L'état de la révolte dans le monde arabe
21/03/2011 À 09H59
L'état de la révolte dans le monde arabe
PAYS PAR PAYS DANS LE MONDE ARABE
«Un complot étranger» déjoué à Bahreïn, des chars déployés à Sanaa au Yémen... L'état de la contestation dans le monde arabe, pays par pays.
Un manifestant à Sanaa dimanche. Sur sa main, un message destiné au président : "Part !" (REUTERS)
A voir: les principaux événements de la journée de dimanche et le résumé en imagesdes révoltes de vendredi.
Pour comprendre, notre infographie: de la Mauritanie à l'Iran, les régimes qui peuvent basculer.
Au Yémen, les défections au régime s'enchaînent
Des dizaines d'officiers yéménites ont annoncé leur ralliement en masse à la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh et des chars ont été déployés lundi à des endroits stratégiques de Sanaa.
Un groupe de 60 officiers de l'armée originaires de la province de Hadramout, dans le sud-est du Yémen, ont décidé de se joindre à la protestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, a annoncé lundi l'un d'eux, le général Nasser Ali Chouaïbi. L'un des principaux officiers de l'armée yéménite, le général Ali Mohsen al-Ahmar, a déclaré qu'il rejoignait aussi le mouvement contre le président Ali Abdallah Saleh.
Les ambassadeurs du Yémen en Arabie saoudite et au Koweït ont annoncé lundi se joindre au mouvement de contestation contre le président Ali Abdallah Saleh.
Le principal chef tribal, cheikh Sadek al-Ahmar, a demandé au président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, de se retirer, joignant sa voix à celles de dignitaires traditionnels et religieux, dont le rôle est déterminant dans ce pays pauvre de 24 millions d'habitants.
Malgré ces défections en série, le président yéménite Ali Abdallah Saleh a affirmé lundi que la "majorité du peuple" le soutient en dépit de défections en cascade d'officiers de l'armée et de cadres de l'Etat, a rapporté l'agence officielle Saba.
"Nous résistons (...) la grande majorité du peuple yéménite est avec la sécurité, la stabilité et la légalité constitutionnelle. Et ceux qui appellent au chaos, à la violence, à la haine et au sabotage ne sont qu'une infime minorité", a déclaré le président devant une délégation de notables de Sanaa.
Dans la journée de lundi, des chars se sont déployés en force à Sanaa, notamment autour du palais présidentiel, du siège du parti au pouvoir le Congrès populaire général (CPG), du ministère de la Défense et de la Banque centrale.
Parallèlement, une foule de protestataires bravaient toujours à Sanaa une interdiction de manifester pour exiger le départ du président Saleh, de plus en plus isolé à la tête de l'unique république de la péninsule arabique.
Hier, le président yéménite Ali Abdallah Saleh a limogé le gouvernement alors que des funérailles massives avaient lieu à Sanaa pour les 52 manifestants tués vendredi dans "un massacre", a dénoncé l'opposition.
A Bahreïn, «mise en échec d'un complot étranger» par le régime
Une force maritime koweïtienne est arrivée à Bahreïn pour se joindre à la force du Conseil de coopération du Golfe (CCG) déployée dans ce pays pour contenir la contestation animée par des chiites, a annoncé lundi le commandant de l'armée bahreïnie. Les effectifs de la force koweïtienne n'ont pas encore été précisés.
Le 14 mars dernier, l'Arabie saoudite avait envoyé plus d'un millier de soldats à Bahreïn et les Emirats arabes unis 500 policiers. Parallèlement, le Qatar a annoncé son intention d'envoyer des forces aux effectifs non précisés.
Lundi, le roi Hamad ben Issa Al Khalifa a annoncé que Bahreïn avait "mis en échec un complot étranger", dans une allusion possible à l'Iran, lors d'une rencontre avec des officiers de la force commune du Golfe qui s'est déployée dans son pays.
"Le royaume de Bahreïn a mis en échec un complot étranger qui était fomenté depuis au moins vingt ou trente ans (...) contre les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG)", a déclaré le roi.
La déclaration du roi intervient alors que les relations sont tendues entre Bahreïn et l'Iran. L'Iran a demandé dimanche à un diplomate bahreïni de quitter le pays en représailles à l'expulsion d'un diplomate iranien de Manama, alors que le chef de la diplomatie Ali Akbar Salehi a demandé le départ des forces étrangères de Bahreïn.
Ce week-end, les manifestants, qui ont occupé pendant un mois le centre de la capitale, ont été violemment chassés par la police. Des figures de l'opposition, exigeant une monarchie constitutionnelle, ont été arrêtées.
Le roi Hamad ben Issa al-Khalifa, dont la lignée règne depuis plus de 200 ans sur cet archipel du Golfe, a promis de poursuivre les efforts en vue d'un dialogue mais la situation reste bloquée.
En Syrie, la contestation continue
Des milliers de personnes ont défilé lundi à Deraa, dans le sud de la Syrie, après l'enterrement d'un manifestant tué la veille, a indiqué à l'AFP un habitant.
Dimanche, des centaines de manifestants avaient mis le feu au palais de justice et à d'autres bâtiments et voitures à Deraa au sud de Damas, après des heurts avec les forces de l'ordre qui ont fait un mort et 100 blessés selon des témoins.
Lundi midi, Paris a une nouvelle fois dénoncé les violences contre les manifestants survenues en Syrie et exhorté les autorités de ce pays à libérer toutes les personnes détenues pour avoir participé aux manifestations et à engager des réformes.
"La France appelle les autorités syriennes à libérer toutes les personnes détenues pour avoir participé à des manifestations, en raison de leurs opinions ou de leurs actions en faveur de la défense des droits de l'Homme", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
La contestation en Syrie a été lancée le 15 mars à Damas après un appel d'une page Facebook, intitulée "la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011", à des manifestations pour "une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence (depuis 1963) ni tribunaux d'exception, sans corruption ni vols ni monopole des richesses".