Le mouvement risque fort de faire tache dâhuile si aucune solution ne viendra y mettre fin, estiment les Ă©lĂšves. «Nous nous sommes organisĂ©s en coordinations et nous avons multipliĂ© les contacts en vue de mobiliser lâensemble des lycĂ©es Ă travers notamment Internet.
Nous avons diffusĂ© lâinformation pour sensibiliser davantage nos camarades», rĂ©vĂšle une dĂ©lĂ©guĂ©e du lycĂ©e Mokrani II. Les assurances, la veille, du ministre de lâEducation nationale, M. Benbouzid, nâont vraisemblablement pas Ă©tĂ© entendues dâune bonne oreille par les Ă©lĂšves.
Le ministre avait rĂ©agi face Ă la montĂ©e au crĂ©neau des lycĂ©ens en promettant que «les sujets dâexamen du baccalaurĂ©at seront non seulement conformes aux nouveaux programmes, mais Ă©galement au contenu effectivement dispensĂ© au niveau national».
Les lycĂ©ens venus des quatre coins de la capitale, reprĂ©sentant une dizaine de lycĂ©es, se sont massĂ©s le temps de sâorganiser pour entamer leur marche. QuadrillĂ©s par un dispositif important des forces anti-Ă©meute, les lycĂ©ens ont jugĂ© utile de dĂ©lĂ©guer une dĂ©lĂ©gation composĂ©e de 17 membres pour des discussions au ministĂšre de lâEducation.
«Ils sont partis avec une escorte de la police exprimer nos doléances au ministre. Si jamais celui-ci ne prend pas les mesures appropriées, nous marcherons», avertissent les lycéens. Ils déclarent que tous les élÚves du secondaire soutiennent leurs camarades de terminale.
«Les programmes sont trop chargĂ©s [âŠ]. On nâa mĂȘme plus droit Ă un quelconque rĂ©pit», sâindignent-ils. «Tout ce quâils nous font subir est de lâabus», ajoutent-ils. Que rĂ©clament les Ă©lĂšves ? Nos interlocuteurs pensent que des matiĂšres complĂštes devraient ĂȘtre annulĂ©es selon les filiĂšres suivies.
«Je suis spĂ©cialisĂ©e dans les matiĂšres scientifiques, pourquoi on nous enseigne des matiĂšres sans lien avec notre spĂ©cialitĂ©, comme les sciences islamiques ou lâhistoire gĂ©ographie», sâinterroge une lycĂ©enne.
Déterminés mais mal organisés, les élÚves contestataires comptent aller vers une action nationale les 27 et 28 janvier prochain : «Nous avons reçu un écho favorable des autres wilayas, notamment à Béjaïa et à Sétif et nous tendons vers une grÚve générale dans tous les lycées du pays», assure-t-on.
«Nous allons boycotter les examens du baccalauréat», menace-t-on encore. Les pancartes brandies par les élÚves font état de programmes surchargés.
On pouvait y lire : «La surcharge en leçons nâarrange pas la rĂ©forme et diminue le taux de rĂ©ussite», ou encore, «Nos cerveaux et nos mains Ă©puisĂ©s par le nouveau programme».
Les lycĂ©ens nous annoncent que les enseignants du secondaire sont solidaires avec leur mouvement, ce qui les conforte. Ces derniers nâont pas manquĂ© de soulever les tentatives dâintimidation des services de sĂ©curitĂ© prĂ©sents en grand nombre sur place.
«Ecrivez quâils nous menacent et quâils nous intimident», nous demande Samy, Ă©lĂšve en 3e annĂ©e de lettres. En effet, les lycĂ©ens empĂȘchĂ©s dâorganiser la marche sont bousculĂ©s par les Ă©lĂ©ments anti-Ă©meute et les policiers Ă maintes reprises.
Y. M.