Le billet de 2000 DA pose toujours problème
Le billet de 2000 DA pose toujours problème
le 12.08.11 | 01h00
Où sont donc passés les billets de 2000 DA ?
Depuis l’émission de cette nouvelle monnaie fiduciaire afin de parer au manque de liquidités – qui d’ailleurs perdure toujours dans les bureaux de poste et au niveau des guichets de banque, surtout en ce mois de Ramadhan –, le billet de 2000 DA est l’objet de toutes les convoitises. Il est pratiquement rare de croiser ces fameuses coupures. D’autant que des informations, non encore confirmées, parlent de l’existence de billets de 2000 DA contrefaits. Une source douanière au port sec de Rouiba révèle la saisie d’une quantité importante de faux billets de 1000 DA et de… 2000 DA dissimulés dans un conteneur. La filière chinoise de fausse monnaie est pointée du doigt par les services de sécurité. En dépit des assurances de la Banque d’Algérie à travers une immense campagne médiatique – avec invitation de journalistes à l’imprimerie, tenue secrète, de la Banque d’Algérie à suivre le processus de fabrication – les barons de l’informel et du change parallèle de devises avaient mis en place toute une stratégie pour mettre la main sur cette monnaie qui ne ferait qu’alléger les gros sacs d’argent en leur possession.
Du coup, le billet de 2000 DA s’évapore à sa sortie des guichets. Le chef d’agence d’une banque à Alger indique : «Nous ne sommes pas alimentés en billets de 2000 DA. D’ailleurs j’en garde soigneusement un dans mon tiroir. Ces coupures nous posent beaucoup de problèmes, puisque nos compteuses et autres machines de détection de faux billets ne les reconnaissent pas.» Dans une autre agence, ce sont les clients qui refusent ces nouveaux billets. «Je ne fais pas confiance à ces coupures, on dit qu’elles sont fausses. Aussi, je préfère les anciens billets», confie un transitaire du port d’Alger. L’effet tant craint par les experts quant à l’émission de ce nouveau billet, à savoir la surliquidité déjà constatée dans le marché, s’avère juste. «Le marché est inondé d’argent de toutes les coupures et de toutes les valeurs. Nous avons observé que le montant des épargnes, notamment celui des ménages est en baisse, idem pour celui des gros portefeuilles. La crise est grave et la méfiance s’est installée dans le milieu économique. Les effets néfastes se sentiront à la rentrée sociale. En d’autres termes, l’inflation enregistrera un taux record cette année», nous explique une source à la Banque d’Algérie. Pour rappel, dans 70 à 80% des transactions, on utilise le cash comme moyen de payement en Algérie.
La précipitation avec laquelle la décision de l’émission de ce nouveau billet a été prise et toute la polémique qui s’en est suivie, surtout avec cette surprenante déclaration du ministre des Finances, Karim Djoudi : «Je l’ai appris par le biais de la presse», renseignent sur la cacophonie dans les hautes sphères de décision et la guerre que se livrent les tenants du business. «Si la crise persiste, la Banque d’Algérie serait dans l’obligation d’arrêter l’émission de ce nouveau billet et de procéder à une autre stratégie pour parer au problème du manque de liquidités. L’urgence est de réfléchir sur le comment récupérer la masse d’argent qui circule sur le marché. Par ailleurs, la décision du gouvernement d’ajourner, à une date non précise, l’entrée en vigueur de la loi sur le paiement des sommes excédant les 500 000 DA par chèque n’a fait qu’accentuer le problème», confie un haut cadre du ministère des Finances. Entre-temps, les autorités parlent du lancement prochain du paiement par carte bancaire et une campagne publicitaire serait en préparation pour sensibiliser les ménages sur les bienfaits du paiement électronique. Quant aux barons de l’informel, la petite «ch’kara» remplacera la grosse et demeurera l’unique mode de paiement.