La télévision nord-coréenne montre le corps de Kim Jong Il
La télévision a diffusé des photos de la dépouille de l'ex-numéro un du régime communiste mort samedi, revêtu de son habituelle tunique kaki et reposant dans un cercueil de verre entouré d'un parterre de fleurs rouges et blanches.
Les images montraient plusieurs dirigeants nord-coréens présentant leur respect au défunt, dont son fils Kim Jong Un, portant un costume sombre alors que d'autres responsables avaient revêtu l'uniforme de l'armée.
Le corps de Kim Jong Il a été placé au mausolée Kumsusan de Pyongyang, où repose également celui de son propre père, le fondateur de la Corée du Nord communiste Kim Il Sung, décédé en 1994. (belga)
Les enjeux de la transition en Corée du Nord
Le fils cadet du défunt Kim Jong-Il, Kim Jong-Un, a été désigné comme le nouveau dirigeant de la Corée du Nord, mais sa personnalité et ses intentions restent mystérieuses. Tour d'horizon des enjeux de la transition ouverte au sein du régime communiste.
A QUEL RYTHME SE MENERA LA TRANSITION ?
La dépouille de Kim Jong-Il va être exposée au mausolée de Kumsusan, où repose le corps embaumé de son père, le fondateur et "dirigeant éternel" de la Corée du Nord décédé en 1994, Kim Il-Sung.
Après les funérailles, le 28 décembre, l'attention se portera sur le processus de succession sur lequel peu de détails ont filtré. Kim Jong-Il lui-même, pourtant désigné successeur 14 ans avant la mort de son père, n'avait pris officiellement les commandes du parti communiste au pouvoir que trois ans après le décès paternel. Le statut d'héritier de Kim Jong-Un n'a été officialisé qu'en septembre 2010.
QUI EST AUX COMMANDES ?
Le pouvoir nord-coréen sait rester discret sur sa cuisine interne, comme l'a montré le secret entourant le décès de Kim Jong-Il pendant deux jours. Mais tout laisse penser que Kim Jong-Un est le nouveau dirigeant du pays, encadré par sa tante Kim Kyong-Hui - la soeur du chef décédé - et l'époux de celle-ci, Jang Song-Thaek, qui devraient guider ses premiers pas en tant que numéro un.
QUELS SONT LES RISQUES ?
La Corée du Nord s'est souvent fait remarquer par son comportement erratique et agressif sur le plan international et certains observateurs redoutent que le nouveau jeune dirigeant soit tenté, pour asseoir son autorité, de mener des essais nucléaires ou de se lancer dans des provocations militaires. Les relations avec la Corée du Sud voisine sont glaciales depuis deux incidents de frontière meurtriers l'an passé où le Nord a fait figure d'accusé, au moment où Kim Jong-Il cherchait à assurer la légitimité de son fils pour lui succéder.
LA COREE DU NORD PEUT-ELLE IMPLOSER ?
D'après les experts, les élites nord-coréennes n'ont aucun intérêt à remettre en cause le statu quo et des turbulences semblent peu probables à court terme. Confronté à des problèmes aussi fondamentaux qu'une crise alimentaire dans son pays, Kim Jong-Un ne devrait pas mener de politique aventureuse sur le plan intérieur. Mais s'il échoue et qu'une lutte de pouvoir s'ensuit, les conséquences pour le régime et le pays seraient imprévisibles.
POURQUOI LA COREE DU NORD COMPTE-T-ELLE AUTANT ?
Le pays est militairement solide, doté d'une armée de 1,19 million d'hommes et d'un arsenal impressionnant d'armes conventionnelles et chimiques, dont des milliers de missiles à courte et moyenne portée. Il a aussi mené des tests de missiles à longue portée Taepodong, cherchant à se doter d'un vecteur théoriquement capable d'atteindre les Etats-Unis. Selon la plupart des experts, le régime dispose en outre d'assez de plutonium pour fabriquer de six à huit bombes atomiques, bien que la capacité de la Corée du Nord à en équiper des missiles capables de frapper ses ennemis reste sujette à caution. L'éventuelle dénucléarisation du pays constitue depuis des années l'une des principales questions diplomatiques dans la région, à travers des pourparlers à six nations, dont les Etats-Unis et la Chine.
