Le commerce informel a la peau dure
Commune de Rouiba à l’est de la capitale
Le commerce informel a la peau dure
le 25.05.13 | 10h00
La ville est sous l’emprise des commerçants informels qui refusent de rejoindre les marchés de proximité nouvellement réalisés.
La commune de Rouiba est l’une des villes de la capitale les plus touchées par le phénomène du commerce informel. Cette situation s’est répercutée négativement sur le cadre de vie des habitants, qui s’est altéré de manière significative. La majorité des espaces, réservés initialement aux piétons, sont squattés par les vendeurs à la sauvette et autres marchands informels. Ces commerçants, qui échappent à tout contrôle, ont élu domicile dans les moindres recoins de la ville, lui conférant des allures de souk, où se négocient toutes sortes de marchandises.
De la téléphonie mobile, aux fruits et légumes, en passant par les effets vestimentaires et les ustensiles de cuisine, tout est commercialisable à Rouiba, y compris les plantes médicinales et le pain traditionnel, pour ne citer que ces marchandises. En sortant de la gare ferroviaire, les voyageurs sont souvent gênés dans leurs déplacements par les étals improvisés devant de la gare et sur le tablier de sa passerelle. A cet endroit on propose à la vente principalement de l’habillement et des ustensiles de cuisine. La présence policière empêche cependant ces vendeurs informels de s’installer durablement sur les lieux. Ils sont traqués par les agents de l’ordre à longueur de journée, mais au moindre relâchement, ils réinvestissent les lieux.
A quelques encablures de la gare ferroviaire, ces marchands installent leur étal à proximité de la station de transport urbain, où ils proposent des fruits et légumes. Les automobilistes, qui empruntent cette artère considérée comme l’accès principal à la ville, trouvent d’énormes difficultés à se frayer un passage. A cause de l’anarchie provoquée par ces vendeurs, d’interminables embouteillages se forment sur cet axe routier important.
Au centre-ville la situation n’est guère meilleure. Aux alentours de l’ancien marché couvert, les marchands informels ont également pignon sur rue. Ils occupent, avec leur étal, tous les espaces immédiats du marché. Aussi leur nombre s’avère être plus important que celui des marchands à l’intérieur du marché. Ces derniers sont pénalisés par cette situation. «Nous nous acquittons de toutes les charges que nous imposent les pouvoirs publics, mais en contre- partie nous n’avons bénéficié d’aucune mesure devant nous protéger contre ces marchands illicites qui arrivent à travailler plus que nous», regrette un commerçant de fruits et légumes.
En plus des abords du marché couvert qui sont occupés par les marchands illicites, toutes les rues et venelles sont également sous leur emprise. Les étals et autres installations de fortune ponctuent le parcours jusqu’à la station de transport urbain. Chaque tronçon de trottoir est occupé par de la marchandise. Cette situation prévaut aussi au niveau du marché couvert de vêtements, où toutes les rues qui l’entourent sont sujettes à ce genre de commerce qui congestionne la ville. Outre ces endroits, la principale place de Rouiba qui se trouve en face de l’ancien siège de l’APC, est également envahie par les vendeurs. Dans cet endroit, adjacent à une mosquée, on écoule des téléphones portables et des chaussures.
Lutter contre le commerce informel
Pour lutter contre la prolifération du commerce informel à Rouiba, trois grandes structures commerciales ont été réalisées au profit des marchands informels de la commune. Ces nouvelles réalisations sont des marchés de proximité dédiés au commerce de fruits et légumes. Le premier se trouve dans la localité de Sbaât et compte 24 étals.
Le deuxième est situé sur la route de Aïn Taya, il compte 32 étals.
Le troisième a été réalisé à Aïn Kahla avec 84 étals.
Néanmoins, aucune de ces structures, nouvellement réalisées, n’est opérationnelle. Les marchés de Sbaât et de la route de Aïn Taya ne sont pas exploités, car les listes de bénéficiaires n’ont pas été établies. Quant au marché de Aïn Kahla, en dépit de l’attribution des étals, il n’est toujours pas exploité.
Les commerçants qui y ont été affectés refusent de le rejoindre. Ils demandent la construction d’étals en dur, à la place des tables en bois. D’après les responsables locaux, «les marchands informels ont été invités à maintes reprises à venir s’installer dans ces structures. On a proposé aux marchands, qui occupent illégalement les artères de la ville, de rejoindre les nouveaux marchés de proximité, mais ils refusent toujours de s’y installer. Toutefois nous sommes en train d’effectuer un travail de sensibilisation auprès de ces commerçants pour les inciter à entrer dans la légalité», assure Mouazène Zohir, nouveau président de l’APC.
Outre ces problèmes liés à la prolifération du commerce informel, la ville de Rouiba connaît une multitude d’autres problèmes, particulièrement ceux ayant trait à la prolifération des bidonvilles, au manque d’hygiène et à la défaillance de l’actuel plan de circulation au niveau du centre-ville. «L’actuel plan de circulation n’est plus adapté à la réalité. Nous sommes en train de travailler, avec les partenaires concernés par cette question, pour élaborer un nouveau plan de circulation qui doit prendre en charge les nouvelles données que sont le nombre grandissant des voitures et de la population. Le nouveau plan de circulation permettra une plus grande fluidité de la circulation au niveau du centre-ville et de sa périphérie», affirme le président de l’APC.
Le chômage à Rouiba touche malheureusement une grande frange de la population, notamment les jeunes.
En dépit de l’existence d’une zone industrielle d’importance nationale, les jeunes de la commune continuent de subir les méandres de cette situation paradoxale.