Le calme revient, la fracture demeure
Les services de la Gendarmerie nationale ont mis en place un dispositif complémentaire pour arrêter les personnes impliquées dans le vol lors des émeutes. Ce qui a permis la restitution de plusieurs objets volés.Les agresseursde l'autoroute voulaient profiter des émeutesLe plus important serait la saisie spectaculaire d'un lot de cocktail Molotov par la compagnie de GN de Rouiba à l'est de la capitale. Cette saisie a été possible suite à l'exploitation d'un renseignement faisant état de la tentative d'une bande de malfaiteurs d'agresser des automobilistes avec menaces à l'aide de cocktail Molotov. Le chef de cette bande a été arrêté et l'enquête est toujours en cours pour l'identification de ses complices.Les services de la gendarmerie ont pu localiser dans la soirée d'avant-hier un dépôt où a été stockée la marchandise volée de l'usine Continental spécialisée dans la fabrication des clim! atiseurs et des électroménagers à Baraki.Selon une source proche de l'enquête, les éléments de la compagnie de la GN de Baraki ont pu localiser le dépôt au niveau d'une villa en construction située à haouch Hamza et ont pu arrêter en flagrant délit un couple chargé du recel des objets volés. L'enquête est toujours en cours.Les enquêtes des services de sécurité portent actuellement sur les dépôts des objets volés lors des pillages enregistrés au niveau de plusieurs quartiers lors des émeutes. Les premières investigations ont abouti à l'arrestation de cinq personnes par la brigade de GN de Gué-de-Constantine pour recel. Un autre jeune arrêté également par les mêmes services à haï El-Joumhouria dans la commune des Eucalyptus pour vol ainsi qu'un autre jeune voleur à Chéraga.Les présentations des émeutiers se poursuivent toujours sous haute surveillance, et ce, après des enquêtes approfondies. "La plupart des personnes impliquées ont été arrêtées en flagrant délit", nous préci! se un enquêteur. On apprend de source sûre que 36 émeutiers se! ront traduits devant les tribunaux d'El-Harrach, Hussein-Dey,Rouiba, Chéraga et Koléa au cours de cette semaine dont 4 personnes à Rouiba, 3 personnes à Zéralda et 3 personnes à Baraki. Les services de la GN ont déjà présenté 6 émeutiers de Zéralda qui ont été mis sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur et 12 autres personnes au niveau du tribunal de Chéraga dont 7 ont été écrouées et les autres mis sous contrôle judiciaire, à Rouiba 2 personnes ont été écrouées par le magistrat instructeur alors que 10 personnes arrêtées par les gendarmes de Baraki ont été présentées devant le procureur près le tribunal d'El-Harrach qui a ordonné le mandat de dépôt de 4 personnes et 2 mis en cause ont été mis sous contrôle judiciaire.La manipulation continueet s'étend aux campusSelon un rapport sécuritaire transmis au services du ministère de l'Intérieur, 80% des personnes impliquées ne dépassaient guère l'âge de 30 ans alors que près de 20% ont moins de 20 ans. La plupart s! ont des chômeurs et les autres des journaliers sans emploi fixe et originaires pour la plupart d'entre eux des quartiers populaires et des bidonvilles avec un niveau ne dépassant pas la 9e année fondamentale. Un dispositif sécuritaire a été mis en place pour éviter tout débordement devant les campus et les cités universitaires et déjouer toute tentative de manipulation. La cité universitaire des filles à Dergana à l'est d'Alger a été l'objet d'une tentative d'une attaque repoussée par les services de sécurité. On apprend aussi que le ministère de l'éducation a pris des mesures pour sécuriser les élèves et a instruit les directeurs des établissements scolaires de ne pas libérer les élèves avant les heures de sortie. Les élèves de la 1reAS et 2eAS du lycée Messaouda-Djida à Cherarba vont regagner leurs classes aujourd'hui. Ce lycée a vu ses archives et matériels complètement brûlés. Ce qui n'est pas le cas de plusieurs stagiaires des centres de formation qui n'ont pas encore ! rejoint leurs salles à l'image du centre de formation de Aïn Taya qui a! été totalement saccagé et 10 micro-ordinateurs volés.Malheureusement, les conséquences des sabotages étant assez graves au point où plusieurs employés se trouvent depuis dimanche sans travail, des femmes de ménages, chefs de famille, pleuraient sur leur sort à Baraki, Bordj El-Kiffan et dans plusieurs autres communes. Une centaine d'employés ont perdu leur gagne-pain.Le conseil du Gouvernement va se réunir aujourd'hui pour évaluer les dégâtsPlusieurs édifices ont été saccagés et incendiés, des chalets de la base vie d'une société chinoise sise à Heuraoua (Rouiba) ont été incendiés ainsi que deux véhicules et du matériel informatique. 5 autres chalets à la cité du Moujahid à Gué-de-Constantine et 4 autres à El-Marsa à l'est de la capitale et 10 chalets à Dergana ont tous été incendiés.On enregistre plusieurs dégâts matériels au niveau des entreprises publiques et privées qui ont fait perdre plusieurs emplois comme c'est le cas de la société de vente de véhicules Sima, l'en! treprise privée Sayem saccagée complètement et 10 véhicules se trouvant dans le parking calcinés, le centre commercial LG à Baraki, le point de vente de l'entreprise Beko spécialisée dans l'électroménager, le showroom du concessionnaire Nissan, le siège de la BNA à Dar El-Beïda et 50 autres véhicules ont été saccagés au parc communal de la commune de Raïs Hamidou. Même les centres de santé n'ont pas été épargnés. Une polyclinique à Dergana a fait l'objet de vol d'une quantité importante de médicaments et de matériel médical. L'opérateur téléphonique Nedjma a subi, lui aussi, des dégâts à Ouled Fayet et son matériel informatique volé tout comme son siège à la cité ADDL à Bab-Ezzouar incendié.