COMMENT SE POSITIONNENT SES VOISINS ?
Le principal allié de la Corée du Nord, la Chine, devrait soutenir le régime dont Pékin veut absolument éviter la chute, un événement qui provoquerait la fuite de millions de réfugiés en Chine. La Corée du Sud, qui entretient des relations tendues avec le Nord, et le Japon, ennemi du régime communiste, veulent parer à toute éventualité: Séoul a mis son armée en alerte et Tokyo a tenu une réunion de sécurité en urgence. Les Etats-Unis ont quant à eux immédiatement serré les rangs avec leur allié sud-coréen. (afp)
Craintes au Sud après la mort de Kim Jong-Il
L'annonce soudaine de la mort du numéro un nord-coréen Kim Jong-Il a pris de court lundi les Sud-Coréens qui craignent qu'un conflit n'éclate avec le régime communiste après que l'armée a été placée en état d'alerte à la frontière avec le Nord.
"Je crains qu'il n'y ait une guerre. J'ai pensé d'abord que ce n'était pas vrai", a déclaré Song Bo-Na, étudiant sud-coréen de 22 ans.
Kim Jong-Il a pris les rênes du pays après la mort de son père Kim Il-Sung en 1994. Malgré un accident cérébral survenu en août 2008, il semblait pourtant en meilleure santé sur les photos et vidéos diffusées ces derniers mois. "Je n'avais pas vraiment imaginé ce que ce serait lorsque Kim Jong-Il disparaîtrait, mais maintenant c'est fait. Je suis sous le choc et je suis très intrigué par ce qu'il va se passer à partir de maintenant", a commenté Byun Mi-Sook, femme au foyer.
Kim Sung-Il, homme d'affaires de 49 ans, s'est déclaré convaincu que le pays le plus isolé de la planète allait changer après la mort de son dirigeant. "Cette disparition sera le déclencheur pour des changements à l'intérieur et à l'extérieur de la Corée du Nord", a-t-il estimé.
Un autre homme d'affaires, Ko Jae-Lin, 50 ans, a également exprimé un espoir de changement. "Je pense que le pays va maintenant s'ouvrir beaucoup plus tôt que ce qu'on pensait".
Le régime communiste a résisté jusqu'ici aux pressions de son allié chinois en faveur de l'ouverture de son économie étatique, de crainte d'en perdre le contrôle. Les relations avec le gouvernement conservateur de Corée du Sud se sont refroidies depuis 2008.
Kim Lee-Soo, étudiant de 21 ans, a conseillé aux sud-Coréens et au gouvernement de "rester calme et d'essayer de réagir de façon appropriée, car cela va avoir une énorme influence sur la position du Sud dans la communauté internationale".
Sur internet, les commentaires étaient beaucoup moins modérés. "Personne ne devrait rendre hommage au défunt", a estimé Lim Jung-Min dans un message posté sur le portail Nate. "J'espère que l'infarctus du myocarde et les crises cardiaques sont génétiques et se transmettent dans la famille", a ajouté un autre internaute, Kwon So-Young.
Les deux Corées restent techniquement en état de conflit armé depuis l'armistice précaire signé à l'issue de la guerre de Corée (1950-53). "La surveillance et la sécurité des zones frontalières ont été renforcées. Nous sommes très attentifs à tout mouvement de l'armée du Nord", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère de la Défense. (afp)
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Il est mort (vidéo)
Le président de la Corée du Nord, Kim Jong-Il, dont la santé était réputée chancelante depuis des années, est mort samedi, et son fils, Kim Jong-Un, a été désigné pour prendre sa succession, ont annoncé lundi les médias officiels du régime communiste.
Le dirigeant nord-coréen, âgé de 69 ou 70 ans, "a succombé à un grand épuisement mental et physique" le 17 décembre à 08H30 locales (le 16 décembre à 23H30 GMT), a annoncé l'Agence centrale de presse coréenne (KCNA), agence officielle nord-coréenne. Kim, dont la mobilité était réduite depuis un accident cérébral en 2008, est décédé d'un "infarctus du myocarde sévère et d'une crise cardiaque".
