La vérité assassinée
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La vérité assassinée
Par Hassan Gherab
Le 17 octobre 1961, Paris, la capitale de la France coloniale, a été le théâtre de véritables massacres d’Algériens qui manifestaient, pacifiquement. Le pogrom, véritable crime contre l’humanité, a été l’œuvre de la France, en tant qu’Etat, impliquant son Président, son Premier ministre, son ministre de l’Intérieur, ses services de police et même des citoyens. Des habitants de Paris se sont faits complices de la police en dénonçant les Algériens qui essayaient d’échapper au massacre en se cachant dans des maisons. Un tel crime ne peut évidemment pas être reconnu par un Etat se disant démocratique, qui a pour devise «Liberté, égalité, fraternité» et qui plus est défend mordicus «les bienfaits du colonialisme civilisateur» pour justement se soustraire à toutes les actions visant à le placer au banc des accusés en tant que criminel. «Ne pas parler de la guerre d’Algérie fait partie d’un patrimoine commun à la gauche et à la droite» française, dit l’historien Pierre Vidal-Naquet.Aussi la France manœuvrera-t-elle pour ne laisser voir que l’avers de cette médaille de pays colonisateur, mais bienfaiteur qu’elle s’est attribuée et qu’elle arbore avec une hypocrite fierté. L’envers, les ratonnades, les massacres à grande échelle, les corvées de bois (exécutions sommaires de prisonniers), la torture, l’éclatement de la société algérienne et des liens sociaux, l’asservissement et la déculturation de tout un peuple sont occultés, ou, quand les témoignages deviennent trop accablants, réduits à des «dérapages» individuels et/ou des dommages collatéraux.Mais en lisant l’histoire, on ne peut que douter des supposés objectifs des Français d’apporter les «bienfaits de la civilisation» à l’Algérie, qui, du reste, n’en avait nullement besoin. Car, avant l’arrivée de l’occupant français, en 1832, l’Algérie comptait moins d’illettrés que la France. Et si la misère, l’analphabétisme et le sous-développement s’y sont installés, c’est du fait du colonisateur. La France a, certes, construit écoles, hôpitaux, villes et routes, comme elle le répète à qui veut bien l’entendre. Mais pour elle et ses colons, parce qu’elle comptait bien s’éterniser dans ce pays qu’elle vampirisait, ce qu’elle ne dit pas, comme elle tait tous ses crimes. Et si des vérités surgissent et font éclater ce fin vernis de colonisateur bienfaiteur, la réponse est qu’en face, le FLN en faisait autant, en omettant sciemment que ce dernier combattait pour l’indépendance du pays, avec, qui plus est, un armement et des moyens bien plus réduits que ceux de l’armée française. Larbi Ben M’hidi l’a bien exprimé. A son tortionnaire qui lui demandait comment ils pouvaient (les responsables du FLN) utiliser des couffins pour déposer des bombes dans la ville, Ben M’hidi répondit simplement : «Donnez-nous vos bombardiers et on vous donnera nos couffins.»
Les crimes de la France colonisatrice ne peuvent aucunement être justifiés ou minimisés, quoi qu’en disent les politiques et les pseudo-historiens qui leur sont acquis. Seule la vérité historique peut cautériser les plaies que ces crimes ont laissées dans les mémoires.
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SEDDIK CHIHAB ET LA REPENTANCE DE L’ANCIENNE PUISSANCE COLONIALE
Le RND veut défoncer la camisole dans laquelle sont enfermées les relations algéro-françaises. Seddik Chihab, l’un des membres les plus influents du bureau national du parti de Ahmed Ouyahia, a donné un avant-goût de ce que sera désormais le débat sur la question de la mémoire. «Nous avons chassé la puissance coloniale d’Algérie, nous sommes les vainqueurs et de ce fait, on n’a besoin ni du pardon de la France ni de sa repentance. Ce dont nous avons besoin, c’est de regarder vers l’avenir», a déclaré hier, M.Chihab sur les onde de la Radio nationale Chaîne III. L'Expression |