Région d’Izmit, 17 août 1999. A 0 heure 1 minute et 28 secondes, un séisme d’une magnitude de 7,6 secoue violemment cette ville située à l’est de la mer de Marmara, en Turquie. En 25 secondes la faille nord-anatolienne se brise sur 150 km. Le bilan officiel est de 18.000 morts mais d’autres évaluations se montent à 45.000 victimes.
Prévenir les populations quelques dizaines de minutes avant la rupture de la faille permettrait de sauver des vies. Des sismologues français et turcs ont découvert un signal dans les nombreux enregistrements effectués en 1999 à Izmir qui pourrait permettre de sonner l’alarme.
Un signal répété pendant 44 minutes
Il existe bien sûr de signes précurseurs d’un séisme mais ces secousses peuvent le précéder de plusieurs mois ou semaines. Il est donc difficile pour les sismologues de distinguer dans tous ces signaux celui qui indique vraiment l’imminence du choc. D’où l’intérêt des travaux publiés aujourd’hui dans la revue Science par Michel Bouchon (Université Joseph Fourier, Grenoble/CNRS) et ses collègues de l’Institut de Physique du Globe (Paris), de Université de Strasbourg et du centre de recherches de Marmara, en Turquie.
Sur des enregistrements réalisés à proximité de l’épicentre du séisme d’Izmit, ils ont repéré un signal particulier qui se répète de la même façon 44 minutes avant le séisme. Cette vibration quasi continue n’est pas décelable en surface par les habitants mais serait bien la phase de préparation du séisme : le moment où s’opère le lent glissement de la faille, à une quinzaine de kilomètres de profondeur, sous une partie de la croûte terrestre qui est cassante.
Outil de prédiction
L’existence de cette phase est une hypothèse de travail ancienne qu’il est difficile de vérifier expérimentalement. Cette étude en apporte une démonstration : reste à la reproduire sur d’autres séismes pour en faire un outil fiable de prédiction à très court terme des séismes.
La faille nord-anatolienne est très active et menace la mégalopole d’Istanbul. Neuf séismes d’une magnitude d’au moins 7 se sont produits au 20ème siècle sur cette faille. Deux blocs continentaux glissent l’un contre l’autre : la plaque arabique progresse vers le nord, poussant l’Anatolie d’environ 20 mm par an vers le sud-ouest.
(CNRS/ IPGP / d'après Armijo et al. 1999)
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr
18/02/11