Le village de Tabanli, en Turquie le 23 mars 2011 après le séisme

"C'est un puissant séisme (...) Il peut causer entre 500 et 1.000 morts", a estimé au cours d'une conférence de presse Mustafa Gedik, le chef de l'Institut sismologique de Kandilli, à Istanbul.

"Le séisme a été très fortement ressenti à Van (ville de 380.000 habitants, ndlr) et dans ses environs, provoquant, selon les premières informations, des dégâts et des pertes en vies humaines", avait auparavant annoncé la direction des situations d'urgence, un organisme officiel, à Ankara, sans préciser le nombre de morts.

Des personnes sont ensevelies sous les décombres, ont souligné les médias.

Le vice-Premier ministre turc, Besir Atalay, a déclaré qu'une quarantaine de bâtiments, dont un pensionnat, s'étaient écroulés dans la province de Van, située dans l'extrême Est de la Turquie et peuplée majoritairement de Kurdes.

Les dégâts les plus importants auraient été constatés, à Ercis, une agglomération de 100.000 habitants. Un photographe de l'AFP a vu sur place des dégâts massifs sur l'artère principale.

De nombreux habitants quittaient la ville, privée d'électricité, formant un convoi sur l'autoroute. Par crainte de répliques, les gens restaient à l'extérieur et s'apprêtaient à passer la nuit à la belle étoile autour de braseros, dans l'attente des tentes promises par les autorités.

La chaîne de télévision d'information NTV a rapporté que dans cette seule ville, un millier de blessés étaient à déplorer. "J'ai vu trois ou quatre corps extraits d'un immeuble de 8 étages qui s'est effondré", a expliqué à l'AFP Salim, un habitant d'une trentaine d'années.

"Il y avait 24 appartements dans cet immeuble", a-t-il dit, craignant pour la vie des autres résidents.

L'épicentre du séisme, qui s'est produit à 10H41 GMT, se trouvait à 19 kilomètres au nord-est de Van, a précisé aux Etats-Unis l'USGS, la référence en matière de séismes.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui était à Istanbul (ouest) au moment du tremblement de terre, également ressenti dans les provinces voisines de celle de Van ainsi qu'en Iran, s'est rendu à Van avec plusieurs ministres.

"La secousse a provoqué une grande panique", a raconté le maire de Van, Bekir Kaya, soulignant que le réseau téléphonique de sa ville était fortement endommagé.

Sur les images diffusées par NTV, on voyait plusieurs dizaines d'habitants s'affairant avec des pioches et des pelles dans les décombres d'un bâtiment de huit étages situé dans la ville de Van, sans attendre l'arrivée des secouristes.

La tombée de la nuit a entravé les opérations de secours qui se poursuivaient à la lumière des générateurs alors que la température ne devrait pas dépasser les 3 degrés Celsius dans la zone du séisme, selon les prévisions météorologiques.

Le Croissant-Rouge s'est mobilisé et a envoyé des tentes et du personnel dans la zone sinistrée. L'armée a aussi dépêché des secouristes sur place.

Un séisme de cette puissance est d'autant plus susceptible de causer des dégâts substantiels en Turquie que de nombreuses habitations ont été construites sans que les normes anti-sismiques établies ne soient respectées, ont averti les sismologues.

Plusieurs pays, dont Israël qui connaît une crise diplomatique avec Ankara, ont proposé leur aide à la Turquie, un pays fréquemmenet en proie aux tremblements de terre.

Deux violents séismes dans les régions industrialisées du Nord-Ouest y avaient fait environ 20.000 morts, en août et novembre 1999.

En 1976, un tremblement de terre avait fait plus de 3.800 morts à Caldiran, dans la province de Van.