Moi, Président de la République

« Moi, Président de la République Â»

ou

comment François Hollande a gagné le débat

Hier avait lieu le débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Le débat a été globalement de très bon niveau. Sarkozy a joué au sniper du programme de François Hollande évitant ainsi de présenter ses idées quand Hollande a joué la contre-attaque en répondant à fleurets mouchetés à chacune de ses sorties. Ainsi il a parlé de son projet et a cantonné Nicolas Sarkozy à son bilan. J’ai espéré longtemps voir Nicolas Sarkozy présenter son programme pour les 5 prochaines années mais celui-ci après avoir tant tardé à se présenter ne l’a toujours pas fait. A croire que sa candidature était une candidature anti-Hollande, déjà dans l’opposition. Quant à François Hollande, il a gagné le débat et conforté son statut de favori pour le vote de dimanche. La réponse qu’il apporte quand on lui demande quel candidat il compte être a fait basculé le débat. Répétant 15 fois l’anaphore « Moi Président de la République Â» comme Barack Obama en 2008 répétait « I, president Â» pour donner corps à la fonction à laquelle il postule, François Hollande a réduit les derniers espoirs de Nicolas Sarkozy à néants.

« Moi, président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée.

Moi, président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.

Moi, président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fond pour mon propre parti dans un hôtel parisien.

Moi, président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerai pas les membres du parquet alors que l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature n’a pas été dans ce sens.

Moi, président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les présidents des chaînes publiques, je laisserai ça à des instances indépendantes.

Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire.

Moi, président de la République, j’aurai aussi à cÅ“ur de ne pas avoir de statut pénal du chef de l’Etat, je le ferai réformer de façon à ce que si des actes antérieures à ma prise de fonction venaient à être contestés je puisse dans certaines conditions me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un certain nombre d’instances.

Moi, président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d’hommes.

Moi, président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêt.

Moi, président de la République, les ministres ne pourraient pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à leurs tâches.

Moi, président de la République, je ferai un acte de décentralisation parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.

Moi, président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérésaussi bien les organisations professionnelles que les syndicats et que nous puissions avoir régulièrement des discussions pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation

Moi, président de la République, j’engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l’énergie. Et il est légitime qu’il puisse y avoir sur ces thèmes là de grands débats.

Moi, président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives pour celles de 2017 car je pense qu’il est bon que l’ensemble des sensibilités politiques soient représentées

Moi, président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions mais en même temps je ne m’occuperai pas de tout et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français Â»

Vous pouvez aussi le visionner en vidéo.


Quel président comptez-vous être ? par francoishollande

Cette tirade arrivant aux 2/3 du débat a été un véritable uppercut dans les foyers assoupis par les séquences précédentes. Le débat sur l’économie avait laissé l’impression d’être confus où chacun s’était évertué à contredire l’autre quitte à l’interrompre et à faire perdre le fil des téléspectateurs. Cette séquence « moi président de la république Â»  tranche. Pendant 3 minutes, seul Hollande parle, Nicolas Sarkozy est aux abonnés absents. On ne l’entend pas. On l’aperçoit à peine dans un cadrage large où il est reculé pour ne pas dire acculé sur sa chaise prenant coup sur coup. A la fin de la tirade, Nicolas Sarkozy ne reprendra plus la main sur le débat. Il n’est pas débile. Il a compris que le candidat de la Gauche venait de dépeindre en creux une présidence peu enviable : la sienne. Il n’avait plus qu’à tenter de se défendre. Laborieusement.

Pendant des jours, l’UMP a réclamé à cors et à cris 3 débats entre Sarkozy et Hollande. Au vu du débat d’hier, j’aurais l’audace de dire que oui. Voir François Hollande maîtriser Nicolas Sarkozy avait un côté assez jouissif pour moi qui combat sa politique depuis si longtemps. On craignait François Hollande mou, écrasé par le bulldozer Nicolas Sarkozy, la bête médiatique qui avait conforté ainsi sa victoire de 2007. Mais voilà. Sarkozy a rendu les armes. Pour reprendre une image de jeu vidéo, nous avons assisté à un véritable combo. On n’avait qu’une seule envie comme dans Mortal Kombat, un jeu vidéo à succès : voir apparaître sur nos écrans le fameux « Finish him« .

Lexpress.fr


03/05/2012
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