SERVICE NATIONAL Ceux qui vont bénéficier de la carte militaire Ikram GHIOUA - Mardi 16 Juin 2009 - Page : 3
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La professionnalisation de lâANP est en marche |
ZK. YAZID |
| «Jalouse» de sa dimension populaire qui reste intimement liĂ©e Ă la lutte de LibĂ©ration, lâANP tient toujours au Service national.
Lâinstitution militaire a dĂ©cidĂ© dâaccorder la dispense Ă deux catĂ©gories dâuniversitaires: il sâagit de ceux qui ont terminĂ© leurs Ă©tudes et ont eu leurs diplĂŽmes avant lâannĂ©e 2006 et ceux qui ont abandonnĂ© les Ă©tudes avant cette mĂȘme annĂ©e. Aussi, les jeunes concernĂ©s sont invitĂ©s Ă se prĂ©senter aux bureaux de recrutement de leur rĂ©gion militaire afin de rĂ©cupĂ©rer leur dispense. Il va sans dire que cette dĂ©cision, entamĂ©e voici plusieurs semaines, fera plaisir Ă des milliers de jeunes qui attendaient ce sĂ©same, mais, elle permettra aussi de dĂ©sengorger les casernes et les centres dâinstruction en attendant la sortie de plusieurs contingents. Il sâagit en fait dâune parade trouvĂ©e par les services de lâANP pour faire face une poussĂ©e dĂ©mographique importante. Des sources militaires nous ont affirmĂ© que durant ces cinq derniĂšres annĂ©es, lâinstitution nâarrive pas Ă rĂ©pondre aux demandes des milliers de jeunes qui veulent intĂ©grer volontairement les rangs de lâArmĂ©e pour y faire carriĂšre. La professionnalisation de lâANP est-elle en marche? Tout porte Ă le croire. Selon des sources autorisĂ©es, le processus peut prendre des annĂ©es avant son aboutissement. Toutefois, il peut ĂȘtre favorisĂ© ou contrariĂ© par le climat politique et social. Aujourdâhui, la fameuse «carte jaune» qui dispense le jeune de son Service national ne reprĂ©sente plus un infranchissable obstacle pour ceux qui sont chargĂ©s de famille. Dans chaque wilaya, il existe une commission prĂ©sidĂ©e par le wali qui sâoccupe directement de ce dossier en coordination avec les services de la Gendarmerie nationale et en collaboration avec le Bureau de recrutement de la rĂ©gion militaire concernĂ©e. Les dossiers sont traitĂ©s, selon toujours les mĂȘmes sources, avec diligence et les «cartes jaunes» remises Ă ceux qui fournissent des justifications tangibles. Selon toujours nos sources, la professionnalisation de lâArmĂ©e ne doit en aucun cas prendre la forme dâune rupture: elle doit ĂȘtre progressive. Les paramĂštres de la stabilitĂ© politique et sociale sont indispensables pour une telle dĂ©marche, nous a-t-on affirmĂ©. «Jalouse» de sa dimension populaire qui reste intimement liĂ©e Ă la lutte de LibĂ©ration nationale, lâANP tient toujours au Service national. Elle est en train de rĂ©adapter le dispositif aux nouvelles conditions. Certaines informations avancent que le Service national, par ailleurs obligatoire selon la loi en vigueur, devrait disparaĂźtre Ă moyen terme. Cependant, nos sources affirment quâune telle Ă©ventualitĂ© nâest pas Ă lâordre du jour et «dire que lâobligation du Service national sera dĂ©finitivement abandonnĂ©e est encore prĂ©maturé». Le Service national a quarante ans. Depuis 1969, annĂ©e oĂč cette institution a Ă©tĂ© fondĂ©e, ce sont des millions dâAlgĂ©riens qui y sont passĂ©s sous les drapeaux pour contribuer largement Ă lâaffirmation du caractĂšre populaire de lâANP. Câest en partie grĂące Ă cette institution que le rĂ©gionalisme, un des flĂ©aux qui rongeait lâAlgĂ©rie durant la pĂ©riode postindĂ©pendance, a Ă©tĂ© anĂ©anti. De nombreux sociologues ont fait ce constat et ils lâont prouvĂ©. En plus des grands chantiers tels que le Barrage vert, la construction des villages agricoles et particuliĂšrement la «route de lâUnitĂ© africaine» oĂč le Service national a Ă©tĂ© mis Ă lâĂ©preuve, les Ă©lĂ©ments du contingent ou les «AppelĂ©s» ont contribuĂ© grandement Ă combler lâabsence ou le dĂ©ficit en encadrement civil dans les rĂ©gions isolĂ©es. Entre 1969 et 1979, des centaines de mĂ©decins et dâenseignants en tenue de combat ont investi lycĂ©es et hĂŽpitaux durant le Service national. Il y a eu aprĂšs la crise politique et le terrorisme. Ces deux facteurs ont profondĂ©ment marquĂ© cette institution dans la mesure oĂč lâANP a Ă©tĂ© obligĂ©e de sâimpliquer pour sauver la RĂ©publique de lâimplosion et du chaos. AprĂšs le retour progressif de la paix, le dĂ©bat est de nouveau recentrĂ© sur la perspective de la professionnalisation de lâArmĂ©e. AprĂšs plus dâune dĂ©cennie dâune lutte antiterroriste Ă tous les niveaux oĂč de nombreux AppelĂ©s ont Ă©tĂ© impliquĂ©s, le commandement de lâArmĂ©e nationale populaire, qui a procĂ©dĂ© Ă lâanalyse de la situation, a fini par tirer des conclusions qui ne vont pas tarder Ă changer la configuration du Service national. Tout a commencĂ© avec la rĂ©duction de la durĂ©e dâincorporation de 24 Ă 18 mois pour aboutir logiquement, vers une professionnalisation de lâANP.
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