Disparités
La question des salaires est Ă lâorigine de la grande partie des conflits sociaux de ces derniers mois. Tel est le constat rĂ©current. En effet, lâAlgĂ©rie, plus de quatre dĂ©cennies aprĂšs son indĂ©pendance, nâa pas su bĂątir une politique salariale moins fondĂ©e sur la rente, câest-Ă -dire axĂ©e plutĂŽt sur la performance, la productivitĂ©.
Ă telle enseigne quâaujourdâhui, les disparitĂ©s se sont creusĂ©es entre Fonction publique, secteur privĂ© et secteur public industriel. Pendant quâĂ©merge une classe moyenne aux revenus plus importants reprĂ©sentĂ©e par les cadres exerçant dans les sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres implantĂ©es en AlgĂ©rie et les grands groupes privĂ©s, le secteur public industriel distribue, lui, des salaires de misĂšre Ă ses salariĂ©s, Ă la source entre autres de ses faibles performances.
Quant aux rĂ©munĂ©rations de la Fonction publique, elles ont Ă©voluĂ© de façon significative ces derniĂšres annĂ©es. Mais les enseignants universitaires, les mĂ©decins et mĂ©decins spĂ©cialistes restent sous-payĂ©s. Cette question constitue indĂ©niablement une contrainte au dĂ©veloppement de la recherche, Ă lâefficacitĂ© des systĂšmes dâenseignement, de santĂ© et une forte incitation Ă lâexode des cerveaux. Les salaires dans certains corps encouragent Ă©galement la corruption.
Ă cela sâajoute la prĂ©caritĂ© des salaires. Des millions dâAlgĂ©riens occupent des emplois temporaires dans le cadre des dispositifs dâinsertion des jeunes chĂŽmeurs, des grands chantiers ou dans lâinformel.
Tout cela fait que la grande majorité des salariés en Algérie perçoivent des revenus dits de survie leur permettant juste de couvrir le minimum des dépenses de premiÚre nécessité.
Solution : il est temps que lâĂtat repense sa politique salariale dans la Fonction publique en fonction du niveau de connaissances, du rendement et des rĂ©sultats par rapport Ă des objectifs clairs, facilement observables. Lâindexation des salaires Ă lâinflation sâimpose Ă©galement, dâautant que les mĂ©nages subissent de plein fouet les effets dâun marchĂ© dĂ©sorganisĂ© livrĂ© aux pratiques spĂ©culatives. Dans les entreprises, la performance, le sens de lâinitiative, de lâinnovation, le degrĂ© dâimplication dans les rĂ©sultats, devraient ĂȘtre les critĂšres dâapprĂ©ciation. Sans quoi, il faut dire adieu Ă la compĂ©titivitĂ©.
Au plan politique, lâĂtat devrait encourager la crĂ©ation Ă un rythme rapide des richesses et des emplois, au lieu de rester passif face aux lenteurs dans la prise de dĂ©cision et les mĂ©faits de la bureaucratie nationale.
K. R.
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