Iran, le bras de fer avec les opposants continu

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Iran, le bras de fer avec les opposants continue

La police a tenté d’interdire un nouveau rassemblement de l’opposition dans une mosquée d’Ispahan à la mémoire de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, décédé dimanche.

En Iran, c’est devenu un rituel. Chaque commémoration est l’occasion pour les opposants au régime de manifester leur colère. Ce fut le cas lundi lors des obsèques de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri dans la ville de Qom. C’était le cas hier à Ispahan, à quelques jours de la célébration par les chiites de l’Achoura, qui commémore la fin tragique de Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et fils d’Ali, tué en 680.

Selon le site d’opposition Rahesabz, la police iranienne, aidée par les milices bassidjis, a tenté d’interdire une prière à la mémoire de l’ayatollah Montazeri dans la mosquée Seyed, située au centre-ville, sous la direction de l’ayatollah Jalaledin Taheri, un religieux proche de l’opposition. Les affrontements se sont poursuivis en milieu de matinée et en début d’après-midi. La police, qui a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, parmi lesquels beaucoup de femmes, a interpellé une cinquantaine de personnes, dont quatre journalistes. Najafabad, ville natale de Montazeri, dans le centre du pays, a également été le théâtre de violentes manifestations.

Rendu sans doute nerveux par la tournure que risque de prendre la situation, le chef de la police iranienne, le général Esmaïl Ahmadi Moghadam, a averti l’opposition que « la police agira avec fermeté contre les perturbateurs de l’ordre Â».

À Qom, où la maison de l’ayatollah décédé, Hossein Ali Montazeri, ainsi que les bureaux de l’ayatollah Youssef Sanei, religieux proche des réformateurs, avaient été attaqués mardi par des bassidjis, la famille du défunt Montazeri a décidé d’annuler les cérémonies de deuil du troisième jour prévues hier dans une mosquée de la ville.

En arrière-plan de ces manifestations, le président Ahmadinejad a rejeté mardi l’ultimatum fixé à la fin de l’année par les États-Unis et ses alliés pour que l’Iran accepte un accord international sur l’enrichissement de son uranium. « Certains démons leur ont rapporté que le gouvernement iranien est affaibli et qu’il est temps de faire pression sur lui Â», a-t-il déclaré. « Nous n’aimons pas les conflits Â», a-t-il poursuivi, clamant que son gouvernement est « aujourd’hui dix fois plus fort qu’il ne l’était l’an dernier Â».

Hassane Zerrouky

Article paru le 8 décembre 2009

MONDE

L ’opposition dans la rue contre Ahma dinejad

Plusieurs milliers de jeunes gens ont manifesté hier à Téhéran à l’occasion de la journée nationale des étudiants, en dépit des mises en garde du guide de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei.

En Iran, l’opposition au pouvoir d’Ahmadinejad ne rate aucune occasion commémorative de manifester contre le pouvoir du président. C’était encore le cas hier, pour « la journée nationale des étudiants Â» commémorant la mort de trois d’entre eux tués par la police du shah le 7 décembre 1953, où plusieurs sites Internet réformateurs ont appelé à un rassemblement près du campus de l’université de Téhéran « pour protester contre le coup d’État Â», à savoir contre la réélection contestée d’Ahmadinejad le 12 juin dernier.

les gaz lacrymogènes utilisés par la police

La police, qui avait bouclé tôt dans la matinée le centre de la capitale iranienne, l’université et les rues qui y mènent et interdit aux correspondants de la presse étrangère de couvrir ces événements n’a pu empêcher les rassemblements. Elle a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants place Vali-ye-Asr, et sur l’avenue Enghelab, qui longe l’université, ainsi que sur les places Haft-e-Tir et Ferdowsi, dans le centre de la cité. Les manifestations se sont poursuivies dans l’après-midi en plusieurs endroits à proximité de l’université et au sein même de plusieurs centres universitaires de la capitale. De son côté, l’agence officieuse Fars a rapporté des échauffourées entre étudiants et partisans du pouvoir dans l’enceinte même de l’université de Téhéran. Selon plusieurs témoins, les bassidjis (miliciens islamistes), qui secondaient la police, auraient fait usage de pistolets à impulsion électrique de type Taser contre les opposants au régime. Pour l’agence officielle Irna, la police a réussi à empêcher les étudiants de sortir de l’université.

Cette mobilisation, la troisième après celles organisées le 18 septembre et le 4 novembre marquant le 30e anniversaire de la prise de l’ambassade des États-Unis à Téhéran, intervient dans un contexte national et international tendu. Sur le plan interne, la répression du pouvoir et les multiples condamnations de manifestants à la prison ferme n’ont pas réussi à faire taire l’opposition. « Si vous imposez le silence dans les universités, que pouvez-vous pour la société Â» s’est demandé, sur son site Internet, Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 12 juin  ?

Même tonalité de l’ancien président iranien Rafsandjani, qui a déploré que le pouvoir « ne supporte plus les critiques constructives Â» et a appelé à l’instauration d’« un climat de liberté Â». Au plan international, après l’inquiétude suscitée par l’annonce de la construction de dix nouvelles usines d’enrichissement d’uranium le 29 novembre dernier, annonce intervenant deux jours après le vote par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’une résolution condamnant Téhéran, le guide de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a expliqué que son pays « cherche à maîtriser la technologie nucléaire dont il a besoin, car, s’il ne le fait pas aujourd’hui, demain, lorsque l’économie mondiale sera fondée sur cette technologie, il sera trop tard Â».

L’Iran, a-t-il poursuivi, ne veut pas « Ãªtre obligé, dans vingt ou trente ans, de tendre la main aux Occidentaux Â». Aussi, a-t-il prévenu Washington et ses alliés qu’ils « ne parviendront pas Â» à isoler l’Iran, tout en lançant une mise en garde à l’opposition réformatrice qui devra, selon lui, « répondre devant Dieu pour des actes interprétés par l’ennemi comme des signes de division Â».

Hassane Zerrouky


29/12/2009
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