Les clés pour comprendre l'offensive israélienne à Gaza
Les clés pour comprendre l'offensive israélienne à Gaza | Après une série de raids nocturnes, l'armée de l'air israélienne a mené de nouvelles frappes lundi sur Gaza, détruisant notamment le bureau du Premier ministre palestinien. Durée 1mn11/ AFP A lire aussi
DECRYPTAGE - Comment en est-on arrivé là , pourquoi maintenant, quel est l'objectif d'Israël... Alors qu'Israël intensifiait ses frappes sur la bande de Gaza ce lundi, 20minutes.fr fait le point sur les circonstances de cette offensive massive.
>> A lire aussi, le point sur les conséquences de cette intervention sur le plan sécuritaire et politique Comment en est-on arrivé là ? La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, a décidé de ne pas reconduire la trêve avec Israël le 19 décembre dernier. Pour plusieurs raisons: le 4 novembre, un raid israélien avait tué six membres du Hamas dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste depuis le mois de juin 2007. Les tirs de roquette dans le sud d'Israël, qui avaient plus ou moins cessé depuis quatre mois et demi, ont repris. En représailles, l'Etat hébreu a renforcé son blocus sur la bande de Gaza, aggravant la situation humanitaire. «La branche hostile à la trêve au sein du Hamas a ainsi pris le dessus», explique Alain Dieckhoff, directeur de recherche au Ceri Sciences-Po. «Le mouvement islamiste a cessé de faire barrage aux tirs de son organisation mais aussi à ceux des autres groupes palestiniens comme le Djihad islamique», confirme Dominique Thomas, chercheur à l'école des Hautes études en sciences sociales et spécialiste des mouvements islamistes. Pourquoi cette offensive maintenant? Une escalade a été observée du 23 au 24 décembre: plus de 70 engins ont été tirés en réplique à une attaque israélienne qui avait fait trois morts parmi les membres des Brigades Ezzedine al-Qassam. Or, la portée des roquettes, jusque-là limitée, a atteint ces derniers temps un rayon de 30 km, menaçant les populations dans les villes du sud d'Israël. Jouant la retenue, l'Etat hébreu a fini par riposter, le plus violemment depuis la guerre des 6 jours en 1967. «Le gouvernement israélien a d'abord voulu afficher sa patience sur la scène internationale avant de contre-attaquer, en ayant eu le temps de préparer son offensive», souligne Frédéric Encel, professeur à Sciences-Po et à l'école supérieure de gestion de Paris. Selon le spécialiste, «Israël a voulu éviter de répéter l'échec de la guerre au Liban en juillet 2006», engagée précipitamment après l'enlèvement de deux soldats israéliens. Quant au choix de la date, le gouvernement a apparemment voulu jouer la surprise, le samedi étant jour de Shabbat (repos hebdomadaire dans la religion juive). Quel est l'objectif d'Israël? Le premier objectif est de faire cesser les tirs de roquettes. Mais de l'avis de Frédéric Encel, «il ne s'agit pas d'un objectif de guerre réaliste. A la première nouvelle roquette tirée, ce qui est très facile depuis Gaza, on dira qu'Israël a perdu la partie». Selon le spécialiste, le gouvernement d'Ehud Olmert cherche surtout à affaiblir politiquement et matériellement le Hamas en lui montrant que «frapper Israël peut lui coûter très cher». De fait, le mouvement islamiste a reconnu que ses installations avaient été lourdement touchées et qu'un grand nombre de ses combattants avaient péri ou avaient été blessés. Tsahal a notamment visé les tunnels qui ont permis au Hamas, selon Israël, de s'approvisionner en armes et munitions depuis l'Egypte pendant la trêve. La mobilisation de milliers de réservistes et l'envoi de chars israéliens à la frontière présagent de l'imminence d'une ou de plusieurs incursions terrestres, «éventuellement pour sécuriser les zones de tirs de roquette», selon Dominique Thomas. Mais la perspective d'une reprise du contrôle de la bande de Gaza, évacuée à l'été 2005, semble improbable selon plusieurs spécialistes. «Cela coûterait trop cher», estime Alain Dieckhoff. Catherine Fournier |
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