LeCOURRIER D'ALGÉRIE du MERCREDI 04 MARS
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LE VERDICT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL TOMBE PLUS TÔT QUE PRÉVU
6CANDIDATS RETENUS
Prenant de vitesse tout le monde, le Conseil constitutionnel a surpris en rendant public les noms des « finalistes » quatre jours avant la date limite fixée par la loi organique portant régime électoral. Comme beaucoup d'observateurs et de médias (dont le nôtre) le prévoyaient, ce sont six candidats qui ont été retenus pour vivre les 19 jours exaltants que durera la campagne électorale, une campagne durant laquelle chacun des six finalistes oeuvrera à convaincre l'électorat à opter en faveur de son programme. Wassim Benrabah
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ÉDITORIAL
DÉCANTATION | |
Le Conseil Constitutionnel a bien plus tôt que prévu rendu son verdict, retenant six candidats au finish. Le sort en est donc jeté. Si l'on excepte deux d'entre eux, qui sont des sortes d'invités surprise dont le rôle lors de cette élection devrait surtout se borner à faire de la figuration, les quatre autres y ont largement mérité leurs places. Outre le candidat Bouteflika, qui brigue triomphalement un troisième mandat, et qui a largement les moyens d'arriver loin devant, les trois autres disposent d'assez d'énergies, d'arguments et de poids au sein de la société pour ne pas faire de la figuration, et pour avoir leur mot à dire. Sans doute, chacun exposera sa vision de la société future algérienne, critiquant au passage l'état des lieux actuels. Il faut donc espérer que la campagne électorale se déroulera dans la sérénité voulue et qu'aucun dépassement de quelque nature qu'il soit ne sera enregistré, car, à n'en point douter, c'est la démocratie, et elle seule, qui en sortira largement grandie et confortée. Elle permettra aussi de confondre tous ceux qui avaient prôné le boycott sous prétexte que les jeux étaient faits d'avance et qu'il n'était donc pas nécessaire de se lancer dans un combat perdu aussi d'avance. Si tel est le cas, et il faut bien espérer qu'aucun dépassement notable ne sera enregistré, c'est que les partisans du boycott avaient surtout peur d'un candidat bien plus fort qu'eux. Cela confirmerait au passage les attaques directes formulées par Ouyahia et pour qui les partisans du boycott nourrissent du mépris envers les populations et souhaitent en fait être adoubés à partir d'en haut plutôt que par la voie démocratique des urnes. Entre les six candidats s'établira un débat, des échanges fructueux, des polémiques, ce qui permettra sans doute à l'électeur de tirer le bon grain de l'ivraie et de faire en sorte que le meilleur gagne, cela sans que les cinq autres ne soient forcément des perdants…
MOHAMED ABDOUN
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À CONTRE CHOEUR |
ICARE ET LES BROKING WINGS
La folie des grandeurs est destructrice. Ce n'est certainement pas Icare qui contredirait l'adage. Il n'est pas toujours conseillé de grimper trop haut. Le juste milieu est toujours préférable à des évolutions en dents de scie ou bien à des chutes inattendues, mortelles, faites de trop haut. Imaginez un peu ce qu'aurait été la situation de l'Algérie si aucune précaution n'avait été prise depuis que le pétrole a perdu plus de 100 dollars par baril en l'espace de quelques semaines à peine. Imaginez surtout où en auraient été nos banques si leurs capitaux avaient été ouverts et si elles avaient été « saignées » par les magnats mondiaux de la spéculation, victimes à leur tour de la crise, et en train de bouffer l'argent des petits épargnants pour survivre… Des exemples similaires, cela court les rues. Comme par exemple ces fameux six millions d'emplois créés ou bien 1,5 million de logements construits sans que les crises du chômage et de l'habitat n'aient été réglées. J'entends par là que les pouvoirs publics sont sans doute partis d'une bonne intention. Mais ils ont quand même commis le pêché d'Icare en voyant grand, en voyant trop loin et en montant bien plus haut qu'il n'aurait fallu. Si pour le logement, je pense avoir assez tartiné sur la question hier, il est évident que l'on ne peut raisonnablement parler d'emplois créés si l'on n'a pas réussi auparavant à relancer son économie et à faire en sorte que les postes ne soient pas « temporaires », donc pires que s'ils n'existaient pas du tout ou bien liés à des conjonctures passagères, comme ces grands chantiers qui génèrent des recrutements massifs mais éphémères. A trop fixer le soleil sans cligner des yeux, on finit par devenir aveugle… |