Seulement six ministres de l’Énergie sur les 11 pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz étaient présents : l’Algérie, la Russie, le Qatar, l’Égypte, le Nigeria et l’Iran. Donc cinq pays n’ont pas dépêché leur ministre. Ce qui pourrait affecter la prise de décision quant aux mesures à prendre pour augmenter les prix du gaz qui sont actuellement très bas.
Le Venezuela est représenté par son vice- ministre. Une délégation libyenne était présente mais sans son ministre du Pétrole. Des représentants des quatre pays observateurs étaient au rendez-vous : la Norvège, les Pays-Bas, le Yémen et l’Angola également représentés par des délégations. On enregistre l’absence de représentants de la Bolivie, de Trinidad et Tobago et de la Guinée équatoriale. Dans son allocution d’ouverture, le ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, a tiré la sonnette d’alarme : la demande en gaz dans la majorité des zones de consommation a baissé de manière significative en 2008-2009. Les prévisions pour les cinq prochaines années sont plutôt inquiétantes. La demande dans ces zones sera plus forte que celle de 2008. En même temps, le plus gros marché gazier du monde, le marché américain, connaît un autre paradigme. Comme vous savez, le spectaculaire développement de la production de gaz non conventionnel a accru de façon considérable les réserves. Cela limitera les besoins de GNL et génèrera de substantielles surcapacités de regazéification. Parallèlement, nous connaissons un excédent sans précédent du développement de nouvelles capacités de production de GNL. Sous cet angle, en l’occurrence, les capacités annoncées ou les projets en maturation en Australie vont contribuer à exacerber la surabondance de GNL sur les marchés. La combinaison de tous ces facteurs conduit à une baisse des prix dans un marché dérégulé qui affectera indirectement la réduction des volumes vendus sous le régime des contrats à long terme, avec un probable affaiblissement de la structure des contrats take or pay pour les producteurs de gaz. En dépit de signes de reprise de l’économie mondiale, leur impact sur la demande en gaz reste incertain.
Dans la même veine, les politiques de dérégulation conjuguées à une taxation différenciée favorable avec une augmentation des coûts des projets gaziers et des risques pourraient ralentir la pénétration du gaz naturel sur plusieurs segœments de marché.
En somme, la conjoncture actuelle sur les marchés gaziers constitue une véritable menace sur les intérêts des pays producteurs, en d’autres termes sur leurs revenus à court et moyen terme. Une telle participation augure à quelques heures de l’annonce des résultats du forum l’absence de consensus sur une réduction de la production de gaz de ces pays qui représentent l’essentiel des exportations de gaz du monde. La conclusion du ministre de l’Énergie souligne la nécessité d’une coordination entre les pays exportateurs au regard des nouveaux investissements dans la chaîne gazière. “Je pense que nous devons travailler vers le développement d’un marché international du gaz plus stable”. Pas d’allusion à l’Opep du gaz, mais plutôt une insistance sur la nécessité de la mise en œuvre de stratégies appropriées pour la stabilisation du marché.