LA BATAILLE d"ALGER -FILM-
Avant-goĂ»t plus quâun film dâhistoire, La Bataille dâAlger est un docu-fiction mĂ©langeant images dâarchives et reconstitution. Le tout fruit dâun reportage tournĂ© dans la casbah mĂȘme dâAlger entre 1954 et 1957, soit pendant les premiers heurts entre français | Avant-goĂ»t plus quâun film dâhistoire, La Bataille dâAlger est un docu-fiction mĂ©langeant images dâarchives et reconstitution. Le tout fruit dâun reportage tournĂ© dans la casbah mĂȘme dâAlger entre 1954 et 1957, soit pendant les premiers heurts entre français | |
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Film de Gillo PONTECORVO (1966) |
http://juralibertaire.over-blog.com/article-15823942.html
http://www.dailymotion.com/video/x1ho5q_former-a-la-torture http://fredhorizons.blogs.allocine.fr/?tool=post&postID=81757 |
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Prélude [modifier]
En mars 1955, Rabah Bitat, le chef du FLN Ă Alger est arrĂȘtĂ© et c'est Abane Ramdane, rĂ©cemment libĂ©rĂ© de prison, parachutĂ© de Kabylie, qui est le nouveau en charge de la direction politique de la capitale. Il obtient rapidement une grande influence et parvient Ă rassembler et Ă rĂ©implanter le FLN dans la ville[1]. En 1956, alors que la « question algĂ©rienne » doit ĂȘtre dĂ©battue Ă l'ONU, Abane Ramdane et Larbi Ben M'Hidi, dĂ©cident Ă l'issue du congrĂšs de la Soummam, pour donner aux conflit une plus large audience, d'intensifier et de concentrer les opĂ©rations sur la capitale, Alger[2]. Dans le mĂȘme temps, alors que les nĂ©gociations secrĂštes qui se dĂ©roulaient Ă Belgrade et Ă Rome, durant lâĂ©tĂ© 1956, ont Ă©chouĂ© et sont rompues, le gouvernement de Guy Mollet (SFIO) met un terme Ă la politique des nĂ©gociations. Arrestation des chefs de la dĂ©lĂ©gation extĂ©rieure du FLN dans un avion marocain dĂ©tournĂ© vers Alger le 22 octobre 1956. Le FLN dĂ©cide de lancer une politique de terrreur Ă Alger[3]. Dans les derniers jours de septembre 1956 deux bombes explosent sur des objectifs "civils", la cafĂ©tĂ©ria de la rue Michelet et le Milk Bar de la place d'Isly, en Novembre 1956, 6 bombes explosent (Autobus, magasin Monoprix, gare d'Hussein-Dey..). DĂ©cembre 1956, le ministre rĂ©sident Robert Lacoste a des informations qui laissent prĂ©voir une descente vers les villes des combattants du FLN avec leur armement. C'est dans ces conditions que Guy Mollet dĂ©cide, le 4 janvier 1957, de confier au gĂ©nĂ©ral Massu les pleins pouvoirs civils et militaires. A lui de remettre, avec ses quatre rĂ©giments, de l'ordre dans Alger, la deuxiĂšme ville de France, avec ses 585 000 habitants.[4]. Il y aura 751 attentats qui feront 1.200 victimes[5]. En contre partie les actions de rĂ©pression ont fait environ 3.000 victimes par la torture et des exĂ©cutions sommaires.[6] DĂ©roulement [modifier]DĂ©clenchement [modifier]Le 7 janvier 1957, 8000 hommes de la dixiĂšme division parachutiste de retour dâĂgypte[2], oĂč ils ont participĂ© Ă la campagne de Suez, entrent dans Alger avec pour mission de « pacifier » la ville. La division est commandĂ© par le GĂ©nĂ©ral Jacques Massu, Ă qui Robert Lacoste vient de donner les pleins pouvoirs, assistĂ© des colonels Marcel Bigeard, Roger Trinquier, Fossey-François et Yves Godard. Ă l'arrivĂ©e des parachutistes, le FLN rĂ©plique par une vague d'attentats meurtriers. Notamment le 26 janvier, oĂč des bombes qui explosent dans trois cafĂ©s de la ville font 5 morts et 34 blessĂ©s. Le FLN lance ensuite un mot dâordre de grĂšve gĂ©nĂ©rale pour le 28 janvier. Les parachutistes brisent la grĂšve en quelques jours, ouvrant les magasins de force, allant chercher Ă domicile avec des camions les travailleurs et les fonctionnaires absents au travail. Durant le printemps 1957, ce sont en moyenne 800 attentats (fusillades ou explosion) par