ALORS QUE LE CITOYEN SUBIT LA FLAMBÉE DES PRIX La marmite bout Ahmed MESBAH - Jeudi 24 Décembre 2009 - Page : 3
|
|
Le marché échappe à tout contrôle |
R. BOUDINA |
| Avant même que le travailleur ne touche ses 3000 dinars d’augmentation, les prix atteignent des sommets.
Les prix des fruits et légumes ainsi que ceux d’autres produits alimentaires atteignent des sommets. Jusqu’à présent, l’argument avancé tient au fait que la libéralisation du marché n’autorise pas un contrôle des prix. Ce n’est que depuis un mois que le Premier ministre Ahmed Ouyahia, s’est rendu compte qu’il était temps que les choses changent. Il a alors annoncé qu’il était nécessaire d’opérer une régulation sur les marges des commerçants. Un projet de loi devrait être déposé au Parlement pour rendre effective cette décision. Il ne pouvait pas faire autrement au moment de l’annonce de l’augmentation du salaire national minimum garanti, de 3000 dinars, à partir de janvier prochain. Le Premier ministre était conscient que cette hausse allait vite être annihilée par celle des prix. En pleine saison, l’orange est cédée à 150, voire 180 dinars le kilo. Le père de famille est aussi contraint de débourser plus de 100 dinars pour un kilo de tomates. 180 dinars sont nécessaires pour un kilo de lentilles. Les légume secs subissent une hausse tout comme les légumes frais. C’est d’ailleurs la hausse des prix des produits frais agricoles qui ont conduit à une inflation importante depuis une année. Le Premier ministre l’a d’ailleurs compris. Pour lui, c’est une manière de démentir indirectement les informations selon lesquelles les restrictions des importations auraient un rôle quelconque sur le renchérissement des prix. Pourtant, il n’est pas exclu que l’une des explications de ce phénomène trouve sa genèse dans la quête du gouvernement à réduire les importations. L’obligation de recourir uniquement au crédit documentaire y a été pour quelque chose. C’était d’ailleurs l’objectif visé explicitement par le gouvernement lorsque la loi de finances complémentaire 2009 a été adoptée. Il fallait réduire, coûte que coûte, la facture des importations, y compris celle des produits alimentaires. Le gouvernement veut lâcher du lest mais cette générosité ne concerne que les producteurs. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a d’ailleurs reçu hier les responsables des organisations patronales pour discuter des mesures d’assouplissement d’octroi du crédit documentaire. En attendant, ce sont les Douanes qui confirment que de nombreux produits ont vu leurs quantités importées revues à la baisse lors des onze premiers mois de l’année. Pour le consommateur, il est aisé d’opérer une corrélation entre l’approvisionnement du marché et la flambée des prix. Cette dernière n’est certes pas nouvelle, mais la tendance a fini par s’exacerber en quelques mois. Sucre, légumes secs, pâtes et autres denrées alimentaires subissent la hausse des prix. Certains de ces produits sont déchargés en dehors du port d’Alger et les importateurs répercutent les frais de transport sur les consommateurs. Outre les produits alimentaires, on constate que les citoyens doivent payer les autres achats plus cher. La différence peut atteindre 100 dinars pour certains produits. C’est le cas pour les produits cosmétiques. Shampoings, déodorants, teintures pour cheveux figurent dans cette catégorie. La production locale existe mais elle est soit insuffisante, soit ne répond pas aux exigences des clients. Il n’y a donc pas de substitution aux importations. Les articles subissent alors une pression. Même les produits locaux n’ont pas échappé à la règle. D’autres risques menacent sur le pouvoir d’achat des citoyens. La Société nationale de production d’électricité et de distribution du gaz (Sonelgaz) rappelle, régulièrement, l’éventualité d’une hausse de ses tarifs. Ceux de certains carburants sont soumis à cette demande comme le gasoil. Par ailleurs, les loyers des habitations connaissent, quant à eux, des augmentations régulières, ce qui contribue à grever le budget familial. Compte-tenu de ces données, des organisations syndicales sont parvenues à la conclusion qu’il faut un revenu de plus de 30.000 dinars par mois pour garantir les conditions d’une vie décente à une famille de cinq membres. C’est le double du Snmg.
L'Expressiondz.com |