Le président tunisien déchu a été accueilli dans cette ville côtière d'Arabie saoudite

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Le président tunisien déchu a été accueilli dans la plus grande discrétion dans cette ville côtière d'Arabie saoudite, qui a déjà reçu plusieurs dirigeants en exil. Une étape avant un probable départ pour la Libye.Lire la suite l'article

On le croyait en France, à Malte ou encore à Dubaï. Mais c'est à Djeddah , en Arabie saoudite, que Zine El Abidine Ben Ali a posé ses valises, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, à l'issue d'une errance aérienne de plusieurs heures. Le Falcon du président tunisien déchu s'est posé aux alentours de 1h, heure française - 3h dans la péninsule arabique - à l'aéroport de cette ville de plus de trois millions d'habitants située sur les côtes de la mer Rouge , à l'ouest du pays. L'ex-dirigeant tunisien, accompagné de six membres de sa famille, aurait passé sa première nuit dans le palais du prince Sultan. Avant de prendre ses quartiers dans un ancien palais royal qui sert désormais de résidence officielle pour les invités du royaume.

Derrière un haut mur d'enceinte et sept portails, gardés en permanence par des soldats, Ben Ali et sa famille profitent du palais de marbre blanc, entouré de palmiers et de verdure. Ils disposent du personnel et des gardes du corps mis à disposition par le royaume. En échange de ces largesses, le président déchu, considéré comme un réfugié politique de luxe, mais pas comme un chef d'Etat en visite, doit rester discret. «L'Arabie saoudite ne l'autorisera pas à faire des déclarations politiques ou à s'adonner à une quelconque activité politique, ni à mener des contacts avec la Tunisie», a prévenu sur al-Arabiya Jamal Khashoqgi, un analyste proche des autorités saoudiennes.

«Un havre de paix pour dictateurs»

Une retenue qu'ont dû respecter tous les chefs d'Etats en exil accueillis par l'Arabie saoudite. A l'instar de l'ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui s'est réfugié pendant huit ans au royaume après le coup d'Etat du général Pervez Musharraf, en 2000. Arrivé à Djeddah en 1979, l'anc... lire la suite de l'article sur lefigaro.fr

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La «guest house» royale dans laquelle Ben Ali séjourne est situé dans les beaux quartiers de Djeddah.
La «guest house» royale dans laquelle Ben Ali séjourne est situé dans les beaux quartiers de Djeddah. Crédits photo : AMER HILABI/AFP

Le président tunisien déchu a été accueilli dans la plus grande discrétion dans cette ville côtière d'Arabie saoudite, qui a déjà reçu plusieurs dirigeants en exil. Une étape avant un probable départ pour la Libye.

On le croyait en France, à Malte ou encore à Dubaï. Mais c'est Ã  Djeddah, en Arabie saoudite, que Zine El Abidine Ben Ali a posé ses valises, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, à l'issue d'une errance aérienne de plusieurs heures. Le Falcon du président tunisien déchu s'est posé aux alentours de 1h, heure française - 3h dans la péninsule arabique - à l'aéroport de cette ville de plus de trois millions d'habitants située sur les côtes de la mer Rouge, à l'ouest du pays. L'ex-dirigeant tunisien, accompagné de six membres de sa famille, aurait passé sa première nuit dans le palais du prince Sultan. Avant de prendre ses quartiers dans un ancien palais royal qui sert désormais de résidence officielle pour les invités du royaume.

Derrière un haut mur d'enceinte et sept portails, gardés en permanence par des soldats, Ben Ali et sa famille profitent du palais de marbre blanc, entouré de palmiers et de verdure. Ils disposent du personnel et des gardes du corps mis à disposition par le royaume. En échange de ces largesses, le président déchu, considéré comme un réfugié politique de luxe, mais pas comme un chef d'Etat en visite, doit rester discret. «L'Arabie saoudite ne l'autorisera pas à faire des déclarations politiques ou à s'adonner à une quelconque activité politique, ni à mener des contacts avec la Tunisie», a prévenu sur al-Arabiya Jamal Khashoqgi, un analyste proche des autorités saoudiennes.

«Un havre de paix pour dictateurs»

Une retenue qu'ont dû respecter tous les chefs d'Etats en exil accueillis par l'Arabie saoudite. A l'instar de l'ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui s'est réfugié pendant huit ans au royaume après le coup d'Etat du général Pervez Musharraf, en 2000. Arrivé à Djeddah en 1979, l'ancien dictateur ougandais Idi Amin Dada a vécu jusqu'à sa mort, en 2003, dans une villa mise à sa disposition par les autorités, mais devait lui aussi faire profil bas. Avec ses cinq femmes et ses nombreux enfants, la présence du tyran africain était encombrante pour le royaume. Mais «par charité islamique et en remerciement pour son rôle dans la diffusion de l'islam», les autorités saoudiennes ont toléré sa présence.

