Jeudi 01 et Vendredi 02 Décembre 2011
L'UE durcit ses sanctions contre l'Iran et menace son secteur pétrolier
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton (g) et la ministre espagnole des Affaires étrangères Trinidad Jimenez le 1er décembre 2011 à Bruxelles (Photo Georges Gobet/AFP) |
L'Europe a durci jeudi ses sanctions contre l'Iran du fait de son programme nucléaire controversé, deux jours après le saccage de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, et menace de s'attaquer d'ici à fin janvier au secteur stratégique du pétrole dans le pays.
Les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ont gelé les avoirs de 143 nouvelles sociétés ou organisations iraniennes et de 37 personnes supplémentaires, également interdites de visa.
Jeudi 01 décembre 2011, 23h34
Cela s'ajoute à déjà plusieurs trains de mesures en ce sens. L'UE avait déjà auparavant gelé les biens de 290 entreprises et organismes iraniens et privé de visa 76 personnes liées au programme nucléaire et au régime.
La décision fait suite au rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui vient d'étayer les soupçons des Occidentaux selon lesquels Téhéran, malgré ses démentis, a travaillé à la fabrication d'une arme atomique.
La Maison Blanche a salué ce nouveau train de mesures, ainsi que de nouvelles sanctions européennes contre la Syrie annoncées le même jour. Elles reflètent "la détermination de l'UE à exercer une pression sur ces régimes afin de mettre un terme à leurs actes inacceptables", a déclaré dans un communiqué Jay Carney, le porte-parole du président Barack Obama.
Et l'UE prépare déjà la prochaine étape : le pétrole. Elle a "décidé de travailler sur des sanctions plus dures et sans précédent sur les secteurs financier et pétrolier", a indiqué à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
Une déclaration de l'UE précise qu'elles viseront "le système financier iranien, le secteur des transports, de l'énergie" ainsi que la Garde révolutionnaire iranienne, d'ici à la prochaine réunion des ministres de l'UE, le 30 janvier 2012.
Paris, Berlin et Londres notamment soutiennent un embargo pétrolier, mais le projet se heurte aux réticences de certains Etats dépendant du pétrole iranien.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague (G) et son homologue luxembourgeois, Jean Asselborn, le 1 er décembre 2011 à Bruxelles (Photo Georges Gobet/AFP) |
"La Grèce a émis un certain nombre de réserves", a reconnu M. Juppé. Mais l'interruption des livraisons de l'Iran pourrait "être compensée par l'augmentation de la production dans d'autres pays", a-t-il fait valoir.
L'UE a importé 5,8% de son pétrole brut d'Iran, soit 30,3 millions de tonnes en 2010, selon la Commission européenne. L'essentiel -un bon tiers- va à l'Italie, suivie de l'Espagne, la Belgique et la Grèce.
Le brut iranien représente 14,6% des importations de pétrole en Espagne, 14% en Grèce, 13,1% en Italie.
Tout en s'y disant favorable, le Suédois Carl Bildt s'est interrogé sur "l'impact" réel d'un embargo qui ne concernerait pas la Chine, principal client de l'Iran.
Selon l'agence de notation Fitch, il n'affecterait que peu les compagnies pétrolières BP, Shell, Total ou Eni, qui profiteront au final d'une probable hausse des cours.
L'UE a aussi dans sa ligne de mire la banque centrale iranienne, ainsi que la banque Tejarat, et ses filiales au Royaume-Uni, en France, et en Allemagne, selon un diplomate.
De hauts responsables du gouvernement américain ont assuré pouvoir soutenir "en temps utile" des sanctions contre la banque centrale iranienne.
L'offre de négociation du groupe des 5+1 (Chine, Russie, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne + Allemagne) reste sur la table, a rappelé le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
Israël a pour sa part exclu "à l'heure actuelle" une attaque des installations nucléaires iraniennes en guise de rétorsion.
Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak à la Knesset (parlement israélien), à Jérusalem le 9 novembre 2011 (Photo Gali Tibbon/AFP/Archives) |
Le saccage mardi de la chancellerie britannique dans la capitale iranienne a jeté de l'huile sur le feu.
Les ministres ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme une action "contre l'ensemble de l'UE", menaçant Téhéran de "mesures appropriées". Après que Londres a fermé son ambassade, "nous avons décidé de coordonner nos décisions de rappel de nos ambassadeurs", a expliqué Alain Juppé.
De son côté la Norvège a rouvert dans la soirée son ambassade à Téhéran, fermée pour des raisons de sécurité après l'attaque de la mission diplomatique britannique, et convoqué l'ambassadeur d'Iran à Oslo pour condamner cette attaque, a annoncé le gouvernement norvégien
Au moins 4.000 morts en Syrie "au bord de la guerre civile", selon l'ONU
Le bilan de la répression du mouvement de contestation en Syrie est d'au moins 4.000 morts et ce pays se trouve "au bord de la guerre civile", a déclaré jeudi Mme Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme. "En ce qui concerne la Syrie, nous estimons le bilan à au moins 4.000 morts, mais selon les informations qui nous parviennent c'est beaucoup plus que cela", a déclaré Mme Pillay dans une conférence de presse à la veille d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie. Jeudi 01 décembre 2011, 21h27 La session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme, la troisième cette année, a été convoquée à la lumière d'un rapport accablant pour la Syrie publié lundi par la commission internationale d'enquête mandatée par le Conseil. Les preuves réunies par cette commission d'enquête montrent que ce sont les forces de l'ordre syriennes qui ont commis des crimes contre l'humanité, tels que des meurtres, des viols et des tortures, en réprimant de manière brutale les manifestations d'opposition au régime, qui ont commencé en mars dernier.
La commission, qui n'a pas été autorisée par le régime de Damas à entrer sur le territoire syrien, a interrogé 223 victimes et témoins de ces brutalités, parmi lesquels des déserteurs et des personnes ayant vu des enfants torturés à mort. Interrogée sur le fait de savoir si les violences en Syrie relevaient d'un conflit armé, Navi Pillay a répondu qu'"il serait nécessaire d'étudier le rapport de la commission pour évaluer l'étendue de l'action des forces d'opposition". Mme Pillay a déclaré que, dans des entretiens avec le Conseil de sécurité de l'ONU à New York en août dernier, elle avait évoqué un risque de guerre civile en Syrie, "s'il y avait de plus en plus de soldats faisant défection et menaçant de prendre les armes". "Il est difficile de dire avec certitude à quel point cela devient une guerre civile mais avec de plus en plus d'informations faisant état de résistance armée au gouvernement, on se dirige clairement dans cette direction" a clarifié son porte-parole Rupert Colville pour l'AFP. "On est au bord" de la guerre civile, a ajouté le porte-parole. Le Conseil des droits de l'homme devrait se prononcer au cours de cette session extraordinaire vendredi sur un projet de résolution présenté par l'Union européenne prévoyant de condamner "les graves violations systématiques des droits de l'homme" commises par les autorités syriennes. Le projet demande que le rapport de la commission d'enquête soit soumis à l'Assemblée générale de l'ONU et au Conseil de sécurité de l'ONU. Il demande également que soit établi un mandat de Rapporteur spécial sur les droits de l'Homme en Syrie. "La situation des droits de l'homme en Syrie est grave et demande une réponse urgente", a dit mercredi un porte-parole de la délégation de l'UE à Genève, après que le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, avait lancé dès lundi soir un appel à une réunion spéciale du Conseil .
La demande de session spéciale signée par 68 pays, membres et non membres du Conseil a été présentée par la Pologne au nom de l'UE. Le précédent bilan de l'ONU sur la répression en Syrie datant du 8 novembre faisait état de 3.500 morts. |
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