Le destin des mineurs chiliens devenu un grand show
Bloqués à 700 m de fond depuis le 5 août 2010, les 33 mineurs devraient sortir en milieu de semaine.
En surface, le campement Espoir oĂč sont installĂ©es les familles, est envahi par des centaines de journalistes du monde entier. Sous terre, les «33» poursuivent leur « media training », pour les prĂ©parer Ă affronter la pression des mĂ©dias Ă leur sortie.
Mi septembre, l'écrivain chilien Mauricio Tolosa nous décrivait déjà les prémisses de ce « grand show médiatique ».
En surface, le campement Espoir oĂč sont installĂ©es les familles, est envahi par des centaines de journalistes du monde entier. Sous terre, les «33» poursuivent leur « media training », pour les prĂ©parer Ă affronter la pression des mĂ©dias Ă leur sortie.
Mi septembre, l'écrivain chilien Mauricio Tolosa nous décrivait déjà les prémisses de ce « grand show médiatique ».
Mauricio Tolosa, Ă©crivain chilien.
15.09.2010Par Mauricio Tolosa, Ă Santiago du ChiliIls sont trente-trois. Ils habiteront « le fond » du dĂ©sert pendant trois ou quatre mois. Tout dĂ©pendra du rythme et du succĂšs du plan de sauvetage A, B ou C. Les trois diffĂ©rentes Ă©quipes avec leur Ă©normes machines font la course pour ouvrir le tunnel de lâespoir.
Les Chiliens, tout en fĂȘtant le Bicentenaire de la dĂ©claration dâindĂ©pendance de lâEspagne, suivent lâĂ©vĂ©nement qui sature les mĂ©dias. Le campement de base de lâopĂ©ration de sauvetage San Lorenzo, comme lâa baptisĂ© le prĂ©sident de la RĂ©publique Sebastian Piñera, nâest pas seulement un espace pour les techniciens et les familles, câest aussi un studio gĂ©ant, une usine de production de mots, sons et images pour la presse, radio et tĂ©lĂ©vision.
LâĂ©tonnant dĂ©sert chilien sert de paysage pour une Ă©trange continuitĂ© thĂ©matique. Sur la surface de cette terre aride qui a servi dans de nombreuses occasions Ă tester des vĂ©hicules destinĂ©s Ă lâexploration de Mars et de la Lune, travaillent maintenant des spĂ©cialistes et conseillers de la NASA et de Mars500 (les projets spatiaux des Etats-Unis et de la Russie), experts de la conduite humaine dans des conditions dâisolement extrĂȘme.
Les Chiliens, tout en fĂȘtant le Bicentenaire de la dĂ©claration dâindĂ©pendance de lâEspagne, suivent lâĂ©vĂ©nement qui sature les mĂ©dias. Le campement de base de lâopĂ©ration de sauvetage San Lorenzo, comme lâa baptisĂ© le prĂ©sident de la RĂ©publique Sebastian Piñera, nâest pas seulement un espace pour les techniciens et les familles, câest aussi un studio gĂ©ant, une usine de production de mots, sons et images pour la presse, radio et tĂ©lĂ©vision.
LâĂ©tonnant dĂ©sert chilien sert de paysage pour une Ă©trange continuitĂ© thĂ©matique. Sur la surface de cette terre aride qui a servi dans de nombreuses occasions Ă tester des vĂ©hicules destinĂ©s Ă lâexploration de Mars et de la Lune, travaillent maintenant des spĂ©cialistes et conseillers de la NASA et de Mars500 (les projets spatiaux des Etats-Unis et de la Russie), experts de la conduite humaine dans des conditions dâisolement extrĂȘme.
Les mineurs Ă 700 m de fond.
BERCEAU DU MOUVEMENT OUVRIER
LĂ oĂč il nây a pas de continuitĂ©, câest dans le discours social et politique qui entoure les mineurs piĂ©gĂ©s. Le nord du Chili a Ă©tĂ© le berceau du mouvement ouvrier et populaire. Il y a un siĂšcle, les luttes des travailleurs des mines du salpĂȘtre ont donnĂ© naissance aux syndicats et fĂ©dĂ©rations ouvriĂšres, au Parti communiste chilien et aux mouvements anarchistes. Leurs luttes ont nourri lâimaginaire collectif du mouvement de gauche. La cĂ©lĂšbre Cantate Santa MarĂa de Iquique, chantĂ©e par le groupe de musique Quilapayun Ă travers le monde entier, en est un tĂ©moignage.
VoilĂ quelques annĂ©es, le discours venu du fond de la terre aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent. Dans ce dĂ©sert, oĂč les empreintes dâune marche sur le sable salin peuvent se conserver pendant une dizaine dâannĂ©es, les choses ont changĂ©.
Ă travers la « sonde ombilicale » qui a permis dâĂ©tablir un premier contact avec le fond de la terre et de rĂ©cupĂ©rer le morceau de papier oĂč a Ă©tĂ© Ă©crit le message « nous sommes vivants, les 33, au refuge », sont arrivĂ©es aussi les premiĂšres images vidĂ©o. On y voit des fantĂŽmes, dans lâobscuritĂ©, maigres, barbus, avec leur casque, spectres dâun autre temps qui paraissent essayer de regarder vers lâextĂ©rieur Ă travers la camĂ©ra.
Câest lâimage des ouvriers du XIXĂšme siĂšcle, de la RĂ©volution industrielle, un peu floue, dĂ©colorĂ©e. Le monde sâest Ă©mu. Il nây avait pas que la joie de les trouver vivants, il y avait aussi une reconnaissance du « stĂ©rĂ©otype » du monde du travail qui se sacrifie pour nous et notre confort.
LĂ oĂč il nây a pas de continuitĂ©, câest dans le discours social et politique qui entoure les mineurs piĂ©gĂ©s. Le nord du Chili a Ă©tĂ© le berceau du mouvement ouvrier et populaire. Il y a un siĂšcle, les luttes des travailleurs des mines du salpĂȘtre ont donnĂ© naissance aux syndicats et fĂ©dĂ©rations ouvriĂšres, au Parti communiste chilien et aux mouvements anarchistes. Leurs luttes ont nourri lâimaginaire collectif du mouvement de gauche. La cĂ©lĂšbre Cantate Santa MarĂa de Iquique, chantĂ©e par le groupe de musique Quilapayun Ă travers le monde entier, en est un tĂ©moignage.
VoilĂ quelques annĂ©es, le discours venu du fond de la terre aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent. Dans ce dĂ©sert, oĂč les empreintes dâune marche sur le sable salin peuvent se conserver pendant une dizaine dâannĂ©es, les choses ont changĂ©.
Ă travers la « sonde ombilicale » qui a permis dâĂ©tablir un premier contact avec le fond de la terre et de rĂ©cupĂ©rer le morceau de papier oĂč a Ă©tĂ© Ă©crit le message « nous sommes vivants, les 33, au refuge », sont arrivĂ©es aussi les premiĂšres images vidĂ©o. On y voit des fantĂŽmes, dans lâobscuritĂ©, maigres, barbus, avec leur casque, spectres dâun autre temps qui paraissent essayer de regarder vers lâextĂ©rieur Ă travers la camĂ©ra.
Câest lâimage des ouvriers du XIXĂšme siĂšcle, de la RĂ©volution industrielle, un peu floue, dĂ©colorĂ©e. Le monde sâest Ă©mu. Il nây avait pas que la joie de les trouver vivants, il y avait aussi une reconnaissance du « stĂ©rĂ©otype » du monde du travail qui se sacrifie pour nous et notre confort.