Il rompt avec les attentats kamikazes et opte pour la stratégie des embuscades et des attaques surprises en raison de la pression exercée par les forces de sécurité sur ses groupes, notamment sur les routes et dans les villes.
L’attentat d’avant-hier perpétré à Timezrit est considéré comme le plus meurtrier dans la wilaya de Boumerdès depuis le début de l’année. Il a été commis presque au même endroit et dans les mêmes conditions que celui du 9 avril dernier, soit le jour de l’élection présidentielle, et qui avait fait deux morts parmi les policiers et trois blessés dont deux chauffeurs de l’APC de Timezrit. Ainsi, par deux fois, le groupe terroriste, sévissant dans cette région, choisit des rendez-vous importants (élection et examen du BEF) et les mêmes lieux pour surprendre des policiers déployés pour assurer le bon déroulement de ces évènements. La tactique des assaillants étant toujours la même.
Explosion de bombes accompagnée de tirs nourris. Mais cette fois, le bilan est lourd, très lourd même : dix morts et deux blessés avec, en plus, des armes subtilisées aux victimes. Cet attentat intervient une semaine seulement après celui commis à Biskra où un convoi de l’ANP était tombé dans une embuscade tendue par un groupe terroriste où huit militaires ont été tués. Une semaine avant, soit le 20 mai, un autre attentat a été commis presque dans les mêmes circonstances contre les forces de sécurité dans la région de Médéa provoquant la mort de 5 gendarmes.
Ces trois embuscades, qui se ressemblent, perpétrées en l’espace de dix jours, ont fait 23 morts au total dans les rangs des forces de sécurité. Ainsi, le GSPC semble changer de stratégie ces derniers mois. Il rompt avec les attentats kamikazes et opte pour la stratégie des embuscades et des attaques surprises. Certains observateurs expliquent ce choix par la pression exercée par les forces de sécurité sur ces groupes, notamment sur les routes et dans les villes. Ce qui a amené le groupe de Droukdel à changer de mode opératoire en favorisant beaucoup plus les attentats classiques qu’il organise le plus souvent dans les maquis.
En optant pour ce type d’attentats, le GSPC veut démontrer que sa capacité de nuisance reste intacte et qu’il a encore l’initiative du terrain. Certains observateurs expliquent ce changement de cap suite aux effets néfastes laissés par les attentats kamikazes à “l’irakienne” qui ont fait plus de victimes parmi les civils. En outre, certains “émirs” nouvellement installés s’emploient à prouver leur capacité sur le terrain.
C’est le cas d’Abou Salama dit El-Fermach, “émir” de la seria de Timezrit aurait été nommé dernièrement à la tête de katibat El-Ansar après la mort de Mesrour lequel avait succédé, pour rappel, à Bentouati Ali dit Amine qui s’est rendu aux forces de sécurité en février 2009. El-Fermach, qui a mené aussi l’attaque du 9 avril toujours à Timezrit, a à son actif tous les attentats commis dans la région du sud-est de Boumerdès et dans la partie ouest de Bouira. Par ailleurs, et selon nos sources, l’attentat d’avant-hier a été dirigé par ce terroriste en personne. Il était à la tête de 30 terroristes divisés en trois groupes. Les assaillants ont placé plusieurs bombes aux abords de la route empruntée par les véhicules de l’APC et de la police. Les terroristes ont égorgé et brûlé certaines de leurs victimes, notamment deux policiers.
Des Patriotes et d’autres policiers viennent à la rescousse et contraignent les terroristes à quitter les lieux. Un terroriste sera grièvement touché lors de cet accrochage. Son corps a été retrouvé hier par les forces de sécurité avant d’être acheminé à l’hôpital de Bordj Menaïel pour être identifié.
Parmi les victimes (voir encadré) figurent deux enseignants.
Le ministre Boubekeur Benbouzid a assisté hier à l’enterrement d’un de ces enseignants et a rassuré les candidats qu’une note supérieure à 10 leur sera attribuée pour les épreuves de sciences et d’anglais. En effet, il est impossible de procéder à la correction des copies dont un grand nombre est illisible car gravement détérioré (104 sur 184 pour l’épreuve des sciences) alors que d’autres ont tout simplement disparu (64 sur 184 pour l’épreuve d’anglais). Le ministre a demandé hier que les familles des victimes soient prises en charge. Par ailleurs, les chauffeurs des véhicules de l’APC, grièvement touchés, ont été conduits à l’hôpital de Bordj Menaïel. L’un d’entre eux a été opéré hier et ses jours ne sont pas en danger, selon de sources hospitalières.