L'Irlande dit non au Traité de Lisbonne
L'Irlande dit non au Traité de Lisbonne
13.06.2008 17:23
Les partisans du "non" au traité ont réussi leur pari.[Keystone]
Les Irlandais ont rejeté à une large majorité le traité européen de Lisbonne vendredi, plongeant l'Europe dans une nouvelle crise, trois ans après le rejet de la Constitution par les Français et Néerlandais en 2005.
Après dépouillement des votes dans 37 circonscriptions, le «non» l'emportait dans 27 circonscriptions avec un score national moyen de 53,66%, contre 46,34% pour le «oui». Les résultats définitifs pourraient être annoncés rapidement, selon la radio-télévision publique RTE.
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Une victoire du "non" provoquerait une nouvelle crise politique au sein de l'Union européenne, alors que le Traité de Lisbonne avait été négocié avec difficulté après l'échec de la Constitution européenne, rejetée en 2005 par les Français et les Néerlandais. Tous les pays de l'UE doivent approuver le Traité de Lisbonne pour qu'il soit adopté.
Côté français, on suivait en tout cas de près vendredi l'annonce des premiers résultats, en minimisant la portée d'une éventuelle victoire du non. "Si le non l'emporte, l'Europe continue", soulignait-on dans l'entourage du chef de l'Etat, alors que Paris doit prendre le 1er juillet la présidence de l'UE. "Est-ce que ça doit casser le processus de ratification des autres pays? Nous pensons que non", ajoutait-on de même source.
Côté français, on suivait en tout cas de près vendredi l'annonce des premiers résultats, en minimisant la portée d'une éventuelle victoire du non. "Si le non l'emporte, l'Europe continue", soulignait-on dans l'entourage du chef de l'Etat, alors que Paris doit prendre le 1er juillet la présidence de l'UE. "Est-ce que ça doit casser le processus de ratification des autres pays? Nous pensons que non", ajoutait-on de même source.
Seule l'Irlande vote
L'Irlande est le seul pays à se prononcer par référendum, ses partenaires européens ayant opté pour la voie parlementaire. A ce jour, 18 Etats membres ont ratifié le texte, les derniers à avoir franchi le pas, mercredi, étant l'Estonie, la Finlande et la Grèce.
En Irlande, des personnalités politiques de tous bords, de la majorité comme de l'opposition faisaient grise mine alors que le décompte progressait dans les 43 circonscriptions du pays. On ne dispose encore d'aucun résultat officiel.
En Irlande, des personnalités politiques de tous bords, de la majorité comme de l'opposition faisaient grise mine alors que le décompte progressait dans les 43 circonscriptions du pays. On ne dispose encore d'aucun résultat officiel.
Pessimisme
Toutefois, des dizaines d'"assesseurs" dans tout le pays estiment que le camp du "non" était en tête dans les secteurs ruraux et les secteurs populaires. Les "tallymen", comme on les appelle en Irlande, sont des militants politiques rompus à l'observation des scrutins et qui fournissent des informations et des renseignements à leur propre parti et aux divers groupes de pression.
Pat Rabbitte, ancien dirigeant du Parti travailliste, a noté avec inquiétude qu'en se basant sur les chiffres qu'il disposait, c'est le camp du "non" qui semblait l'emporter.
Les adversaires du traité, notamment le Sinn Féin, accusent Bruxelles de vouloir faire accepter aux Irlandais une réforme institutionnelle portant atteinte à la démocratie et menaçant la neutralité traditionnelle du pays.
agences/nr/sbo
Les dirigeants politiques européens réagissent au rejet du traité de Lisbonne par l'Irlande.
Brian Cowen, premier ministre irlandais
C'est une «immense déception» et un «revers potentiel» pour l'UE.
Nicolas Sarkozy, président français
«J'attendrai les résultats définitifs.» «Par ailleurs nous avons convenu avec la chancelière allemande Angela Merkel que nous ferions une réaction commune. C'est à ce moment-là qu'on dira ce qu'on en pense.»Référendum en Irlande: le non est définitif
Pat Rabbitte, ancien dirigeant du Parti travailliste, a noté avec inquiétude qu'en se basant sur les chiffres qu'il disposait, c'est le camp du "non" qui semblait l'emporter.
