
Après quatre jours d'émeutes et d'affrontements entre manifestants et brigades antiémeutes, la ville de Tizi Ouzou et pratiquement toutes les autres localités de la wilaya touchées par cette spirale de la violence ont retrouvé, hier, une certaine accalmie.Aucun incident particulier n'a été relevé durant toute la journée d'hier alors que l'activité socioéconomique a retrouvé son cours normal. Excepté l'université Mouloud-Mammeri et tous les instituts universitaires de Hasnaoua, Boukhalfa et Tamda qui sont toujours en grève, les établissements d'enseignement scolaire, tous paliers confondus, ainsi que les centres de formation professionnelle ont repris les cours et ont fonctionné le plus normalement du monde. Certes, les dégâts occasionnés par les évènements de ces derniers jours gardent encore des traces sur les façades de quelques édifices publics mais la ville des Genêts a été nettoyée, un! e fois de plus, durant toute la nuit de dimanche à lundi par les travailleurs communaux et le décor rétabli de la cité contrastait hier matin avec le "champ de bataille" de la veille où les projectiles de toutes sortes et de tous les calibres ainsi que des pneus calcinés jonchaient la chaussée en plusieurs endroits névralgiques de la ville. Il semble bien que les mesures d'apaisement décidées la veille par les pouvoirs publics ont déteint sur la furie juvénile surtout que des affiches appelant au calme ont été placardées de nuit sur les façades des principales artères de la ville, notamment un appel émanant d'une certaine "Initiative citoyenne pour la réunification du mouvement citoyen". Les initiateurs de cet appel non signé et placardé à grande échelle à travers toute la ville de Tizi Ouzou estiment que "le chef-lieu de wilaya ainsi que d'autres localités ont été le théâtre de désolantes scènes de saccage, de pillage et même de rackets. Jamais dans l'histoire de la Kabyli! e, il y a eu des manifestations anarchiques à des buts inavoué! s alors que les enfants de cette région chère à l'
Algérie se sont soulevés pour la cause identitaire, la justice et la démocratie". Dans le même appel, on pouvait lire aussi que "s'il est vrai que sur le plan social, la situation en
Algérie est difficile, rien ne justifie ces graves dérapages. Ce n'est pas en pillant des magasins, en agressant des automobilistes ou en rackettant de pauvres citoyens qu'on arrache des droits aussi légitimes soient-ils. Il n'y a que la mobilisation pacifique qui peut faire aboutir les revendications démocratiques et sociales". Par ailleurs, des comités de village, des commerçants et des élus de la commune de Aïn El-Hammam ont rendu publique, hier, une déclaration à travers laquelle ils ont appelé les citoyens, notamment les jeunes à faire preuve de lucidité et de ne pas s'attaquer aux commerces et de préserver les biens publics et privés. "Restons vigilants tout en sensi! bilisant nos jeunes pour éviter les débordements ! Nous demandons aux commerçants de la ville de ne pas céder aux intimidations et aux provocations et de garder leurs magasins ouverts", lit-on dans cet appel. La région a connu depuis samedi dernier des débordements sans répit, ce qui a conduit au saccage du siège de l'agence BDL et des anciens locaux de la Badr. Enfin, de son côté, le Syndicat autonome de l'éducation et de la formation (Satef) a appelé hier, dans une déclaration transmise à la presse, les jeunes manifestants à épargner les établissements scolaires. "En ce moment crucial que vit notre pays, nous appelons le peuple algérien et particulièrement les jeunes manifestants à épargner les établissements scolaires, car saccager ou brûler une école ne va dans l'intérêt de personne", écrit le Satef, ajoutant que "nous comprenons la colère des travailleurs qui souffrent de l'érosion de leur pouvoir d'achat, mais ne nous comprendrons jamais le saccage d'une école et d'un! lieu de savoir. Que restera-t-il alors ?", conclut le communiqué du Sa! tef.