mois qui seront perpĂ©trĂ©s dans la capitale. Rappelons cette directive du CCE (ComitĂ© de coordination et d'exĂ©cution) du FLN Ă Tunis : « Une bombe causant la mort de dix personnes et en blessant cinquante autres Ă©quivaut, sur le plan psychologique, Ă la perte d'un bataillon français. »[7]. Traque dans la casbah [modifier]La troupe patrouille en ville, fouille Ă l'entrĂ©e des lieux publics, la Casbah d'Alger est entourĂ©e de barbelĂ©s tous ceux qui y entrent ou en sortent sont fouillĂ©s. Ces dispositions sont plus destinĂ©s Ă rassurer la population europĂ©enne qu'Ă gĂȘner le FLN. Le colonel Trinquier met en place le DPU (Dispositif de Protection Urbaine) qui consiste Ă ficher systĂ©matiquement tous les habitants d'un immeuble, et Ă dĂ©signer un responsable de cet ilot. Le responsable doit avertir de tout mouvement, dĂ©part ou arrivĂ©e. Les arrivants sont systĂ©matiquement interrogĂ©s pour chercher Ă dĂ©tecter des clandestins ou des maquisards venus en liaison. Fin fĂ©vrier les paras dĂ©couvrent dans une cache des dizaines de bombes prĂȘtes Ă ĂȘtre posĂ©es. Le deuxiĂšme bureau remonte les filiĂšres, recrute des indicateurs, arrĂȘte les suspects et les fait parler. On commence par identifier les collecteurs de fonds, et petit Ă petit par dĂ©manteler les rĂ©seaux. Le 16 fĂ©vrier, les hommes du colonel Bigeard capturent Larbi Ben M'hidi, coordonnateur des actions terroristes Ă Alger. TorturĂ©, il sera exĂ©cutĂ© quelques jours plus tard par lâarmĂ©e française qui le pendra (5 mars). Des chefs FLN, notamment Abane Ramdane et Krim Belkacem, quittent Alger. La torture pendant la Bataille d'Alger [modifier] Article dĂ©taillĂ© : Torture pendant la guerre d'AlgĂ©rie.
La torture (gĂ©gĂšne, baignoire, etc.), des viols et des Ă©liminations (pendaisons, etc.) sont employĂ©s pour traquer les indĂ©pendantistes. De nombreux indĂ©pendantistes sont remis Ă la justice, mais d'autres sont Ă©liminĂ©s sans jugement. En mĂȘme temps, bĂ©nĂ©ficiant des fichiers de la police et de la DST et bĂ©nĂ©ficiant des pleins pouvoirs, l'armĂ©e arrĂȘte les europĂ©ens qui aident le FLN, dont certains sont condamnĂ©s et fusillĂ©s[rĂ©f. nĂ©cessaire]. DĂšs le dĂ©but de la guerre d'AlgĂ©rie, des protestations s'Ă©lĂšvent en mĂ©tropole contre certaines mĂ©thodes d'interrogatoire, mais celles-ci prennent de l'ampleur Ă partir de janvier 1957. Fin janvier, une commission parlementaire enquĂȘte Ă Oran sur des sĂ©vices dont se plaignent des dĂ©tenus d'origine algĂ©rienne ou europĂ©enne. Cette commission constate des faits troublants, mais ne conclut pas Ă l'usage de la torture, car « les lois exceptionnelles se justifient pleinement en AlgĂ©rie et on ne saurait les mettre en cause Ă travers le procĂšs intentĂ© aux enquĂȘteurs de la DST »[8]. Le journal TĂ©moignage chrĂ©tien lance le dĂ©bat en fĂ©vrier 1957, ainsi que France-Observateur ou L'Express. Plusieurs personnalitĂ©s prennent position. Le 25 mars, RenĂ© Capitant suspend ses cours de droit Ă l'UniversitĂ© de Paris, Ă la suite de la mort suspecte d'un de ses anciens Ă©tudiants, Ali Boumendjel, attribuĂ©e Ă un suicide. Le GĂ©nĂ©ral Jacques PĂąris de BollardiĂšre marque sa dĂ©sapprobation en demandant officiellement le 28 mars 1957 Ă ĂȘtre relevĂ© de son commandement. Paul Teitgen, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police Ă Alger, ancien rĂ©sistant, catholique, fera de-mĂȘme en septembre se prononçant contre la pratique de la torture en AlgĂ©rie. L'Ă©crivain Vercors renvoit sa lĂ©gion d'honneur. DĂ©but mars, le gouvernement Guy Mollet crĂ©e une commission de sauvegarde qui rend, le 7 septembre 1957, un rapport, soulignant l'« atrocitĂ© de la rĂ©bellion »[9], mais qui conclut Ă des actes perpĂ©trĂ©s sporadiquement par les militaires, en dĂ©pit des consignes qui les interdisaient, et rĂ©fute