Essai nucléaire * nord-coréen *
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SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord a annoncé lundi avoir procédé à un essai nucléaire, suscitant à Washington, où l'on parle d'"acte de provocation", Tokyo, Pékin, Séoul et Moscou de vives réactions assorties d'un appel à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu.
Pyongyang a annoncé par le biais de son agence de presse officielle KCNA avoir procédé à un essai nucléaire souterrain. "en toute sécurité et avec succès".
La Chine a fermement dénoncé l'essai nucléaire nord-coréen qu'elle a qualifié d'acte "effronté", et a demandé à Pyongyang de s'abstenir de tout nouvel acte susceptible d'aggraver la situation actuelle.
A Moscou, Vladimir Poutine a condamné "inconditionnellement" l'initiative nord-coréenne. "Il ne s'agit pas que de la Corée, il s'agit aussi du tort énorme que cela fait au processus de non-prolifération des armes nucléaires", a ajouté le président russe dont les propos, devant ses principaux ministres, ont été diffusés à la télévision.
"Un essai nucléaire nord-coréen constituerait un acte de provocation au mépris de la volonté de la communauté internationale et de nos appels à éviter tout acte susceptible d'aggraver les tensions en Asie du Nord-Est", a déclaré pour sa part le porte-parole de la Maison blanche, Tony Snow.
Dans un communiqué, la présidence finlandaise de l'Union européenne dénonce un geste "provocateur" qui "menace profondément la stabilité régionale et représente une grave menace pour la paix et la sécurité internationales".
Le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, a souligné qu'il appartenait à la "communauté internationale de réagir à cette nouvelle situation et d'apporter une réponse ferme à Pyongyang".
Selon la Maison blanche, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, John Bolton, va solliciter une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, qui avait à l'unanimité mis en garde la semaine dernière Pyongyang contre les conséquences d'un essai militaire.
La présidence sud-coréenne s'y est dite favorable elle aussi, de même que la Russie et le Japon, dont le Premier ministre, Shinzo Abe, venait d'arriver à Séoul lorsque la dépêche de KCNA est tombée.
Mais le secrétaire général du nouveau gouvernement japonais, Yasuhisa Shiozaki, a annoncé que l'essai nord-coréen n'amènerait pas Tokyo à revenir sur son refus de détenir l'arme atomique. "Il n'y a absolument aucun changement dans la politique du Japon sur les armes nucléaires", a-t-il dit.
MOSCOU CONFIRME "À 100%"
L'Institut américain de surveillance géologique a annoncé avoir détecté une secousse de 4,2 degrés en Corée du Nord à 01h35 GMT lundi.
Les autorités russes ont confirmé "à 100%" qu'il s'agissait bien d'un essai nucléaire, et le ministre de la Défense, Sergueï Ivanov, a précisé que l'engin nucléaire testé avait une puissance de 5 à 15 kilotonnes (la bombe d'Hiroshima avait une puissance de 12,5 kilotonnes).
"Il ne fait aucun doute qu'il y a eu une explosion souterraine. Nous connaissons avec précision l'endroit où elle a eu lieu", a-t-il ajouté.
D'après des informations non confirmées, Pyongyang aurait prévenu Moscou deux heures à l'avance. Selon un haut responsable américain, Pékin aurait été alerté vingt minutes avant que les scientifiques nord-coréens ne procèdent au tir contrôlé.
LE JAPON ENVISAGE DE NOUVELLES SANCTIONS
Pyongyang avait annoncé en début de semaine dernière, sans donner de date, son intention d'effectuer son premier essai nucléaire. Le Japon avait estimé qu'un tel acte serait "inacceptable".
Cet essai intervient alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe, après une courte visite à Pékin, est arrivé à Séoul. Il coïncide également avec la nomination officielle du ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Ban Ki-moon, au poste de secrétaire général de l'Onu.
En des termes inhabituellement vifs, Pékin, traditionnel allié de Pyongyang, demande aux Nord-Coréens de réintégrer le processus de "pourparlers à six" destiné à résoudre la crise liée au programme nucléaire militaire du Nord communiste.
"La Corée du Nord n'a tenu aucun compte de l'opposition importante affichée par la communauté internationale et a de manière effrontée procédé à un essai nucléaire le 9 octobre", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. "Le gouvernement chinois y est fermement opposé."
La Corée du Sud, qui prônait jusque là le dialogue pour sortir de la crise du nucléaire dans la péninsule, a reconnu par la voix de son président qu'elle avait "désormais perdu du terrain" face à des mesures fortes telles que des sanctions. Le niveau d'alerte des forces armées a parallèlement été accru.
Le 5 juillet dernier, la Corée du Nord avait procédé au tir expérimental de sept missiles, dont un Taepodong-2 de longue portée, qui était retombé peu après son lancement. Les autres missiles avaient chuté en mer du Japon.
Le 10 février 2005, la Corée du Nord, qui a dénoncé en 2003 le Traité de non prolifération nucléaire (TNP), avait annoncé avoir fabriqué des armes nucléaires et quitter les "pourparlers à six" sur son programme nucléaire militaire.
Les spécialistes des questions de défense estiment qu'elle ne sait probablement pas fabriquer une arme atomique suffisamment petite pour être logée dans une tête nucléaire de missile.