Au lendemain de l’expédition de Khartoum, dans le climat politico-sportif que l’on sait, le Premier ministre disait aux journalistes algériens qu’ils avaient démontré leur patriotisme.
Il est, comme ça, des catégories d’Algériens qui doivent faire la preuve de leur patriotisme. En Algérie, c’est le pouvoir politique qui délivre les attestions de nationalisme. Pour se prémunir du délit de félonie, il faut s’intégrer au régime ou décrocher le statut de membre de la famille révolutionnaire. En dehors du système politico-rentier, le soupçon d’intelligence avec l’ennemi pèse constamment sur vous.
L’ère Bouteflika débute par “une réforme de la justice” qui s’est limitée à l’amendement du code pénal dans le sens d’une aggravation des peines liées aux délits de presse. Un durcissement dont Ouyahia disait plus tard qu’il visait, non à réprimer la presse mais à la “professionnaliser”. Jusqu’au début de son second mandat, le Président accablait régulièrement les journalistes de la formule de “terroristes de la plume”, une catégorie qui fait pièce, avec une affligeante équidistance, aux terroristes en arme.
Dans les années 1990, c’était avec le même sarcasme qu’ils étaient chargés du même péché de “mercenariat” par des bien-pensants en se tenant prudemment aussi éloignés du terrorisme que de la lutte contre le terrorisme. À l’époque, le mutisme, décidément caractériel, du pouvoir politique, abandonnait la presse et quelques militants politiques et de la société civile, seuls face aux assauts du “qui-tue-qui” soutenu par le contagieux raffinement intellectuel parisien.
Cet engagement, à contre-courant du libéralisme idéologique, a contribué au renforcement de la résistance populaire à l’intégrisme meurtrier mais n’a pas servi à entériner l’utilité sociopolitique d’une presse libre. Le monopole du pouvoir sur l’audiovisuel, maintenu à un âge brejnévien, est une éclatante preuve de la méfiance du régime vis-à-vis des voix de la société. Son étouffement constitue un moyen totalitaire d’empêcher l’expression médiatique de sa remise en cause.
Aujourd’hui encore, on peut observer que, devant la réalité d’un État aphone et d’une diplomatie ligotée, la prise en charge des questions qui font débat échoit immanquablement à la presse. Pour prendre des cas, parmi les plus récents, la loi française sur l’enseignement des “bienfaits de la colonisation”, l’affaire Tibhirine, la question des “blacks lists”, ou la campagne d’injures des médias égyptiens coordonnée par la dynastie Moubarak…
Les journalistes algériens n’étant pas seulement faits pour “donner une mauvaise image du pays à l’étranger”, ils sont appelés alors à suppléer au déficit d’expression de son État. Celui-ci, peut-être entravé par un trouble de fonctionnement paralysé par un déficit de délégation ou simplement désarmé par une absence de doctrine, paraît souvent impuissant à réagir aux crises qui l’interpellent.
Paradoxe de l’état d’une presse maudite pour son indélicatesse et son défaut de professionnalisme, qui se retrouve à assumer, à son corps défendant, la position nationale. Un rôle utile qui naît par défaut et exprime la défaillance de la diplomatie et de la communication officielles.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr 

Si les derbies JSK-MCA ont toujours attiré la grande foule et suscité un engouement populaire exceptionnel, il faut bien admettre que ce énième “classico” avait une saveur toute particulière dans la mesure où le Doyen est venu à Tizi Ouzou avec la ferme intention de défendre crânement son poste de leader alors que la JSK, de son côté, jouait pratiquement le match de la saison. Pour cela, la formation kabyle se devait de s’imposer à tout prix devant son éternel rival pour tenter de remporter comme de coutume une nouvelle bataille de prestige et surtout de rejoindre l’adversaire du jour en tête du classement pour aspirer à la course au titre national. Conscients de l’enjeu, les deux formations en présence avaient d’ailleurs fait reposer leurs meilleurs éléments vendredi dernier en 16es de finale de la Coupe d’Algérie face aux deux modestes équipes de l’AS Protection civile d’Alger pour la JSK et Aïn Merane pour le MCA, et ce fut en toute logique que les Kabyles et les Mouloudéens ont présenté hier après-midi leurs équipes types, et ce, pour négocier ce virage important de la saison. Le décor ayant été bien planté au stade du 1er-Novembre où les supporters des deux camps n’ont pas lésiné sur les moyens pour donner de la voix et soutenir littéralement leurs équipes favorites, ce somptueux JSK-MCA a donné lieu à un duel acharné et attrayant comme le veut la tradition.
Dès le début de l’empoignade, la JSK met la grosse pression dans le camp algérois et faillit ouvrir précocement le score puisque à la 8’ de jeu, Aoudia profite judicieusement d’un coup franc de Meftah pour placer une tête puissante que Zemmamouche détourna au prix d’un réflexe inouï.
Sur le corner qui s’en suivi, Meftah, bien embusqué au second poteau, place une autre puissante tête sur le petit filet. Le Mouloudia résiste mais la JSK ne desserre pas l’étau. Sur deux autres corners de Meftah, le longiligne Belkalem reprenait de la tête au-dessus de la transversale (13’), alors que
coulibaly faillit faire mouche d’une autre reprise de la tête, mais ce diable de Zemmamouche étale toute sa classe au prix d’une manchette spectaculaire à ras du poteau (20’).
Le MC Alger joue quelque peu la prudence et opère par des contres très rapides, mais il aura fallu attendre presque la demi-heure de jeu pour voir Bougueche inquiéter Hedjaoui sur un coup franc bien enveloppé que le gardien kabyle maîtrisa difficilement (29’).
Malgré cette première alerte mouloudeenne, les Canaris ne lâchent pas prise et faillirent trouver le chemin des filets peu avant la pause, lorsque Meftah, bien placé à l’intérieur de la surface de réparation, adresse un tir canon que l’inévitable Zemmamouche renvoie courageusement des deux poings (40’). Après la pause, le leader affiche un peu plus d’ambition offensive et Bougueche faillit tromper la vigilance de Hedjaoui d’une tête décroisée sur un centre de Boumechra (49’). La JSK laisse passer l’orage et repart de plus belle. Sur un autre corner de Meftah, Belkalem reprend encore de la tête au-dessus (50’), alors que le même Meftah s’illustre encore sur un tir à ras de terre sur lequel le gardien Zemmamouche se couche énergiquement (51’).
On a failli assister au coup de théâtre parfait à l’heure de jeu lorsque Hedjaoui ratait sa sortie et Bougueche faillit ouvrir le score d’une pichenette au-dessus de la transversale. Et si la JSK l’avait échappé bel sur cette action, en revanche elle faillit trouver le chemin des buts sur une “bicyclette” de Yahia Chérif bien captée par Zemmamouche (64’).
La bataille fait rage au milieu du terrain, et le Mouloudia procède à deux changements d’attaque Attafene à la place de Mokdad (75’) et Amroun à la place de Derrag, alors que du côté kabyle, Nefakh remplaçait Yahia Chérif. Et ce fut d’ailleurs ce même Nefakh qui ratait la balle du match à 83’ de jeu lorsqu’il se présentait seul face aux buts algérois pour buter lamentablement contre le gardien Zemmamouche (84’).
Malgré un dernier sursaut kabyle, le MCA réussit à préserver le point du nul et à conforter sa place de leader.