Le Brésil est littéralement sous le choc ce matin. Les journaux brésiliens font état de ce deuil national. « Honte, embarras, humiliation » titre O Globo. « La pire déroute de l’histoire de la Seleção » complète à froid Folha de São Paulo, qui précise que cette défaite est encore plus cinglante que le Maracanazo de 1950, la finale perdue par le Brésil contre l’Uruguay (1-2) dans le stade de Rio. « Le Maracanazo, le Mineirazo... Un nouveau traumatisme pour le Brésil », souligne O Dia, qui revient sur les revers historiques du Brésil, comme la finale perdue contre la France en 1998 (0-3) puis le nouvel échec en quart de finale du Mondial 2006 contre les Bleus (0-1). Et la surenchère ne s’arrête pas là. « Va en enfer, Felipao », lance sèchement le journal de Rio en direction du sélectionneur Luis Felipe Scolari, premier coupable de ce désastre.
« Pour la deuxième fois de son histoire, le Brésil échoue à devenir champion du monde à domicile, annonce Folha de Sao Paulo qui propose une analyse sociétale à cette défaite historique. Si la défaite de 1950 avait tourné à la tragédie, celle de 2014 est marquée du sceau de l’humiliation. Une déroute qui laissera des traces. En 1950, la défaite contre l’Uruguay était devenue un traumatisme national pour 52 millions de Brésiliens, la plupart ruraux. 64 ans plus tard, 200 millions de Brésiliens, qui vivent en grande majorité dans les grandes villes, ont assisté en direct au massacre de leur équipe. »
La presse allemande jubile, l'Argentine aussi
Le contraste est évidemment saisissant entre la détresse de presse brésilienne et l’euphorie de la presse allemande. « Pas de mots », « miracle », « légendaire » tirent au choix les quotidiens outre-Rhin… Et un journal ne fait pas les choses à moitié, c'est bien Bild qui consacre quasiment une page par but, photos à l'appui. Die Welt évoque lui sur son site un « miracle déjà légendaire ». Rien ni personne ne peut faire tomber « la 7e merveille du football », comme titre le site du très sérieux Frankfuter Allgemeine Zeitung. « Les records pleuvent, les rêves du pays hôte se diluent dans les larmes », le quotidien Süddeutsche Zeitung est sans pitié pour le Brésil et ses habitants.
Le reste de la presse mondiale analyse ce désastre avec plus de recul et moins d’émotion. Le tabloïd anglais Daily Mirror n'y va pas par quatre chemins : le Brésil a été tout simplement « détruit » par les Allemands. Les regards ne mentent pas. Dans son diaporama, le site Internet du Guardian étale davantage les larmes des Brésiliens que les sourires rouge et noir. En Italie, Tuttosport fait un jeu de mots en titrant « Braisé ». Au Portugal, A Bola avance que « le football ne sera plus jamais le même » après cette demi-finale et dit « Adieu » aux Brésiliens. Pour terminer sur une note humoristique, l’Argentine ne se prive pas de moquer la déroute de son voisin et ennemi, avant leur demi-finale contre les Pays-Bas ce soir (22h). « Decime que se siete » (Dis-moi ce que tu ressens), titre le quotidien sportif Olé, reprenant la première phrase du chant des supporters de l’Albiceleste à la gloire de Maradona, supérieur à Pelé selon eux, en changeant le dernier mot par « siete » (sept) au lieu de « siente » (ressens). Attention à ne pas passer du rire aux larmes ce mercredi soir.
Revue de presse : Le crash de la Seleção provoque un séisme mondial