Après la Journée de l’arbre, celle des handicapés et la journée sans voiture, c’est la Journée de la femme. Oubliés le gaz de schiste, la révision de la Constitution, le modèle économique et l’affaire Khelil, le débat national s’est centré autour de questions plus fondamentales : dans quelle mesure un homme peut-il frapper sa femme ? Avec cette disposition qui a divisé les députés, quand elle dépose plainte, les poursuites seront-elles retirées si elle me pardonne ? Dans ce grand dilemme où l’Assemblée est convoquée pour codifier la violence des hommes envers les femmes, il y a de quoi désespérer car on peut juger le niveau du développement intellectuel d’une nation par le niveau des débats qui y ont cours.

Bien qu’une bonne partie des Algérien(ne)s soient pour une nation ouverte et de son siècle, une foule d’exégètes obsédés, mâles frustrés, cheikhs pédophiles, impuissants piliers de bars ou simples imbéciles de passage polluent l’espace public par des avis sur la femme. Tirée vers le bas, la société se retrouve empêchée d’émettre un avis sur d’autres débats plus sérieux – la greffe d’organes, la régionalisation, le séquençage ADN ou la conquête spatiale – poussée comme par des sangliers sur une question qui est en réalité un débat déguisé autour du sexe. Tout est pourtant déjà réglé. On n’est pas à Ibiza, une femme ne sort pas le soir, l’avortement est interdit, l’amour suspect, la copulation illégale, les bars non mixtes et le short non autorisé pour les femmes entre 2 et 92 ans.

En fait, cette crise de niveau est bien une crise de représentation entre le bas et le haut. Un président sans diplôme, des ministres voleurs, des directeurs d’école analphabètes, des imams violeurs et des juges sans jugement, les plus pervers et les plus ignorants devenant les élites de la nation, maîtres du bien et du mal. Que faire ? Il suffit d’inverser le tout. Demain j’enlève le bas.