l'hypothĂšse d'un « systĂšme gĂ©nĂ©ralisĂ© ». Infiltrations des rĂ©saux FLN [modifier]L'Ă©tĂ© 1957 marque un tournant pour le bataille d'Alger. Le 4 juin, quatre bombes dissimulĂ©es dans des lampadaires explosent vers 18 heures trente, l'heure de sortie des bureaux, prĂšs d'arrĂȘts de bus Ă Alger, et font 10 morts dont trois enfants et 92 blessĂ©s, dont 33 seront amputĂ©s, Ă musulmane. Le 9 juin, une nouvelle bombe explose Ă Alger, au casino de la corniche, un dancing populaire auprĂšs des jeunes, surtout des juifs de Bab-el-Oued. La bombe, placĂ©e sous l'estrade de l'orchestre, tue dix personnes et fait 85 blessĂ©s. Le gouvernement rappelle les paras et donne les pleins pouvoirs Ă Massu. Cette fois, il y a un fait nouveau : les « bleus de chauffe », dâanciens militants du FLN retournĂ©s par le capitaine Sirgent dans la casbah dâAlger. Non seulement ils renseignent sur les rĂ©seaux mais ils les infiltrent. Fin aoĂ»t lors dâune opĂ©ration 14 bombes sont dĂ©couvertes, et le reste de lâĂ©tat major de la zone autonome dâAlger est soit mort, soit en prison soit retournĂ©, Ă lâexception de deux hommes, le chef Yacef Saadi et son adjoint, Ali la Pointe. Le 24 septembre Yacef Saadi est Ă son tour arrĂȘtĂ©, et le 8 Octobre, Ali la Pointe meurt dans l'explosion destinĂ©e Ă venir Ă bout de sa cache. Bilan [modifier]Si la bataille d'Alger est gagnĂ©e sur le terrain par l'armĂ©e française, en pratiquant des mĂ©thodes interdites par les lois de la guerre, elle entame sĂ©rieusement le crĂ©dit de l'opĂ©ration de « pacification » menĂ©e par la France, aux yeux de l'opinion publique. En effet, sur le plan politique, elle donne un retentissement international Ă l'action du FLN[1]. Annexes de l'article [modifier]Notes et rĂ©fĂ©rences [modifier]
Bibliographie [modifier]
Filmographie [modifier]
Voir aussi [modifier]Liens externes [modifier]
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Synopsis [modifier]
Une reconstitution de la bataille d'Alger de 1957, Ă l'occasion du soulĂšvement de la population algĂ©rienne musulmane par le FLN contre le pouvoir colonial français, et de la tentative du dĂ©tachement parachutiste de l'armĂ©e française de « pacifier » le secteur. Le film retrace principalement l'histoire d'Ali La Pointe lors de « La bataille d'Alger », soit de la lutte pour le contrĂŽle du quartier de la Casbah Ă Alger en 1957 entre les militants du FLN et les parachutistes français de la 10e Division Parachutiste du GĂ©nĂ©ral Jacques Massu, par tous les moyens y compris l'usage de la torture. ObjectivitĂ© [modifier]Le film bien que produit par Yacef Saadi, membre du FLN fait preuve d'objectivitĂ© : le passĂ© de dĂ©linquant du hĂ©ros du film (Ali Lapointe) est clairement prĂ©sentĂ©, et son passĂ© de proxĂ©nĂšte est fortement suggĂ©rĂ© (scĂšne de la tournĂ©e des bordels, et de l'exĂ©cution d'HacĂšne). Ali Lapointe est clairement prĂ©sentĂ© comme un homme d'action et pas du tout un intellectuel. Son cĂŽtĂ© romantique transparait principalement dans sa volontĂ© de lutter sans concession (il est contre l'arrĂȘt des attentats pendant la grĂšve gĂ©nĂ©rale) et surtout par son sacrifice final, prĂ©fĂ©rant la mort plutĂŽt que la honte de la capture. Son courage, ainsi que celui de beaucoup de combattants algĂ©riens morts pour leur cause, sera saluĂ© par Massu. Les attentats du FLN sont bien prĂ©sentĂ©s comme des actes de terreur : assassinats de gendarmes et de policiers d'apparence tout Ă fait paisible, scĂšne des attentats Ă la bombe dans le bar, la discothĂšque et l'agence air france, oĂč la camĂ©ra s'attarde longuement sur les victimes avant l'explosion : des gens tout Ă fait normaux, des enfants, des bĂ©bĂ©s, y compris des arabes. AprĂšs l'explosion, le calvaire des victimes est Ă©galement abondamment prĂ©sentĂ© (amplifiĂ© par le fait que quelques