Niger: Les cinq Français enlevés «par un groupe armé»
Niger: Les cinq Français enlevés «par un groupe armé»
29 commentairesMONDE - Ils travaillaient pour Areva et une filiale de Vinci...
Sept salariés des entreprises françaises Areva et Sogea-Satom (filiale du groupe Vinci) ont été enlevés dans la nuit de mercredi à ce jeudi dans le nord du Niger. Parmi elles, cinq Français, a admis le ministère français des Affaires étrangères, confirmant une information du monde.fr. Les deux autres membres du groupe sont un Malgache et un Togolais.
Les auteurs de l'enlèvement n'ont pas été identifiés, a indiqué Nicolas Sarkozy, qui a annoncé la réunion ce jeudi soir à Paris d'un conseil restreint de Défense sur ce dossier. L'enlèvement, qui a eu lieu près des mines d'uranium, dans la région d'Arlit (près de 1.000 km au nord de Niamey), n'a pas été revendiqué, a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay, interrogé sur une information de source sécuritaire nigérienne selon laquelle les assaillants seraient probablement des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou des bandits qui revendent ensuite leurs otages aux jihadistes.
Un groupe armé de sept à une trentaine de personnes
Le gouvernement nigérien ne semble pas en savoir plus. Les sept personnes auraient été enlevées «par un groupe armé» formé de sept à une trentaine de personnes, a indiqué Laouali Dan Dah, porte-parole du gouvernement. Les membres du groupe étaient à bord d'au moins deux véhicules et «parlaient majoritairement arabe et souvent tamachek», langue des touaregs vivant dans la région, a-t-il précisé. «Après leur forfait, ils ont pris la direction d'Inabangaret» (près de la frontière avec l'Algérie et le Mali), a-t-il ajouté.
«Un certain nombre de dispositions ont été prises, aussi bien militaires que policières, pour rapidement rechercher les victimes ainsi que les auteurs de l'enlèvement sans pour autant compromettre la vie des otages», a également déclaré Laouali Dan Dah. Les pays voisins ont été «informés» de façon à «conjuguer les efforts», a-t-il souligné.
Un «logisticien» nigérien qui faisait partie des personnes enlevées «a été, selon ses propres déclarations, relâché à une quarantaine de kilomètres d'Arlit» et est actuellement entendu par les services de sécurité, a ajouté Laouali Dan Dah.
Les sept personnes sorties sans escorte?
Selon une autre source sécuritaire nigérienne, deux couples de Français figurent parmi les otages. L'enlèvement a eu lieu «entre 2h et 5h du matin», a-t-on précisé. Les sept personnes étaient «sorties sans escorte et ont été surprises par un groupe de ravisseurs enturbannés, venus à bord de cinq pick-up», selon la même source.
Areva, qui exploite des mines d'uranium au Niger, a précisé dans ce sens qu'un de ses salariés avait été kidnappé avec son épouse «dans leur habitation d'Arlit». Tous les deux sont Français, selon un porte-parole du groupe. Le groupe a également pris des mesures immédiates pour renforcer la sécurité de ses employés dans le pays, a annoncé l'entreprise jeudi après-midi.
Enlevés par Aqmi?
«Les assaillants seraient probablement des éléments d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi)» ou des bandits qui revendent leurs otages aux jihadistes, a déclaré une source sécuritaire au Niger à l'AFP. Avant la confirmation des sociétés, le «possible enlèvement» d'un groupe de personnes, dont des Français, avait été évoqué par le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, indiquant que Paris s'efforce de vérifier cette information.
Areva avait annoncé le 27 juillet le renforcement de sa vigilance au Niger où il exploite deux gisements d'uranium et emploie près de 2.500 personnes dont une cinquantaine de Français, après la mort de Michel Germaneau.
Le Sahel, une vaste zone de trafics
TERRORISME - le point sur la région dans laquelle des Français ont été enlevés...
C'est une zone grande comme quatre à cinq fois la France. Une zone désertique où les États sont faibles, les frontières poreuses et où prospèrent de nombreux trafics (armes, drogues, etc.). Les prises d'otages y sont fréquentes. Et, depuis 2009, exclusivement le fait d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Jusqu'à présent néanmoins jamais AQMI n'avait visé les personnels d'entreprises étrangères telles qu'Areva et Satom (une filiale de Vinci). «En l'absence de revendications, il reste donc probable que la guérilla touarègue nigérienne soit à l'origine du rapt», souligne Jean-Fraçois Daguzan, de la Fondation pour la recherche stratégique.
La menace terroriste contre les intérêts français est forte
Mais l'hypothèse AQMI repose notamment sur ses menaces répétées à l'encontre de la France aux lendemains de l'exécution de Michel Germaneau, en juillet dernier. La «menace s'est réellement renforcée ces derniers jours et ces dernières heures», a reconnu ce jeudi le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. A l'origine de la colère d'AQMI un raid mené conjointement par Nouakchott et Paris sur un camp djihadiste au Mali. Repoussée par les gouvernements marocains et algériens, AQMI a trouvé dans la bande sahélienne une aire de repli inespérée et n'entend sans doute pas s'en voir déloger si facilement.
L'organisation djihadiste ne compterait dans la région qu'une centaine de combattants extrêmement mobiles et répartis en deux katibas répondant aux ordres de Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeïd, selon Mathieu Guidère, expert en terrorisme islamiste et auteur des Nouveaux terroristes (Éditions Autrement), mais, à la faveur de complicités locales, elle a réussi à mettre en place une industrie du kidnapping aussi lucrative que porteuse médiatiquement. Si elle est effectivement à l'origine de l'enlèvement d'Arlit, qui vise un intérêt majeur de la France dans la région, elle aura encore fait monter la menace d'un cran.