La fille du mathématicien Maurice Audin, disparu à Alger en 1957, a refusé la Légion d'honneur dans un courrier au président de la République Nicolas Sarkozy, a-t-on appris vendredi à Strasbourg auprès de l'intéressée. Lire la suite l'article
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Michèle Audin, professeur de mathématiques à l'Université de Strasbourg, estime cette distinction "incompatible" avec un courrier de sa mère restée lettre morte, qui demandait au chef de l'Etat de "contribuer à faire la vérité sur la disparition" de Maurice Audin, leur époux et père.
Le mathématicien, membre du Parti communiste algérien, avait disparu à Alger après avoir été arrêté par des militaires français en 1957.
"A ce jour, vous n'avez pas donné suite à cette demande. Vous n'avez d'ailleurs même pas répondu à cette lettre (...). Vous me voyez donc au regret de vous informer que je ne souhaite pas recevoir cette décoration", écrit la mathématicienne dans un lettre datée du 1er janvier et rendue publique le lendemain par le site d'informations en ligne Mediapart.
Contactée par l'AFP, Mme Audin a estimé "à la limite méprisante" l'attitude du chef de l'Etat et rappelé l'importance de la lettre ouverte envoyée par sa mère au président en 2007, 50 ans après la disparition de son mari, qui demandait à Nicolas Sarkozy de mettre fin à "la dissimulation honteuse".
"Le 11 juin 1957 (...), des parachutistes de l'armée française ont fait irruption et ont emmené mon mari. Depuis cette date, je ne l'ai jamais revu", avait écrit Josette Audin, en ajoutant que pour elle, "il reste entre la vie et la mort qui ne lui a jamais été signifiée".
Dans sa lettre ouverte au chef de l'Etat, elle lui avait demandé, non pas "un procès des tortionnaires de son mari", mais "simplement de reconnaître les faits".
Michèle Audin figure sur la liste des nominations du 1er janvier au titre du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, au grade de chevalier, avec la mention suivante: "Mme Audin (Michèle, Marie, Adeline) professeure des universités, membre d'un institut de recherches; 32 ans de services civils".