SAHARA OCCIDENTAL Le Maroc brouille la résolution 1871 Mohamed TOUATI - Jeudi 07 Mai 2009 - Page : 11
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Les autorités marocaines font la sourde oreille aux nombreux textes adoptés par le Conseil de sécurité | Il veut faire croire à qui veut l’entendre que la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU est un soutien à son projet de large autonomie.
Le cinquième round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc, qui doit se tenir très probablement à Manhasset en banlieue de New-York aux Etats Unis, sera-t-il un nouveau coup d’épée dans l’eau? Tout porte à le croire si l’on prend pour argent comptant la réaction de la diplomatie de Mohammed VI à la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies adoptée jeudi dernier. Le Conseil de sécurité a qualifié exclusivement et une fois de plus les efforts du Royaume de sérieux et crédibles, «a affirmé la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie et a réitéré l’appel à des négociations intenses et substantielles, sur la base de réalisme et de l’esprit de compromis et en tenant compte des efforts déployés par le Maroc depuis 2006», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération du Maroc rendu le samedi 2 mai. Selon toute évidence, les autorités marocaines persistent à faire la sourde oreille aux nombreux textes adoptés par le Conseil de sécurité dans le cadre du conflit du Sahara occidental. En effet, aucune nouveauté majeure n’est apparue dans la toute récente résolution adoptée par le Conseil de sécurité dans la nuit du jeudi 30 avril 2009. Elle est venue tout simplement rappeler le contenu de celle qui l’a précédée: la résolution 1813 du 30 avril 2008. Que disent en substance les deux textes? Ils appellent à une reprise des pourparlers entre les deux parties en conflit (le Front Polisario et le Maroc) sans conditions préalables. «Ces pourparlers doivent viser à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable et qui pourvoie à l’autodétermination du peuple sahraoui», a précisé dans son communiqué le Conseil de sécurité dans le sillage de son adoption de la résolution 1871. Il est quand même bien difficile de croire que la communauté internationale se serait donné autant de mal pour faire revenir à plus de raison le royaume du Maroc s’il n’y avait sur la table de négociations que sa proposition de large autonomie pour le Sahara occidental. S’asseoir autour de la même table que le représentant d’un peuple (le Front Polisario) auquel l’on attribue un déni d’existence, ne représente-t-il déjà pas en soi une contradiction, voire un paradoxe? La question du maintien du Sahara occidental dans le giron marocain sera inévitablement posée, mais uniquement dans le cadre de la tenue d’un référendum d’autodétermination. De quoi alors a peur le Maroc? Que le peuple sahraoui se prononce en faveur de son indépendance très certainement. Une option qui donne bien des cauchemars à Rabat qui demeure désespérément agrippé à la déclaration de l’ex-envoyé spécial et représentant personnel de Ban Ki-moon au Sahara occidental. Peter Van Walsum avait maladroitement estimé l’indépendance du Sahara occidental «irréaliste». Il fut mis fin à ses fonctions en août 2008 par le secrétaire général de l’ONU. Un sérieux camouflet pour les autorités marocaines qui ne jurent que par leur proposition de large autonomie qui exclut toute la tenue d’un référendum qui intégrerait l’option de l’indépendance du peuple sahraoui. L’entêtement du Maroc «qui persiste à vouloir imposer son plan d’autonomie» a soulevé les craintes du chef du gouvernement de la République sahraouie. «Malheureusement, nous pouvons affirmer aujourd’hui, en nous basant sur certains indices, notamment la persistance de la partie marocaine dans sa politique de fait colonialiste, qu’il n’y a pas d’évolution, et pis encore nous ne voyons pas la perspective de progrès.» Les entraves à la tenue d’un référendum en faveur de l’indépendance du peuple sahraoui continuent à être dénoncées et cette fois-ci encore c’est la France qui en fait les frais. «La France, membre permanent du Conseil de sécurité, poursuit son soutien inacceptable aux positions marocaines, soutien qui, depuis 33 ans, n’a mené qu’à des impasses et bloqué tout développement de perspectives de paix et d’unité au Maghreb», a dénoncé l’Association française des amis de Rasd (Aarasd). |