant, nous continuons les recherches. Nous allons avoir besoin de beaucoup d’aide", a lancé le chef du gouvernement.

"C’est une véritable course contre la montre, renchérit sur l’antenne de FRANCE 24 Pierre Salignon, membre de Médecins du monde. On parle de blessés dans les rues. En terme de prise en charge médicale, il va falloir très rapidement monter des structures sous tentes, parce que les hôpitaux sont détruits." L’organisation devrait envoyer 40 tonnes de matériel, vendredi.

Importante mobilisation internationale

La communauté internationale s’est massivement mobilisée pour apporter son aide aux Haïtiens. Dès sa réouverture, mercredi, l’aéroport de Port-au-Prince est rapidement arrivé à saturation devant l’afflux d’avions chargés de sauveteurs et de denrées.

Le séisme a été très puissant mais très localisé. À seulement une soixantaine de kilomètres de Port-au-Prince, aucune trace du séisme n’est visible. Laurence Cuvillier, envoyée spéciale en Haïti (14/01/09 08:00 - GMT+1)

La République dominicaine voisine a été parmi les premières à proposer son soutien. "Un hôpital public mobile a été installé par le gouvernement de République dominicaine à la frontière avec Haïti. Actuellement, 80 blessés sont soignés sur place. Mais il faut une heure aux ambulances pour arriver de Port-au-Prince, à cause des routes en très mauvais état", témoigne Laurence Cuvillier, envoyée spéciale de FRANCE 24.

Un porte-avions américain, attendu sur place dans les heures qui viennent, servira de base arrière aux opérations de secours dans le pays. Un navire hôpital devrait également être dépêché sur la zone, sur lequel les blessés seront acheminés par hélicoptère.

Trois avions de transport militaire français ont par ailleurs décollé de Fort-de-France, en Martinique, avec une cinquantaine de personnes et du matériel humanitaire à bord. Un autre appareil, chargé de cinq tonnes de matériel, doit quitter Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, ce jeudi. Parallèlement, une soixantaine de membres de la sécurité civile française ont embarqué la nuit dernière de la base d’Istres, dans le sud de la France. Un hôpital mobile doit, en outre, arriver vendredi matin sur l’île.

 

"La France travaille en étroite coordination avec les États-Unis, nous avons des rapports très étroits avec madame Clinton et le centre d’urgences de Washington", a indiqué Bernard Kouchner, ajoutant que les deux pays réfléchissaient d’ores et déjà à la gestion de "l’après-crise".

Le Canada, l’Union européenne, la Chine et l’Islande ont également envoyé de l’aide. Des sauveteurs indonésiens, chiliens, vénézuéliens, mexicains, colombiens sont attendus sur place. Plusieurs pays, notamment le Japon et l’Australie, ont promis à Haïti une aide financière conséquente. La Banque mondiale s’est engagée, quant à elle, à débloquer 100 millions de dollars supplémentaires en faveur du pays. Le Fonds monétaire international et la Banque interaméricaine de développement devraient lui emboîter le pas.

"La Marine américaine a mis en place des moyens extrêmement importants sous les ordres de Barack Obama". Guillaume Meyer, correspondant France 24 à Washington.

Une équipe d’architectes et d’ingénieurs français de Fondation architectes de l’urgence s’apprêtent, enfin, à gagner Haïti pour sécuriser les bâtiments publics et commencer la reconstruction des hôpitaux et des centres de santé.