MARDI 01 NOVEMBRE 2011 Ce qu'a fait Bouteflika à Alger
MÉTRO, MOSQUÉE ET SIÈGE DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Ce qu'a fait Bouteflika à Alger
La Grande Mosquée d'Alger (Djamaâ Al Djazaïr) est la troisième plus grande au monde après celles de La Mecque et de Médine.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a effectué hier une visite de travail et d'inspection dans la wilaya d'Alger. Le chef de l'Etat a entamé sa visite par la pose de la première pierre du Centre international des conférences, situé à Club des Pins, à l'ouest d'Alger. Le projet, qui s'étend sur une surface totale de 270.000 m², sera réalisé avec un coût forfaitaire de 50 milliards de dinars par l'entreprise chinoise China State Construction Engineering Corporation (Cscec) et le contrôle technique sera assuré par le CTC de Tipasa. L'étude a été réalisée par une entreprise italienne Fabrice et Partenaires Architetti et le délai de réalisation a été fixé à 32 mois. Le projet, qui sera réceptionné le 30 novembre 2013, comporte un bâtiment principal, un autre de services, un auditorium, une salle de conférences, une salle polyvalente et un salon d'honneur, ainsi qu'une salle de presse et d'espaces d'exposition.
La deuxième halte du président de la République a été observée à Mohammadia à l'est d'Alger où il a procédé à la pose de la première pierre de la Grande Mosquée d'Alger (Djamaâ Al Djazaïr), la troisième plus grande au monde après celles de La Mecque et de Médine.
Ce projet pharaonique dont le site de réalisation se situe dans la commune de Mohammadia (est d'Alger), se compose de 12 bâtiments indépendants, disposés sur un terrain d'environ 20 hectares avec une surface brute de 400.000 m². Dotée d'une salle de prière d'une capacité de 120.000 fidèles, Djamaâ Al Djazaïr comprendra également une Maison du Coran de 300 places pédagogiques pour les étudiants en postgraduation, un centre culturel islamique, un centre d'exposition, une bibliothèque d'une capacité de 2000 places dotée d'un million d'ouvrages, une salle de conférences, un musée d'art et d'histoire islamiques et un centre de recherche sur l'histoire de l'Algérie. Des salles équipées de moyens multimédias, des bâtiments administratifs, un parking de 6000 places, des espaces verts ainsi que des locaux commerciaux sont prévus dans le cadre de cet ouvrage.
La réalisation de ce projet a été également confiée à l'entreprise publique chinoise Cscec, avec une offre moins-disante d'un peu plus de 100 milliards de DA soit environ 1,363 milliard de dollars pour un délai de réalisation de 48 mois. Cependant, selon plusieurs experts, la mosquée qui générerait inéluctablement des surcoûts coûtera au Trésor public une bagatelle de 3 milliards de dollars. Outre la création de quelques emplois qui seront occupés par les chercheurs universitaires, les libraires, services publics, transports, maintenance et entretien, le projet générera dans sa phase de réalisation environ 3765 emplois temporaires dont 1920 inclus locaux, peut-on lire sur la fiche technique. Le projet a fait l'objet de polémique relative à la nature du terrain choisi à cet effet qui serait situé sur des sables mouvants. La surface généreuse et sa bonne orientation vers La Mecque, la simplicité de la morphologie et la nature juridique du site constitué de biens publics sont mentionnés comme les raisons ayant motivé le choix du terrain.
Par la suite, le chef de l'Etat a passé à l'inauguration du métro d'Alger et son poste de commande centralisé ainsi que le nouveau siège du ministère des Affaires étrangères. Le métro d'Alger, faut-il le rappeler, était en construction depuis près de trois décennies dans la capitale algérienne paralysée par un trafic routier très dense. A la fin de la visite qui a vu la mise en place d'un dispositif de sécurité inhabituel et très musclé, le chef de l'Etat a pris le tout premier métro en direction de la Grande-Poste, six stations plus loin.
APRÈS DES DÉCENNIES DE RETARD
Alger se dote d’un métro
Abdelaziz Bouteflika a inauguré officiellement, hier, le «mythique» métro d’Alger, du moins un tronçon de ce mégaprojet et dont les travaux avaient été lancés en 1982 sous Chadli Bendjedid. 9,5 km de trajet effectif que les Algérois peuvent exploiter à partir d’aujourd’hui, mardi 1er novembre.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Dans un premier temps, le métro d’Alger reliera le quartier Hay El Badr (les Fusillés) à la Grande-Poste, au cœur de la capitale. Son exploitation, confiée à l’entreprise française RATP, obéira aux normes européennes. Ses capacités sont impressionnantes : 20 000 voyageurs par heure, et il sera opérationnel 7 jours sur 7, de 5h à 23h. Progressivement, d’autres tronçons de ce même métro, en cours de réalisation, seront livrés pour atteindre 40 km à l’horizon 2020. Avec des jonctions nombreuses avec des stations de tramway, ce nouveau moyen de transport permettra, à terme, d’absorber la très forte pression de la circulation automobile qui étouffe la capitale. Un joyau technologique sans conteste mais que fut difficile l’accouchement ! Des décennies de retard, des désagréments occasionnés à de nombreux quartiers d’Alger, des sommes colossales investies et, pour couronner le tout, un gigantesque scandale de corruption. Juste après l’éclatement du scandale Sonatrach en décembre 2009, les services du DRS mirent au jour une autre affaire de corruption impliquant cette fois, en février 2010, l’ancien DG du métro d’Alger. Avant les deux, c’était l’autoroute Est-Ouest qui scandalisait les Algériens par ces grosses affaires de corruption à répétition, ternissant ostensiblement le deuxième et le début du troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika. L’homme en sera tellement dépité qu’il «disparaîtra» pendant plusieurs mois, ne réapparaissant qu’en deux occasions : la première pour recevoir Zidane et la seconde pour opérer un profond remaniement gouvernemental, fin mai 2010. Bouteflika, qui avait relancé le projet du métro d’Alger dès son accession au pouvoir en 1999, axera la campagne pour sa réélection en 2004 sur ces mégaprojets, comme le million de logements, l’autoroute Est-Ouest, l’aéroport d’Alger et le métro promis pour fin 2007. Sa colère était telle, d’ailleurs, qu’il avait sommé son ministre des Transports, Amar Tou, en des termes crus, lors des auditions ramadhanesques en août dernier. «Débrouillez-vous, mais moi je veux inaugurer ce métro le 1er novembre prochain» ! Lors d’une visite sur chantier en 2003, et au responsable du projet de l’époque qui s’élancera dans des explications savantes et hautement techniques, Bouteflika répliquera sans ménagement : «Arrêtez ! Arrêtez ! Arrêtez ! Ce métro, on le fait ou on ne le fait pas ? Si on ne le fait pas, vous me le dites et je ferme boutique ! Je n’ai pas que ça à faire, moi !» C’est d’ailleurs à partir de ce jour-là que les travaux ont été réellement relancés. C’est dire aussi que ce projet était quasiment une obsession pour Bouteflika. Un peu pour se venger de l’ère Chadli, un peu pour laisser son nom dans l’Histoire, aussi. Il était par ailleurs vital pour lui de s’offrir une tournée dans la capitale, avec «des bains de foule» et des inaugurations au moment où ses homologues dans quasiment tous les pays arabes sont, qui emportés, qui confrontés à de terrifiantes fins de règne...
K. A.
|