Les adversaires du traité, notamment le Sinn Féin, accusent Bruxelles de vouloir faire accepter aux Irlandais une réforme institutionnelle portant atteinte à la démocratie et menaçant la neutralité traditionnelle du pays.
agences/nr/sbo
Une «immense déception» et un «revers potentiel» pour l'UE
AFPTV / EBS ¦ Référendum indécis en Irlande sur le traité de Lisbonne. Durée: 59 s.
Brian Cowen, premier ministre irlandais
C'est une «immense déception» et un «revers potentiel» pour l'UE.
Nicolas Sarkozy, président français
«J'attendrai les résultats définitifs.» «Par ailleurs nous avons convenu avec la chancelière allemande Angela Merkel que nous ferions une réaction commune. C'est à ce moment-là qu'on dira ce qu'on en pense.»Référendum en Irlande: le non est définitif
Vous êtes plus de 500 à avoir réagi à cette nouvelle (ce qui explique quelques lenteurs dans l'affichage des commentaires). Nombreux sont ceux qui se réjouissent comme Addict_gamer: «Victoire ! Merci au peuple Irlandais.» Joachim31 est même plus enthousiaste: «YEEEESSS!!! Merci aux Irlandais de nous avoir enlevé ce truc qu'on nous avait enfilé de force», écrit-il. Angaflo a même une proposition: «On fait un référendum Européen tous ensemble pour savoir si le peuple veut l’Europe et résultat à la proportionnelle. On dissout l’Europe si la majorité n’en veut pas, de même pour la constitution si elle est refusée par la majorité, on en reste à une Europe des nations sans interférences du comité Européen en rôle consultatif seulement, ni subventions alors.»
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- Décryptage : L'Union européenne suspendue au vote irlandais
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- Article : François Bayrou à 20minutes.fr : «Quand ils ne comprennent pas, les peuples votent non»
Peter Muhly AFP ¦ Les décompte des voix du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, dans un bureau de vote à Dublin, le 13 juin 2008
Auparavant, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait déclaré que: «tout indique que l'Irlande a voté contre le traité». C'est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement français qui s'apprête à prendre le 1er juillet la présidence de l'Union européenne.
«La Commission européenne pense que les ratifications qui restent à faire devraient continuer à suivre leur cours», a déclaré Barroso. Le gouvernement irlandais estime que malgré le non au référendum en Irlande, le traité de Lisbonne «n'est pas mort», a aussi indiqué le président de la Commission.
Le non en tête dans les campagnes
La télévision publique RTE donne un premier décompte national, accordant un score de 53,7% au non, contre 46,3% pour le oui. Des résultats partiels sur 33 des 43 districts irlandais mais déjà un rejet plus important qu'en 2001 lorsque l'Irlande avait repoussé à 52,2% le Traité de Nice. Le non semble assuré de l'emporter selon la chaîne de télé qui prédit que le oui a des chances de l'emporter dans seulement six des 43 circonscriptions.
Le ministre irlandais des affaires européennes Dick Roche a indiqué que les zones ouvrières urbaines et les circonscriptions rurales ont plutôt voté non tandis que le oui fait mieux dans les zones urbaines de la classe moyenne.
«Une claque monumentale pour Nicolas Sarkozy et Angela Merkel»
Le député européen Jacques Toubon, joint par 20minutes.fr, refuse de se décourager: «4 millions d'Irlandais qui bloquent 400 millions d'européens, c'est la démonstration même de l'utilité du Traité de Lisbonne qui permet de prendre les décisions à la majorité, comme dans toutes les démocraties.»
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, infatigable défenseur du non, déclare à 20minutes.fr que «c'est une claque monumentale pour Nicolas Sarkozy et Angela Merkel». Le député de l'Essonne a fait campagne en Irlande où il a été frappé par «la peur d'une Europe de la défense dans ce pays très pacifique».
Sarkozy et Merkel serrent les coudes
La France et l'Allemagne ont réagi ensemble aux réusltats du référendum: «Nous prenons acte de la décision démocratique des citoyens irlandais avec tout le respect qui lui est dû, même si nous la regrettons», indiquent Paris et Berlin dans une déclaration.
>> L'«Irish Times» publie la carte des résultats, cliquez ici pour la voir...
Peter Muhly AFP ¦ Les décompte des voix du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, dans un bureau de vote à Dublin, le 13 juin 2008
Vincent Glad