Santé fragile
Né officiellement le 16 février 1942, Kim Jong-Il est décédé le samedi 17 décembre à 08H30 locales (le 16 décembre à 23H30 GMT) d'un "infarctus du myocarde sévère et une crise cardiaque" dans son train au cours d'un de ses traditionnels déplacements sur le terrain, selon l'agence nord-coréenne. Kim, dont la biographie officielle et apologique souligne le sacrif ice permanent de sa vie pour son pays, "a succombé à un grand épuisement mental et physique", a-t-elle souligné.
Une présentatrice en pleurs a également annoncé sa mort à la télévision d'Etat nord-coréenne, rappelant les scènes d'hystérie -pour partie orchestrées, soulignent les détracteurs du régime- qui avaient accompagné la mort de Kim Il-Sung.
Il dirigeait d'une main de fer depuis la mort de son père, Kim Jong-Il, en 1994, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), unique dynastie communiste de l'Histoire où règnent culte de la personnalité, censure, exécutions et internements arbitraires dans des camps considérés comme des mouroirs par les ONG.
Successeur de même pas 30 ans
Kim Jong-Il lègue un pays parmi les plus fermés au monde, doté de l'arme nucléaire mais isolé au plan diplomatique, ainsi qu'une économie moribonde.
Son plus jeune fils, Kim Jong-Un, âgé de moins de 30 ans puisqu'il est né en 1983 ou 1984, a été désigné pour prendre sa succession, a annoncé l'Agence centrale de presse coréenne (KCNA), canal privilégié du régime pour chanter la gloire de ses dirigeants et menacer ses ennemis, Corée du Sud, Japon et Etats-Unis en tête.
Promu ces dernières années aux plus hautes fonctions militaires et politiques, le futur leader nord-coréen, Kim Jong-Un, est largement énigmatique. Il accède à la tête d'un Etat parmi les plus pauvres du monde, doté de l'arme nucléaire mais sous-équipé, en proie à des famines meurtrière récurrentes et à d'importantes pénuries énergétiques, sans n'avoir rien laissé transparaître de sa personnalité, ni de ses intentions.
Les médias officiels ont appelé les Nord-Coréens à le reconnaître comme leur nouveau leader. "Tous les membres du Parti (des travailleurs, ndlr), les militaires et le public devraient suivre fidèlement l'autorité du camarade Kim Jong-Un et protéger et renforcer le front uni du parti, de l'armée et du public", a-t-elle exhorté.
Sous surveillance
Les Etats-Unis ont immédiatement fait savoir qu'ils surveillaient la situation "de près" en soulignant que Washington souhaitait la "stabilité" dans la péninsule coréenne.
"Nous surveillons de près les informations sur la mort de Kim Jong-Il. Le président (Barack Obama) a été mis au courant, et nous sommes en contact étroit avec nos alliés en Corée du Sud et au Japon", où les Etats-Unis possèdent des bases avec des milliers d'hommes stationnés, a affirmé un porte-parole de la Maison Blanche. "Nous restons engagés à la stabilité dans la péninsule coréenne, et à la liberté et la sécurité de nos alliés", a-t-il ajouté.
Conflits
La mort de Kim survient alors que Washington et Pyongyang avaient relancé leurs consultations directes ces derniers mois au sujet du nucléaire nord-coréen. A Séoul, le gouvernement sud-coréen a annoncé une réunion en urgence de son Conseil de sécurité national.
Les deux Corées restent techniquement en état de conflit armé depuis l'armistice précaire signé à l'issue de la guerre de Corée (1950-53). Le Japon, ancienne puissance coloniale en Corée (1910-1945), a également annoncé une réunion d'urgence du gouvernement et a exprimé ses condoléances.
"Le gouvernement exprime ses condoléances après l'annonce soudaine du décès inattendu du président de la Commission de la défense nationale de Corée du Nord, Kim Jong-Il", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Osamu Fujimura. "Le gouvernement japonais espère que cette situation ne va pas avoir de conséquences négatives sur la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne", a-t-il ajouté.
Les funérailles nationales de Kim Jong-Il ont été fixées au 28 décembre à Pyongyang. Les autorités de l'Etat stalinien ont décrété un deuil du 17 au 29 décembre. (afp/7sur7Sydney/ca)