minutes auparavant ceux-ci Ă©taient tranquillement en train de danser ou de boire un verre). Seul bĂ©mol que certains peuvent reprocher : les attentats contre les civils apparaissent dans le film, aprĂšs que des terroristes europĂ©ens fassent sauter un immeuble de la casbah, et ses habitants avec (l'OAS?), pouvant induire le spectateur Ă penser que les attentats contre des civils europĂ©ens auraient Ă©tĂ© une forme de rĂ©ponse Ă des attentats contre des civils algĂ©riens. Le gĂ©nĂ©ral Massu est prĂ©sentĂ© comme un soldat digne qui a une mission difficile, et qui doit utiliser des moyens exceptionnels. A aucun moment il n'est prĂ©sentĂ© comme un monstre ou un tortionnaire. Dans de trĂšs nombreuses scĂšnes le personnage a le loisir d'exprimer son point de vue et de justifier ses actions. La question de la torture est abordĂ©e comme un fait, sans jugement moral : seules quelques scĂšnes montrent des actes de tortures (rĂ©alistes par rapport aux tĂ©moignages et photos qui nous sont parvenus de l'Ă©poque). D'ailleurs la torture est bien montrĂ©e comme ayant Ă©tĂ© efficace pour dĂ©manteler le rĂ©seau du FLN d'Alger. Les soldats ne sont pas montrĂ©s comme Ă©tant spĂ©cialement des monstres : dans une des premiĂšres scĂšnes, aprĂšs avoir torturĂ© un homme et qu'il se soit mis Ă table, les soldats offrent du cafĂ© et rassurent le prisonnier. Les ambiguitĂ©s de la presse de l'Ă©poque sont prĂ©sentĂ©es, y compris celles du journal communiste l'HumanitĂ© : tous rĂ©clamaient une action ferme et rapide des autoritĂ©s au dĂ©but de l'insurrection, pour mettre fin Ă celle-ci et restaurer l'ordre... En conclusion, le film est tout sauf manichĂ©en : chaque camp s'y bat avec les moyens dont il dispose. Le FLN pour faire face Ă l'armĂ©e française et dĂ©moraliser l'occupant, ne semble pas avoir d'autre choix que d'utiliser le terrorisme. L'armĂ©e française pour dĂ©manteler les rĂ©seaux et protĂ©ger ses ressortissants, ne semble pas avoir d'autre choix que d'utiliser la torture. Bref, une guerre sale, trouble, comme l'a Ă©tĂ© la guerre d'AlgĂ©rie. Conception et rĂ©alisation [modifier]Le film voit le jour en 1965, trois ans aprĂšs la fin des hostilitĂ©s en AlgĂ©rie, lorsqu'un des chefs militaires du FLN Ă Alger, Yacef Saadi, propose au rĂ©alisateur communiste italien l'idĂ©e d'un film basĂ© sur son expĂ©rience dans l'ALN. Le film est tournĂ© avec des non-professionnels, Ă l'exception de Jean Martin, dans le rĂŽle du colonel Mathieu Ă la tĂȘte des parachutistes français. RĂ©ception en France [modifier]Le rĂ©alisateur-journaliste communiste Gillo Pontecorvo et l'acteur-producteur FLN Yacef Saadi, ont constituĂ© un tĂ©moignage portant sur un Ă©pisode de la guerre d'AlgĂ©rie particuliĂšrement impitoyable[1][2]. Initialement interdit en France, diffusĂ© briĂšvement en 1970 mais retirĂ© des Ă©crans sous la pression de manifestations d'extrĂȘme-droite, le film attendit 1971 pour sortir normalement[2]. Le film resta pratiquement inĂ©dit en France jusqu'en 2004, car considĂ©rĂ© comme un film de propagande, brisant des tabous sur le comportement militaire français au cours de ce qui ne s'est longtemps appelĂ© en France de simples Ă©vĂ©nements, et s'attaquant Ă des traumatismes alors rĂ©cents[citation nĂ©cessaire]. Le film fut tournĂ© trois ans aprĂšs l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie et le rapatriement de 800 000 pieds-noirs et juifs sĂ©farades dont la plupart n'avaient jamais foulĂ© le sol de la mĂ©tropole, vivant en AlgĂ©rie française depuis plus d'un siĂšcle. Et Ă l'expatriation et expropriation de ces deux catĂ©gories de civils s'ajoute l'exode des indĂ©sirables harkis, leur internement dans des camps et leur mise Ă l'Ă©cart de la population mĂ©tropolitaine. Anecdotes [modifier]
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