De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
La crise qui a secoué le complexe sidérurgique d'El Hadjar, et dont les conséquences sur la production sont plus que désastreuses, a connu, hier, son dénouement suite à une réunion ayant regroupé le syndicat d'entreprise et la direction de l'usine. En effet, les négociations entre les deux parties, qui ont duré près de douze heures, ont fini par aboutir à une solution intermédiaire qui a satisfait les uns et les autres. Ainsi, les 560 ouvriers mis à disposition par les entreprises sous-traitantes seront tous recrutés et bénéficieront des mêmes salaires et avantages que leurs pairs travaillant pour ArcelorMittal et ce, d'ici 2012. Le principe de recrutement étant acquis et effectif, 200 parmi ces derniers seront intégrés dans les personnels du complexe dans l'immédiat, 250 autres le seront en juin 2011 et le reste, plus d'une centaine, sera pris en charge en 2012. C'est ce qui ressort du P-V de réunion signé par le syndicat et l'employeur, hier. Tout est finalement rentré dans l'ordre, les ouvriers grévistes ayant libéré les aciéries et les installations pour rejoindre leurs postes de travail.Cette décision est venue suite à une action de protestation des 560 travailleurs des entreprises sous-traitantes qui avaient occupé et bloqué les accès des deux aciéries et toutes les installations en aval pour arrêter la production. Cela avait commencé mercredi passé avec un rassemblement de près d'une centaine de ces intérimaires, rejoints par leurs camarades pour réclamer leur transfert au profit du complexe sidérurgique. La production bloquée, l'employeur ne pouvant plus honorer les commandes passées, le buisines plan sérieusement compromis et le haut-fourneau menacé, la situation commençait à empirer. La direction était intervenue pour proposer, dans un premier temps, le recrutement dans l'immédiat de 100 travailleurs parmi les protestataires, avec la possibilité d'intégration du reste au fur et à mesure que les besoins s'exprimeront avec les nombreux départs à la retraite prévus en 2011 et 2012. Cela n'avait pas satisfait les protestataires dont les rangs avaient entre-temps grossi, paralysant complètement l'usine dont les installations étaient à l'arrêt. Le syndicat, qui a soutenu cette action depuis le début, a porté les revendications des travailleurs sur la table des négociations pour amener l'employeur à revoir ses propositions. Cela a finalement abouti et les travailleurs, plus ou moins satisfaits, ont rejoint leurs postes de travail.Sur un autre plan, dans une lettre ouverte adressée au président de la République, le syndicat ArcelorMittal d'El Hadjar adresse un véritable SOS au premier responsable du pays pour lui demander d'intervenir afin de sauver le complexe sidérurgique, en soutenant l'investissement visant à la rénovation et au renouvellement des installations vétustes.«L'investissement tarde à venir, la cokerie et la tuberie sans soudure (TSS) sont à l'arrêt depuis une année. Le haut-fourneau n°2 et l'agglomération sont en fin de campagne. Les aciéries et les laminoirs vétustes éprouvent énormément de difficultés à rester en cycle de production sans compter, par-dessus tout, la perte de plusieurs centaines d'emploi. Aujourd'hui, notre usine est presque à l'arrêt. Elle est agonisante», est-il souligné dans le document. L'appel lancé au premier responsable du pays, outre le fait qu'il insiste sur le manque de visibilité concernant l'avenir du complexe sidérurgique au vu du plan d'investissement 2010-2014 qui n'arrive pas à démarrer, qualifie les ouvriers de l'usine de sinistrés puisque aucune perspective d'avenir ne leur est offerte et ceux-ci pourraient recourir à d'autres formes de lutte y compris «suicidaires».