Le secteur privé est de plus en plus prisé Algériens -
Hôpitaux publics : une crise de confiance Par : Brahim Mahdid
Réalité - Les Algériens sont de plus en plus nombreux à ne plus avoir confiance dans le système de santé publique.
C’est le constat amer que font de nombreux spécialistes. «Les citoyens n’ont plus confiance dans les structures de proximité. Ils n’ont plus confiance dans le secteur public dans son ensemble. Il y a des principes que l’Algérie a mis en place depuis l’indépendance : l’Etat s’occupe de la santé du citoyen, et sans payer depuis 1973 avec la médecine gratuite. C’est une très bonne chose. L’Algérie a fait de gros efforts, qui ont eu comme résultat l’allongement de l’espérance de vie qui était de 42 ans avant 1962 pour passer à 75 ans actuellement et ce, à travers des politiques de prévention qui ont abouti à l’éradication de plusieurs maladies, telles que le paludisme. Aujourd’hui, il se trouve qu’il y a un développement des Algériens en nombre, nous sommes passés à 36 000 000 d’habitants. Il y a donc une demande en qualité des soins que l’Etat doit assurer aux citoyens à travers ses hôpitaux. Le nombre de médecins est croissant. Mais ce qui est curieux, c’est que dans notre pays, qui est en pleine embellie financière avec des réserves de change jamais égalée depuis l’indépendance et avec une dépense en médicament qui a atteint 2 milliards de dollars en 2010, il y a toujours des difficultés. L’accès aux soins reste toujours difficile pour les Algériens. Les constats sont clairs, au niveau des hôpitaux, quels qu’ils soient, il y a des problèmes multiples», explique le Dr Bekkat, président du Conseil national de l’ordre des médecins algériens. Dans notre pays, après cinquante ans d’indépendance, nous avons un système de santé complètement archaïque. La gestion catastrophique des structures de santé, censées prendre en charge les Algériens quelle que soit leur classe sociale, fait que les malades les fuient de plus en plus. Pis encore, certains «préfèrent mourir» que d’aller se faire soigner dans un hôpital public. Dans ce sens, le professeur Farid Chaoui, spécialiste en gastro-entérologie a souligné, dans un entretien accordé au journal électronique La Nation, les deux systèmes de santé qui existent en Algérie. «Notre pays navigue toujours entre deux systèmes de santé. D’un côté, un système public poussé à la dérive en dépit des budgets faramineux dont il est doté chaque année. De l’autre, un secteur privé encouragé mais non encadré et dont les actes dispensés ne sont pas remboursables», explique cet éminent professeur. «Nous sommes politiquement et idéologiquement dans l’ambiguïté la plus totale et c’est très préjudiciable. On développe d’un côté un secteur public que l’on assassine par une gestion catastrophique ; de l’autre, on laisse se développer un secteur privé qui est ignoré politiquement par le ministère de la Santé et économiquement par la Sécurité sociale. Cela signifie qu’on a créé deux systèmes parallèles, l’un pour les riches, l’autre pour les pauvres», regrette-t-il.
B.M
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