Que l’histoire est belle.
Tandis que leur participation au Mondial avait été remise en cause après le séisme ayant entrainé l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima, les Japonaises ont créé l’énorme surprise en triomphant des archi-favorites Américaines, sur le sol du double champion en titre allemand. Passées à un rien de la défaite, les filles de Norio Sasaki ont marqué ce dimanche l’une des plus belles pages de l’histoire du sport nippon, au meilleur moment.
Tout simplement hallucinant. Annoncées outsiders avant les quarts de finale, les Japonaises ont enchaîné les exploits. En premier lieu face à l’Allemagne, pays organisateur et lauréat des deux dernières éditions, en quarts de finale. Puis face à la Suède au tour suivant, en surprenant tout le monde devant des Scandinaves médusées. Mais le plus beau reste cette finale dantesque face à des Américaines qui, menant au score par deux fois, se sont vues un peu trop tôt soulever un trophée qui revient finalement à des Japonaises héroïques, dans tellement de sens différents.
Archi-dominées en première période, les Asiatiques plient mais ne rompent pas, jusqu’à l’ouverture du score d’Alex Morgan à vingt minutes du terme. A l’image de sa buteuse, qui déclarait sur son Tweeter avant la rencontre « le 17 juillet 2011, mon rêve devient réalité », les Américaines lèvent le pied jusqu’à la mésentente entre la vétérane Rampone et Krieger permettant à Miyama d’égaliser à la 80e. Le scénario se reproduit en fin de première période de la prolongation. Wambach, déjà bourrelle des Françaises en demi-finale, reprenait un centre de Morgan pour inscrire son quatrième but de la compétition, son treizième en Coupe du Monde. C’est ici que le terme « héroïque »prend son sens. Dominées très largement sur les plans physique et athlétique depuis près de 115 minutes, les Japonaises jettent leurs dernières forces dans la bataille jusqu’à l’aile de pigeon de Sawa, capitaine emblématique de la sélection japonaise. A trois minutes d’un troisième titre mondial qui leur tendait les mains, les Américaines se sont donc fait hara-kiri.
Un séisme dans la planète football
Dans l’Arena de Francfort, personne ne pouvait alors envisager une issue défavorable aux Japonaises avant la séance de loterie, tant le destin semblait avoir choisi son camp. Le charme et l’efficacité de Hope Solo n’y changent rien. Les tireuses américaines (dont le choix est discutable, notamment concernant la jeune Tobin Heath, à peine entrée en jeu), se plantent totalement et le Japon l’emporte finale 3-1 aux tirs au but après la lucarne trouvée par Saki Kumagai, du haut de ses 20 ans. L’Asie remporte donc la première Coupe du Monde de football de son histoire, hommes et femmes confondus. Plus beau encore, le Japon tient un exploit qui, compte tenu du contexte, relève largement de l’extra-sportif. Les sourires sur les visages japonais avant-même la séance de tirs au but étaient révélateurs de l’état d’esprit de la troupe de Norio Sasaki, qui avouait avant le match être conscient de l’importance accordée à cette finale par un peuple japonais qui voyait là une issue à une crise longue de plus de quatre mois.
Symbole de cette équipe au courage indescriptible, Homare Sawa, dans tous les bons coups depuis l’ouverture de ce Mondial, qui termine meilleure buteuse de la compétition avec cinq réalisations. Désignée meilleure joueuse du tournoi devant les Américaines Abby Wambach et Hope Solo, la capitaine nipponne aura porté son équipe sur le toit du monde. Lauréates du prix du fair-play de surcroit, les Japonaises n’ont pas seulement montré au monde du football qu’on savait jouer au ballon en Asie, mais que l’envie de faire vibrer son pays pouvait combler bien des déficits sur le terrain. Et, tout étant relatif, ce mois de juillet sera marqué par ces 21 joueuses qui auront réussi l’exploit de magnitude 9.0 de redonner enfin une raison de se réjouir à 127 millions de Japonais.