Pour justifier l'accueil de Ben Ali, le cabinet royal saoudien assure officiellement avoir pris «en considération les circonstances exceptionnelles que traverse le peuple tunisien». En réalité, Ben Ali entretient de bonnes relations avec les membres de la famille royale saoudienne. Il connaît particulièrement bien le prince Nayef Ben Abdel Aziz, ministre de l'Intérieur depuis les années 1980, époque à laquelle Ben Ali occupait le même poste. L'héritier du trône participait notamment aux chasses organisées par Ben Ali.

Malgré cette proximité avec les autorités de Riyad, il paraît peu probable que Ben Ali prolonge son séjour en Arabie saoudite. D'abord parce que la population apprécie moyennement la présence de personnalités contestées sur son sol. Pour Mohammed al-Kahtani, un opposant à la famille royale interrogé par l'agence Reuters, l'exil de Ben Ali à Djeddah «donne un mauvais signal et accrédite l'idée que l'Arabie saoudite est un havre pour dictateurs».

D'autres commentateurs laissent entendre que la famille de Ben Ali ne réussira pas à s'adapter au rigorisme religieux en vigueur dans le royaume. A commencer par la femme du président déchu, Leïla Trabelsi, une ancienne coiffeuse habituée aux tailleurs de haute-couture et qui n'a jamais porté le voile. Selon RTL, la famille Ben Ali pourrait donc rapidement quitter Djeddah pour rejoindre la Libye du colonel Kadhafi, qui s'est déjà dit prêt à l'accueillir.

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Le nouveau gouvernement tunisien, un délicat compromis

Le gouvernement tunisien dont le Premier ministre Mohamed Ghannouchi a annoncé lundi la composition comprend plusieurs personnalités connues de l'administration du président déchu et trois dirigeants de l'opposition.Lire la suite l'article

La composition de ce gouvernement chargé de préparer une élection présidentielle dans deux mois consiste en un délicat compromis entre membres de la vieille garde et visages nouveaux, qui risque de décevoir de nombreuses personnes.

De nombreux Tunisiens ont été tués ou blessés par la police lors des manifestations contre le président Zine ben Ali grâce auxquelles ils espéraient obtenir un véritable changement dans leur pays.

Mais le Premier ministre ainsi que les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de l'Intérieur et des Finances sont restés en place, et la plupart d'entre eux appartiennent au RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) de Ben Ali.

La présence au gouvernement de trois dirigeants de l'opposition ne pèse pas lourd aux yeux de leurs partisans qui auraient souhaité qu'ils aient davantage de responsabilités.

Cependant, le gouvernement comporte des personnalités qui ont promis d'agir en indépendants.

Mohamed Jgham, ministre du Commerce et du Tourisme, a ainsi fait partie du gouvernement de Ben Ali, mais il en a par la suite été écarté. Moufida Tatli, un réalisateur de cinéma internationalement reconnu, n'était pas associé à Ben Ali. Il devient ministre de la Culture.

Le gouvernement a, par ailleurs, promis des changements.

Ghannouchi a assuré que les prisonniers politiques seraient libérés, que les partis interdits seraient autorisés à fonctionner et que les restrictions imposées par Ben Ali à la Fédération tunisienne des droits de l'homme seraient levées.

DÉCEPTION ET MÉCONTENTEMENT

Des personnes interrogées dans le centre de Tunis peu après l'annonce de la liste des ministres se sont déclarées déçues et mécontentes.

Un millier de personnes avaient déjà manifesté lundi matin avenue Bourguiba, la grande artère de la capitale, contre la composition anticipée du gouvernement. La police n'a pas réussi à les disperser malgré un recours à des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des tirs en l'air.

L'annonce de la liste a été reportée et n'est intervenue que quelques minutes avant l'entrée en vigueur du couvre-feu, empêchant les protestataires d'organiser une nouvelle manifestation.

L'ampleur de la manifestation de lundi est toutefois sans comparaison avec celles qui ont précédé la chute de Ben Ali.

Le gouvernement provisoire compte ainsi que la population mettra pour l'instant de côté son scepticisme dans l'espoir d'une certaine stabilité.

Mais si les Tunisiens jugent que leurs nouveaux dirigeants ressemblent trop à la vieille garde, les changer par leur vote pourrait être plus difficile qu'il n'y paraît. Le scrutin se tiendra en effet dans le cadre d'une Constitution taillée sur mesure pour Ben Ali.

Elle stipule notamment que quiconque brigue la présidence doit avoir dirigé un parti politique au cours des deux années précédentes.

Cette disposition avait été ajoutée pour empêcher Najib Chebbi, farouche adversaire de Ben Ali, de se présenter à l'élection présidentielle de 2009.

Chebbi avait abandonné peu auparavant la direction de sa formation. Reste à savoir si ces règles pourront être amendées au cours de 59 jours restant à courir avant la date limite pour le scrutin.

Nicole Dupont pour le service français



19/01/2011
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