Le calme revient, la fracture demeure
Les Algériens ont commencé à reprendre une vie normale après cinq journées d'émeutes meurtrières contre la vie chère et auxquelles le gouvernement a répondu par des mesures destinées à juguler la flambée des prix des denrées alimentaires de base, le sucre et l'huile notamment.O fficiellement, ces violences ont fait trois morts et 800 blessés dont 763 policiers, selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur qui a aussi annoncé un millier d'interpellations.Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a considéré que la période de violences était close. Au départ de cette période, il y a quelques semaines, on avait assisté à des mouvements de protestation de petits groupes contre l'absence de logements sociaux, les passe-droits, la corruption et la hogra, un concept typiquement de chez nous et qui veut tout dire du désarroi, des revendications et des attentes. Le mo! uvement s'est rapidement étendu aux jeunes, à l'échelle nationale, contre la flambée des prix des produits de base et a entraîné le saccage de commerces mais aussi de bâtiments publics, symboles de l'État. Les raisons de cette fracture sont controversées.Pour les officiels, c'est la faute à la flambée des prix alors que pour d'autres, ce sont la qualité de la gouvernance du régime avec ses verrouillages politique et médiatique et ses choix économiques erratiques.L'Algérie a développé des infrastructures sans un projet de société, d'où leur aspect d'inachevé et les gaspillages qui en découlent.Comme, par exemple, ces multiples cités alignées en dominos, sans attraits, sans âmes, désintégrées au point de n'être que de vulgaires dortoirs. L'État, après avoir constaté que son ouverture économique, a installé le bazar, a repris les choses en main, décrétant être le principal facteur de croissance. Les adeptes de ce nouveau et énième virage on! t oublié les fondamentaux de l'économie : à savoir que la croi! ssance, c'est l'affaire des entreprises. L'heure des économies administrées ont fait leur temps voilà belle lurette. Que l'État se contente de ses missions pérennes de régulateur et de protecteur des équilibres sociaux et les moutons sont bien gardés.Les grands ouvrages sont certes nécessaires parce que, entre autres, ils sont structurants, mais ils ne sont pas créateurs d'emploi.Chez nous, force est de constater, que ces mégaprojets n'ont pas induit de dynamisme au sein de la PME-PMI qui se plaint de toujours souffrir de maux découlant de vision hégémonique de l'administration. Et encore moins de bouleversements dans nos universités et centres d'études et de recherche, en léthargie faute de relations avec le monde du travail et des affaires.L'économie est encore sous le sceau de l'import-import. Et ce ne sont pas les récentes émeutes qui le démentiront.Leur cause est la flambée des prix de produits importés et la thérapie proposée par le gouvernement ne concerne pour l'ins! tant que des mesures temporaires destinées à en réduire l'impact sur les consommateurs en faisant bénéficier des allégements de procédures et de taxes aux importateurs de ces produits ! Heureusement que le ministre de l'Intérieur a recadré cette assimilation des émeutes qui ont soufflé à travers tout le territoire national, à une révolte de l'appareil digestif, en admettant qu'une grande partie de la violence actuelle parmi les jeunes vient de la décennie noire des violences islamistes.Ces jeunes sont extrêmement nihilistes, a-t-il déclaré. Ils ont des besoins, aiment les beaux vêtements, sont influencés par Internet et manquent de dérivatifs.Voilà qui bien dit ce qu'il faut dire de cette semaine de violences. Est-ce la feuille de route d'un nouveau programme ? Reste que les émeutes ne sauraient être soldées, comme à l'accoutumée.La crise est loin d'être réglée, les émeutes ont été révélatrices du fossé qui sépare les citoyens du pouvoir, tout comme elles ont mis - une nouv! elle fois - le doigt sur cette culture de la violence ambiante dans le ! pays et dont l'antidote est connue de tous : ne pas laisser des populations livrées à elles-mêmes, sans canaux d'écoute de proximité crédible et sans porte-parole de confiance, crédibles.
LUNDI 10 JANVIER 2011
36 arrestations et des dégâts estimés en milliards
Les dégâts occasionnés aux édifices publics après les violents mouvements de protestation qu'a vécus la wilaya d'Oum El-Bouaghi, à l'instar d'autres régions du pays, s'élèvent à plusieurs milliards de centimes. Selon les premiers bilans dressés, on signale du côté de l'entreprise Algérie Télécom une perte estimée à 4,5 milliards de centimes. Pour Algérie Poste, les dégâts avoisinent les 170 millions centimes rien qu'à Aïn Beïda. Et plus de 150 millions de centimes pour l'agence Mobilis au niveau de la même ville. De son côté, la Badr d'Aïn Beïda a subi des dégâts dont le coût s'élève à 1,2 milliards de centimes. Par ailleurs, l'ADE a évalué les dégâts qu'ont connus ses unités à Aïn Kercha et à Aïn Fakroun à près de 4 millions de dinars. Quant à la Sonelgaz, l'on a estimé ses pertes à Aïn Fakroun et Oum El-Bouaghi à pas moins de 5 millions de dinars.Signalons qu'à Oum El-Bouaghi, 36 personnes ont été a! rrêtées par la police et présentées, hier, devant la justice.
UNDI 10 JANVIER 2011
Le calme revient à Tizi Ouzou !
Après quatre jours d'émeutes et d'affrontements entre manifestants et brigades antiémeutes, la ville de Tizi Ouzou et pratiquement toutes les autres localités de la wilaya touchées par cette spirale de la violence ont retrouvé, hier, une certaine accalmie.Aucun incident particulier n'a été relevé durant toute la journée d'hier alors que l'activité socioéconomique a retrouvé son cours normal. Excepté l'université Mouloud-Mammeri et tous les instituts universitaires de Hasnaoua, Boukhalfa et Tamda qui sont toujours en grève, les établissements d'enseignement scolaire, tous paliers confondus, ainsi que les centres de formation professionnelle ont repris les cours et ont fonctionné le plus normalement du monde. Certes, les dégâts occasionnés par les évènements de ces derniers jours gardent encore des traces sur les façades de quelques édifices publics mais la ville des Genêts a été nettoyée, un! e fois de plus, durant toute la nuit de dimanche à lundi par les travailleurs communaux et le décor rétabli de la cité contrastait hier matin avec le "champ de bataille" de la veille où les projectiles de toutes sortes et de tous les calibres ainsi que des pneus calcinés jonchaient la chaussée en plusieurs endroits névralgiques de la ville. Il semble bien que les mesures d'apaisement décidées la veille par les pouvoirs publics ont déteint sur la furie juvénile surtout que des affiches appelant au calme ont été placardées de nuit sur les façades des principales artères de la ville, notamment un appel émanant d'une certaine "Initiative citoyenne pour la réunification du mouvement citoyen". Les initiateurs de cet appel non signé et placardé à grande échelle à travers toute la ville de Tizi Ouzou estiment que "le chef-lieu de wilaya ainsi que d'autres localités ont été le théâtre de désolantes scènes de saccage, de pillage et même de rackets. Jamais dans l'histoire de la Kabyli! e, il y a eu des manifestations anarchiques à des buts inavoué! s alors que les enfants de cette région chère à l'Algérie se sont soulevés pour la cause identitaire, la justice et la démocratie". Dans le même appel, on pouvait lire aussi que "s'il est vrai que sur le plan social, la situation en Algérie est difficile, rien ne justifie ces graves dérapages. Ce n'est pas en pillant des magasins, en agressant des automobilistes ou en rackettant de pauvres citoyens qu'on arrache des droits aussi légitimes soient-ils. Il n'y a que la mobilisation pacifique qui peut faire aboutir les revendications démocratiques et sociales". Par ailleurs, des comités de village, des commerçants et des élus de la commune de Aïn El-Hammam ont rendu publique, hier, une déclaration à travers laquelle ils ont appelé les citoyens, notamment les jeunes à faire preuve de lucidité et de ne pas s'attaquer aux commerces et de préserver les biens publics et privés. "Restons vigilants tout en sensi! bilisant nos jeunes pour éviter les débordements ! Nous demandons aux commerçants de la ville de ne pas céder aux intimidations et aux provocations et de garder leurs magasins ouverts", lit-on dans cet appel. La région a connu depuis samedi dernier des débordements sans répit, ce qui a conduit au saccage du siège de l'agence BDL et des anciens locaux de la Badr. Enfin, de son côté, le Syndicat autonome de l'éducation et de la formation (Satef) a appelé hier, dans une déclaration transmise à la presse, les jeunes manifestants à épargner les établissements scolaires. "En ce moment crucial que vit notre pays, nous appelons le peuple algérien et particulièrement les jeunes manifestants à épargner les établissements scolaires, car saccager ou brûler une école ne va dans l'intérêt de personne", écrit le Satef, ajoutant que "nous comprenons la colère des travailleurs qui souffrent de l'érosion de leur pouvoir d'achat, mais ne nous comprendrons jamais le saccage d'une école et d'un! lieu de savoir. Que restera-t-il alors ?", conclut le communiqué du Sa! tef.
-- http://actu.endz.co.cc/2011/01/les-troublantes-verites-de-daho-ould.html